Darwin & Parc de Kakadu – Bienvenue en terre aborigène

Ça y est, nous touchons au but… Après 2800 km et plus de 30 heures de conduite, notre traversée de l’Outback s’achève enfin dans la ville majeure la plus au nord d’Australie : Darwin. L’occasion pour nous de visiter cette cité quasi-équatoriale, mais aussi et surtout le célèbre Parc National de Kakadu tout proche. Nous avons l’impression frappante de débarquer dans un nouveau pays, et ce à plus d’un titre. On vous raconte tout ça !

 

Darwin

Notre quatrième et dernier jour de route s’annonce plus court que prévu, et nous nous permettons de courts arrêts à l’agréable ville de Katherine, puis à Adelaïde River pour déjeuner près du Musée du Chemin de Fer, à côté de l’ancienne gare historique. Encore un petit effort, et nous arrivons en vue de Darwin ! La capitale du Territoire du Nord, qui compte environ 140 000 habitants, est la plus petite et la plus septentrionale des métropoles régionales du pays. C’est une ville à part, historiquement, géographiquement et climatiquement, beaucoup plus proche de l’Indonésie ou la Nouvelle-Guinée que de Canberra ! Cette situation différente – et la chaleur tropicale étouffante associée – ont évidemment un impact fort sur le mode de vie des habitants. Dès nos premiers instants à Darwin, nous comprenons que tout, ici, va un peu plus lentement qu’ailleurs ! Roulant avec un pneu qui se dégonfle suspicieusement depuis quelques dizaines de kilomètres, nous nous arrêtons dans un garage pour tenter de le faire réparer : il est 14h un samedi et l’activité ne semble pas des plus effrénées. On nous indique néanmoins que rien ne sera possible avant lundi à 15h… Tant pis pour le pneu, on gérera cela à la prochaine étape ! Idem en ville : office du tourisme déjà fermé, rues piétonnes du centre pratiquement désertes, Aborigènes qui vaquent sans but, une ambiance vraiment étrange !

Darwin possède également comme fait d’armes d’avoir été victime du plus important bombardement de l’histoire de l’Australie, lorsque 188 avions japonais déversèrent un lit d’obus durant la Seconde Guerre Mondiale, le 19 février 1942. Entièrement rasée par cet évènement et quelques catastrophes naturelles par la suite, la cité a été reconstruite récemment à plusieurs reprises, ce qui lui confère un modernisme agréable. Nous poursuivons notre promenade exploratoire vers le front de mer, où une piscine extérieure à vagues, un port de plaisance et de vastes pelouses jouxtent une ribambelle de cafés et restaurants branchés. La journée touche à sa fin, et nous découvrons à nos dépens l’un des points noirs de la ville : la faiblesse criante de l’offre d’hébergement touristique, limitée à quelques hôtels et caravane-parcs haut-de-gamme. Dépités, nous sommes sur le point de confirmer notre nuit la plus chère du voyage lorsque le propriétaire d’un camping-ferme situé à 30 km du centre-ville nous rappelle miraculeusement. C’est parti pour deux nuits au milieu des chèvres, émeus, reptiles et autres cochons en tous genres 😉

Pour notre second jour, nous repassons brièvement en ville jeter un coup d’œil à la Cathédrale Sainte-Marie et son célèbre portrait de Marie et Jésus représentés avec la peau noire. Nous filons ensuite au marché du dimanche de Nightcliff, qui nous rappelle un peu l’Asie avec ses stands de cuisine chinoise, malaise, pacifique, etc. Nous déjeunons d’un laksa et d’un fish & chips en écoutant un peu de musique live. Il fait très chaud à la mi-journée, et la ville ne recelant que peu de trésors culturels ou historiques, nous roulons jusqu’à East Point et nous allongeons près du Lac Alexandre, à l’ombre, un bon bouquin en main, en nous rafraîchissant d’un plongeon à l’occasion. Pour ne pas regretter, nous visitons tout de même le Musée et Galerie d’Art du Territoire du Nord en coup de vent sur le chemin du retour… De jolies peintures aborigènes côtoient des expositions diverses comme l’une sur les conséquences dévastatrices du passage du cyclone Tracy en 1974. Nous terminons la journée en apothéose au marché du soir de Mindil Beach, entre concert de didgeridoo accompagné d’une batterie et coucher de soleil sur la plage. L’offre de snacks est pléthorique, mais nous avons prévu des burritos maison au camp, encore mieux : goodbye Darwin !

Le nouveau Centre d’Exposition sur le front de mer

 

Marie et Jésus dans un style peu conventionnel !

 

 

Voilà ce qu’on voit quand on lève le nez de notre bouquin

 

Choisissez votre victime de la circulation routière en sandwich !

 

Bandes crépusculaires

 

Parc National de Kakadu

Nous avions un peu hésité à inscrire ce parc sur notre itinéraire initial, mais Kakadu est sans doute l’un des trésors australiens les plus méconnus ! Doublement inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO pour ses merveilles naturelles et culturelles, c’est aussi le plus grand Parc National du pays. L’histoire de Kakadu est intimement liée à celles des Aborigènes qui vivent sur cette terre et l’entretiennent depuis plus de 50 000 ans ! Après la colonisation britannique, les populations natives ont de facto été « expropriées », avant que leur long combat juridique n’aboutisse dans les années 1970 et que leurs terres leur soient restituées. Aujourd’hui, Kakadu est co-géré par Parks Australia et les propriétaires traditionnels, les Bininj au nord et les Mungguy au sud. Dix sièges sur quinze au Conseil d’Administration, ainsi qu’entre un tiers et la moitié des postes de Rangers qui s’occupent du parc, sont occupés par des Aborigènes.

Nous arrivons de Darwin de bon matin et nous arrêtons à Mary River, qui comprend un centre d’informations sur la faune des zones humides et un beau point de vue sur l’un des billabongs (ou étangs naturels). Plus à l’est, nous franchissons officiellement l’entrée de Kakadu, mais point de garde ou de barrière : nous avons acheté nos tickets sur Internet et les contrôles – s’il y en a – auront lieu sur les sites majeurs un peu plus tard. Un nouvel arrêt à Mamukala nous donne à voir un joli lac depuis une plate-forme d’observation des oiseaux, et une petite marche dans la savane. Nous explorons ensuite le Centre des Visiteurs de Bowali, qui expose clairement l’une des particularités du parc : la concentration de six climats dans un espace relativement réduit (savane, forêt humide de type mousson, collines et falaises du sud, pays de pierre, mangroves côtières et zones marécageuses ou billabongs). De superbes films nous font retomber amoureux des reportages animaliers. Viennent ensuite un rapide déjeuner près du lac de Jabiru, puis une autre marche d’une heure à Bardjedjilidji, où les formations de type « pancakes »(piles de crêpes)  ne sont pas sans nous rappeler Punakaiki en Nouvelle-Zélande. Nous terminons la journée en apothéose sur le site d’Ubirr, où un jeune Ranger nous donne une courte conférence artistique sur les peintures rupestres qui ornent les parois rocheuses de ce lieu. Ces œuvres d’art sont fortement ancrées dans la culture aborigène, à la fois liées aux légendes des Ancêtres de la Création et le temps du Rêve (Dreaming), et à l’éducation des nouvelles générations. Ici, nous observons notamment le Serpent Arc-en-ciel, trace du passage de l’un des Ancêtres à cet endroit, et une frise représentant un garde-manger de tous les animaux comestibles des environs, du kangourou au barramundi en passant par la tortue : indispensable pour survivre dans cette région reculée. Une courte grimpette nous hisse sur un promontoire rocheux qui permet de porter notre regard loin à l’horizon. La transition en cours entre saison humide et saison sèche se lit sur le paysage : les billabongs sont encore en eau mais se contractent, la végétation jaunit doucement et les gestionnaires du parc ont commencé à allumer des feux de forêts contrôlés pour régénérer la terre. Nous profitons d’un magnifique coucher de soleil, puis attaquons la dernière heure de route de nuit vers notre camping. A notre grand désarroi, l’endroit est infesté de moustiques et araignées, écrasé par une chaleur moite insupportable… alors que nous sommes au plus clair de l’hiver !

Les canards voguent tranquillement à Mamukala

 

Et voici les surprenantes formations rocheuses de Bardjedjilidji !

 

Entrevue avec les zones humides

 

Ubirr, un joli perchoir d’où admirer les billabongs…

 

… et les couchers de soleil !

 

Le lendemain, n’ayant pas trouvé la marche censée partir du camping, nous nous rabattons sur une autre mise en jambes : le point de vue de Nawurlandja depuis un gros rocher incliné, qui offre encore un beau panorama à la lumière du matin sur la savane. Nous filons ensuite au Rocher de Nourlangie (Burrunggui), lieu de rendez-vous pour une deuxième exploration guidée des peintures murales aborigènes. La Ranger qui nous introduit au lieu est plus expérimentée que son collègue de la veille, et les explications sont passionnantes. Nous apprenons beaucoup sur le Dieu du Tonnerre et les « groupes familiaux » (skin group), un ensemble de règles strictes dictant les possibilités de mariage au sein des communautés aborigènes, tradition orale empirique étonnamment pertinente pour éviter la consanguinité au sein d’un petit groupe humain. Les fresques sont à la fois expressives et primitives, colorées, dégradées par les éléments naturels et mélangées par les nouvelles couches de peinture qui ont progressivement empiéter sur les dessins les plus anciens.

Notre pique-nique a lieu cette fois au Billabong Anbangbang, où le sentier coupé par les eaux – nous ne sommes qu’au début de la saison sèche – et l’inquiétante sensation qu’un crocodile peut surgir à tout instant ne nous font pas nous éterniser. Nous nous réfugions au centre Culturel Aborigène de Warradjan… presque uniquement pour profiter de l’air climatisé, les réflexes hongkongais revenant au galop ! L’expo est cependant intéressante pour parfaire notre compréhension des modes de vie, de la culture et de l’art aborigènes. Finalement, une balade sur planches nous fait survoler le billabong de Yellow Water, ses oies-pies noires et blanches et… ses crocodiles, dont l’un d’eux à faible distance de notre ponton : montée d’adrénaline garantie ! Notre deuxième camping nous permet d’accéder à un dernier point de vue agréable sur la savane, mais les moustiques sont toujours bien présents, et nous nous replions dans la voiture et la tente. Vivement demain et la route vers des climats plus cléments !

Vous l’aurez compris, nous avons vécu une superbe expérience au Parc  National de Kakadu, un écosystème unique et sans conteste le lieu de culture aborigène le plus intéressant d’Australie… avec Uluru – la suite dans l’un des prochains épisodes !

Les termites montent la garde à Kakadu… et la montent haute !

 

Le courant est plus fort qu’il en a l’air !

 

Exemples de fresques aborigènes

 

A Yellow Water, il faut se méfier de l’eau qui dort…

 

Yellow Water, l’un des billabongs les plus photogéniques du parc

 

Plus de photos de Darwin, c’est par ici !

Plus de photos du Parc National de Kakadu, c’est par  !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • De Darwin à Jabiru : 250 km et 2h30 à 3h de route presque neuve. Plusieurs pauses en ce qui nous concerne (Mary River notamment), même si nous n’avons pas succombé au contestable spectacle des crocodiles sauteurs nourris par les tours opérateurs.
  • De Jabiru à Pine Creek : 215 km et 3h en ligne droite pour sortir du parc national.
  • De Pine Creek à Katherine : 90 km, 1h, un tronçon vite avalé pour être de retour sur la Stuart Highway et continuer notre voyage vers le sud.

Remarque : un véhicule 4×4 est nécessaire pour aller à la cascade des Jim Jim Falls, l’un des seuls « highlights » de Kakadu que nous n’avons malheureusement pas eu le loisir d’admirer.

Hébergement :

  • Darwin – J&I Hobby Farm : un lieu de camping décalé au milieu des animaux et de nombreux autres campeurs plus ou moins long-terme. Couple de propriétaire accueillant et passionné. Douche et toilettes correctes, mais l’aspect « ferme » aura clairement un impact négatif pour les personnes qui valorisent avant tout la propreté, notamment dans les zones communes. Prix : 25 AUD la nuit pour un grand emplacement (quel que soit le nombre de personnes et le type de « toit »), seul hébergement abordable proche de Darwin que nous ayons trouvé.
  • Kakadu Nuit 1 – Malabanjbanjdu campsite : un site calme, à l’écart de la route, mais sans autre équipement qu’une paire de toilettes sèches. Moustiques voraces ! Terrain géré par le Parc, seulement 6 AUD par nuit par personne.
  • Kakadu Nuit 2 – Gungurul campsite : un peu le même topo que le camping précédent, même si la disposition et le point de vue facilement accessible nous ont beaucoup plus plu. Encore 6 AUD par nuit par personne.

Visites / activités :

  • Darwin :
    • Musée et Galerie d’Art du Territoire du Nord : agréable petit musée avec de belles peintures et des expos temporaires en général ludiques.
    • East Point et Lac Alexandre : lieu tranquille pour se reposer, bouquiner, se baigner sans la foule !
    • Marché de Nightcliff (dimanche) : mélange entre marché aux puces, stands de cuisines de monde et musique live. Entrée gratuite.
    • Marché du soir de Mindil Beach (dimanche) : plus orienté nourriture, produits haut-de-gamme, concerts et animations diverses de type claquer le coup de fouet le plus sonore possible. Magnifique coucher de soleil sur la plage adjacente. Entrée gratuite.
  • Kakadu : entrée à 40 AUD, valable 5 jours, intégralement utilisée pour préserver le parc.
    • Jour 1 : départ de Darwin, arrêt à Mary River, puis visite de Mamukala, Bowali, Jabiru et Ubirr. Nuit à Malabanjbanjdu.
    • Jour 2 : départ de Malabanjbanjdu. Visite de Nawurlandja, Nourlangie (Burrunggui), Billabong Anbangbang, Warradjan, Yellow Water. Nuit à Gungurul.

 

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