Chongqing – La modernisation galopante

Après notre rapide croisière sur le Yangzi, voici venu notre premier arrêt dans une « grosse » ville chinoise : Chongqing (重庆市), 7 millions d’habitants dans l’agglomération, 30 millions dans l’ensemble de la petite province ! Malgré sa taille tentaculaire, cette ville au riche passé est supposée être l’une des plus agréables de Chine : allons vérifier par nous-mêmes 🙂

Chongqing dispose d’une position géographique particulièrement intéressante : le cœur de la ville est en réalité une péninsule très escarpée (on a encore les jambes lourdes d’avoir crapahuté dans les ruelles en escalier !), presque complètement entourée par 2 deux branches du Yangzi. On comprend ainsi aisément pourquoi cette ville fut de tous temps un enjeu stratégique, depuis l’époque des Trois Royaumes jusqu’au XXème siècle, où le Guomintang établit sa capitale de guerre. Point de passage obligé vers le sud-ouest de la Chine actuelle, ses remparts en faisaient un lieu particulièrement bien défendu.

Chongqing rive

Vue sur le Yangzi depuis le centre-ville

 

Chongqing plan

Schéma de la péninsule de Chongqing

 

Chongqing remparts

Remparts Ouest rénovés

 

Aujourd’hui, Chongqing connaît un nouvel élan – économique cette fois – pour les mêmes raisons géopolitiques. Conséquence directe : la ville semble en chantier permanent, de nouvelles constructions émergeant de terre à un rythme effréné. Selon nous, le constat est malheureusement plutôt mitigé…

Tout d’abord, cette transformation que certains pourraient qualifier de brutale se fait souvent au détriment des vestiges du passé. Preuve en est : tous les sites historiques du centre sont rasés ou fortement remodelés pour laisser place à des tours d’immeubles (Temple des Arhats, maisons sur pilotis, etc.). Comble de malchance pour nous, même les bâtiments moins impactés comme le Siège de la Guilde de Huguang sont… fermés temporairement pour rénovation, bloquant les étroits passages piétons des quartiers historiques !

Chongqing temple

Temple des Arhats… au bord du gouffre !

 

Chongqing pilotis

L’une des dernières maisons traditionnelles

 

Ensuite, cette mutation a donné naissance à une modernité quelque peu aseptisée. On ne peut s’empêcher de penser que le nouveau centre-ville, certes agréable à parcourir à pied, est une copie conforme de nombreuses autres villes chinoises, avec ses joailleries de luxe, boutiques de prêt-à-porter occidentales et autres franchises de cafés ou fast-food américains. D’aucuns pourraient même croire que, dans leur volonté d’urbanisation si rapide, les architectes de Chongqing se soient (fortement) inspirés d’autres villes asiatiques pour le design de leurs gratte-ciels…

Chongqing gratte-ciels

Inspiration de Kuala Lumpur ? Tapei ? Hong Kong ? Singapour ?

 

Chongqing Bruxelles

Voire même Bruxelles ?!?

 

Néanmoins, quelques sites conservent un intérêt notable. Par exemple, le quartier de Ciqikou (磁器口) nous a vraiment bien plu. On peut là encore regretter la « disneylandisation » de la rénovation, mais le site donne lieu à une agréable balade. Fortement fréquentée le week-end, y compris par les locaux, Ciqikou nous rappelle un peu Montmartre par certains côtés.

Chongqing Ciqikou

Rue principale de Ciqikou

 

Chongqing nain

Nain emblématique du quartier de Ciqikou

 

Autre lieu valant le détour : le Musée des Trois Gorges, particulièrement intéressant à parcourir après sur la croisière sur le Yangzi et un premier aperçu de la ville.

Chongqing frise

Scène de guerre en frise

 

Enfin, autre attrait non négligeable de Chongqing : sa gastronomie spécifique incluant de nombreuses spécialités pimentées comme la  fondue (yummy !). Un premier pas en presque en douceur dans la cuisine épicée de l’ouest de la Chine, avant d’arriver dans le Sichuan !

Chongqing bière

La bière locale

 

Chongqing fondue

Plat typique : la fondue au piment !

 

Chongqing lapin

Des trucs bizarres (on n’a pas testé…)

 

Finalement, le bilan de ces 3 jours à Chongqing est indéniablement positif. Si certains aspects de la transformation en cours nous ont parfois laissés dépités, la ville reste relativement agréable à parcourir à pied et constitue une étape très intéressante par ce qu’elle a de représentative de la Chine moderne en transition.

Chongqing chat

Deux dragons et un chat imitant les dragons

Plus de photos ? C’est par ici

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Infos pratiques

Quitter Chongqing : de nombreux trains, par exemple à destination de Chengdu, partent de la gare du nord (重庆北站). Attention : le métro ne dessert que la gare du nord parvis sud (南广场), alors que de nombreux trains partent du parvis nord (南广场). Pour le rejoindre, prenez le bus 663 (10 minutes, 2 RMB). Une nouvelle station de métro serait en construction pour desservir la partie nord.

Hôtel : Yangtze River Hotel au nord-est de la péninsule (centre historique). Aussi appelé « Travelling With », situé juste à côté du pont, près de la Porte de l’Est (Dongshuimen). Agréable et plutôt bien situé, 30 RMB la nuit en dortoir 6 personnes.

 

4 réflexions au sujet de « Chongqing – La modernisation galopante »

  1. On a mange la meme fondue ce week-3nd a Shenzhen (apres avoir demande « little spicy »), on n’a pas ete decus ! Article tres interessant sur ces mega-villes en transition, ca donne envie d’y jeter un oeil 🙂

  2. Très bel article. Intéressant.
    Pékin ( 北京) a déjà connu la destruction de quartiers historiques pour permettre la préparation lors des jeux olympiques de 2008.
    Pas simple de porter un jugement.
    Si nos grands voyageurs Daphné et Jeremy se trouvaient téléportés dans le Paris du milieu du 19 eme siècle ils verraient un Paris qui date du Moyen Age avec des ruelles insalubres et malodorantes. Ils verraient la destruction de quartiers historiques pour la mise en place de l’urbanisation du Baron Haussmann.
    En France, de nombreuse villes dont Paris (http://paris1900.lartnouveau.com/cartes_postales_anciennes/les_halles_de_paris.htm) ont fait supprimer de anciennes halles. Maintenant ce qu’il en reste s’appelle l’art industriel et est précieusement conservé et rénové (quartier des Machines de l’Ile à Nantes). Même le formica redevient tendance ! 🙂
    Les Chinois apprennent ils de l’histoire pour conserver un patrimoine historique qui vaudra de l’or en terme de tourisme ?
    Il semble qu’ils ont quand même conservé certains quartiers tel que celui de Ciqikou.
    Jeremy et Daphné, vous qui avez vu Pékin, est ce qu’il reste des quartiers historiques en dehors de la Cité Interdite ?

    1. Merci pour ce retour ! Certes difficile de porter un jugement, nous essayons de nous contenter de constater les changements. On peut néanmoins noter une différence d’approche majeure dans la notion de conservation de patrimoine : souvent ici, il semble que les vestiges soient soit rasés, soit restaurés à l’extrême ce qui les dénature. Autre éléments d’éclairage que nous avons appris depuis, Chongqing a été la capitale temporaire pendant la 2nde guerre mondiale et fut l’une des villes les plus sévèrement touchée par les bombardements japonais, ce qui explique aussi le peu de quartiers anciens.
      Beijing conserve un certain nombre de quartiers traditionnels de hutongs, avec leurs maisons à cour carré, et il semble que de fervents défenseurs de ce patrimoine œuvrent pour leur préservation contre les promoteurs immobiliers toujours plus gourmands.

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