Christchurch – Une occasion (presque) manquée

Il s’en sera fallu de peu pour que nous ne mettions jamais les pieds à Christchurch, deuxième ville la plus importante du pays et « capitale » du Sud ! Ravagée par les dramatiques séismes de 2010 et 2011, la colonie-modèle anglaise se remet lentement et difficilement de cette rude épreuve, qui l’a marquée dans sa chair et celle de ses habitants… De Christchurch, nous n’avions vu que l’aéroport et les magasins d’équipement de camping de périphérie lors de notre premier passage-éclair vers Oamaru et Dunedin. Cette fois encore, après un peu plus de deux semaines de road-trip où la nature nous a tant gâtés, nous traînons un peu les pieds. Un centre-ville ravagé (dit-on), une météo extrêmement maussade, une route coupée vers Kaikoura et notre itinéraire nord… La motivation est faible, on hésite à y aller, et on se dit finalement que c’est dommage, et la chance d’une belle rencontre nous sourit soudain : c’est parti, let’s go to Canterbury !

 

Christchurch

Il est des villes qui ne devraient être entrevues que sous le soleil. La première impression rétinienne que nous propose Christchurch est pour le moins mitigée : réveil pluvieux dans un camping détrempé, arrivée laborieuse en centre-ville, difficulté à se garer à cause de travaux omniprésents… Dans le genre destination touristique de rêve, on a vu mieux 😉

Nous débarquons sur le parvis de la cathédrale, dont le beffroi s’est effondré il y a 6 ans lors du tremblement de terre. Le trou est toujours béant et des responsables locaux parlent de tout démolir : quel dommage, alors que nous sommes convaincus que le site a un potentiel phénoménal pour rebâtir partiellement dans un mélange architectural neuf-ancien ! Heureusement, d’autres initiatives ont été entreprises pour redonner un peu de vie et d’âme à ces lieux. Re:start est un nouveau quartier commerçant où les boutiques sont hébergées dans des conteneurs (!), au milieu de sculptures d’art contemporain. Gap Filler, une association de jeunes entrepreneurs « bouche les trous » dus aux séismes de manière pragmatique et inventive, par exemple au « Pavillon de palettes » fait en objets de récupération divers et variés.

La Cathédrale… enfin ce qu’il en reste… pour l’instant 🙁

 

Re:start, un nouveau quartier commerçant innovant !

 

Joli tramway

 

Quelques constructions victoriennes ont tout de même survécu : c’est le cas du Centre des Arts, dont la rénovation est bien avancée et s’étalera encore sur quelques années. Ancien Collège de Canterbury, cette école à l’anglaise (qui pourrait tout à fait figurer dans Harry Potter !) a accueilli dans ses rangs l’un des plus grands physiciens de l’histoire : Ernest Rutherford, le premier à avoir réussi la fission de l’atome au début du XXème siècle, dont le portrait illustre désormais les billets de 100 dollars néo-zélandais ! Le Musée de Canterbury tout proche présente également une collection variée et stimulant : reproduction d’une rue commerçante type XIXème siècle, des squelettes de moa (sorte de grosse autruche aujourd’hui disparue à cause de la sur-chasse), sculptures maoris en bois et coques de paua (coquillage), premiers pas de l’exploration polaire arctique, exposition temporaire sur Air New Zealand… Très intéressant !

Le reste de de la ville et ses jardins botaniques nous marque moins, et nous fuyons cette cité en transition vers la périphérie et le village de Lyttelton. Ce petit port, avec ses rues très en pente et ses belles maisons sur la colline, pourrait avoir un petit air de San Francisco. Las, il n’y a aucune activité dans le petit bourg, les panneaux décrivant les rares édifices historiques disparus sont en piteux état, et la vue constante du port industriel dans la brume donne un aspect peu charmant… Peu convaincus et humides, nous rejoignons la maison de nos hôtes Jan et Rebeka, un couple de Slovènes rencontrés via Couchsurfing. Après quelques échanges rapides, nous convenons de cuisiner et de passer la soirée ensemble le lendemain, qui s’annonce ainsi déjà plus excitant !

Le Centre des Arts, dans un style typiquement « British College »

 

Sculptures maoris aux pouvoirs sacrés

 

Lyttelton, peu engageant par temps peu clément

 

Akaroa et Banks Peninsula

A environ 80 kms de Christchurch, la Péninsule Banks est une attraction touristique de premier choix. Formée lors de deux éruptions volcaniques successives il y a 8 millions d’années, cette côte très pittoresque présente la forme originale vue du ciel d’une roue dentée, la mer remplissant chaque « creux » en autant de baies ! Le soleil est de retour, et la Route des Crêtes qui y mène est comme le décrit notre guide de voyage « absurdement belle » 😉

Attirés par ces couleurs incroyables – mer turquoise, ciel bleu, pâturages verts et collines jaunes tirant sur l’ocre – nous arrivons à Akaroa, au centre de la péninsule. Signifiant « long port » en maori, Akaroa est un village qui fut créé il y a 150 ans par des colons français, mais fut très vite revendiquée et récupérée par des Anglais opportunistes. Résultat : se côtoient dans cette mignonne bourgade des boulangeries bien de chez nous avec des vendeurs de fish & chips 🙂

La balade le long du port de plaisance naturel, créé par l’eau de mer s’engouffrant dans la rade la plus longue jusqu’au milieu du cratère de l’ancien volcan, est splendide. Nous ne sommes d’humeur ni à sauter dans une croisière pour observer la faune locale, ni à nous enfermer dans un musée, donc nous profitons des extérieurs ensoleillés que nous offre Akaroa. Nous rentrons vers Christchurch par une route indirecte, via laquelle nous explorons plusieurs criques successives : Pigeon Bay, Port Levy, Diamond Harbour, Governors Bay. La galère de la route non bitumée est insignifiante au regard de la beauté du paysage.

On ne se lasse pas de ces vues du cratère inondé !

 

Il y a encore des nostalgiques à Akaroa…

 

Ponton & petit port de plaisance

 

Les pâturages de la Péninsule Banks, la vie rêvée de mouton !

 

L’après-midi avançant, nous filons au supermarché pour remplir le coffre de victuailles en prévision du dîner du soir. Nous y croisons par hasard Jan et Rebeka, le caddie plein : nous commençons à anticiper avec plaisir le festin qui s’annonce. Deux heures plus tard, nous nous attablons devant un repas-fusion où se mêle des steaks de paua (abalone) typiquement kiwi et du poisson passés au barbecue, un gratin de pommes de terre accompagné d’une salade et de petits légumes, et un cake à la banane pour couronner le tout – sans oublier le vin, néo-zélandais évidemment ! Et oui, utiliser un combo four-grill-barbecue est une occasion unique que nous ne laissons pas passer 😉

Nous passons une super soirée à discuter d’expatriation et de voyages, de gastronomie et de sport, de tout et de rien, nous découvrant progressivement de nombreux points communs avec nos nouveaux amis slovènes ! Nous sommes finalement ravis de cette étape, et cette dernière soirée est une belle apothéose… même si nous ne projetterions sans doute pas de nous installer à Christchurch pour le moment ! 😉

Avec Jan et Rebeka, nos sympathiques hôtes !

 

Plus de photos de Christchurch & Akaroa, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Trajet :

  • De Arthur’s Pass à Christchurch : environ 150 kms et 2 heures de route à travers les montagnes, puis les plaines de Canterbury
  • De Christchurch à Akaroa : 80 kms de route quand même ! Compter seulement 1h20 par la route la plus directe, mais la route des crêtes est beaucoup plus impressionnante par temps clair ! Nombreux points de vue magnifiques sur Akaroa, mais attention aux virages serrés…

Hébergement :

  • Chamberlains Ford Recretion Reserve : camping gratuit sur la commune de Lincoln. Longue allée avec emplacements dans l’herbe de chaque côté, coincée entre la rivière et une rangée de grands arbres. Equipements plutôt bons : abri, barbecue, toilettes sèches, point d’eau… A seulement 30 kms et 35 minutes de Christchurch.

Activités :

  • Cathedral Square et environs : centre-ville à voir pour se rendre compte du désastre post-séisme, même 6 ans après !
  • Art Centre : coup d’œil rapide aux bâtiments de l’ancien Collège de Canterbury (dont chapelle), qui méritent que l’on s’y arrête quelques minutes
  • Musée de Canterbury : gratuit et regorgeant d’expositions permanentes et temporaires, riches et variées : sculptures maoris, momie, os de dinosaures, bureau de taxidermiste, rue du XIXème siècle, reproduction d’une maison en paua shells, etc. Immanquable !
  • Jardins Botaniques : de style anglais, cela ne nous laissera pas un souvenir impérissable, en partie dû au mauvais temps. Joli parterre de roses tout de même
  • Lyttelton : sans doute plus charmant sous le soleil, mais nous ne recommandons pas si la visibilité est réduite ou si la pluie est de la partie…

 

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