Huaraz – Paradis du marcheur

Huaraz est le principal point d’accès à l’incroyable chaîne montagneuse de la Cordillère Blanche. Nous débarquons peu frais à 5h du matin du bus de nuit de Trujillo, et prenons un taxi jusqu’à notre hôtel. Cette arrivée matinale nous permet de nous débarbouiller et de profiter d’un superbe lever de soleil depuis la terrasse: situés sur les collines en hauteurs, nous surplombons la ville nichée dans un bassin. A l’Ouest la Cordillère Noire, à l’Est la Cordillère Blanche et ses pics enneigés, quelle introduction à la région ! Avant de partir sur le trek de Santa Cruz, nous faisons deux journées d’acclimatation : l’une sportive jusqu’à la Laguna Churup, l’autre culturelle à Chavin de Huantar.

 

Huaraz au petit jour

 

Laguna Churup

6 heures dont 4 heures de marche effective, 650 mètres de dénivelé positif

Nous prenons le premier colectivo à destination de Pitec : celui-ci est rempli de touristes qui partent faire la même marche que nous. Les véhicules suivants ne montent en effet que jusqu’au village de Llupa, ce qui ajoute une bonne montée et au moins deux heures à la randonnée. Nous partons d’un bon pas mais sommes vite ralentis dans notre rythme par notre souffle court dû au manque d’oxygène : nous démarrons en effet de 3900 mètres, et on ne fera que grimper plus haut ! Le chemin monte d’abord en pente douce dans une vallée ouverte, avec quelques pics enneigés de part et d’autre pour nous accompagner. Le sentier est très pratiqué et facile à suivre. En s’enfonçant plus dans la vallée, la topographie se fait plus accidentée et la gorge plus étroite. Il nous faut à plusieurs reprises escalader des rochers d’une dizaine de mètres. Heureusement, des cordes et chaînes en main courante ont été installées par les gardes du parc national, ce qui rend la tâche un peu plus aisée, mais sportive quand même !

 

Premiers pas dans la vallée

 

Ça grimpe dur

 

Après 2 heures et quart d’effort, et ayant atteint une altitude de 4450 mètres, nous débouchons sur le lac Churup et sommes éblouis par sa beauté : le spectacle vaut bien quelques gouttes de sueur ! L’eau parfaitement transparente prend des couleurs incroyables à l’approche des bords, du bleu profond à l’orange, en passant par toutes les nuances de vert et jaune. Tout autour, les parois escarpées de la montagne forment comme un mur qui renforce l’impression de grandeur. Au fond, le Mont Churup se dresse, couvert de neige et nappé de petits nuages qui vont et viennent. Nous profitons de la vue et nous dorons aux rayons du soleil quelques minutes, puis continuons le long du bord occidental du lac. Le sentier suit le bord, à une cinquantaine de mètres au-dessus du niveau de l’eau, mais est beaucoup moins bien tracé que dans sa première partie.

 

Rencontre avec le lac Churup

 

Une pause bien méritée !

 

Nous atteignons bientôt une zone boisée et où des éboulements se sont produits il y a bien longtemps : le sol homogène se transforme en un amoncellement de rochers couverts de mousse. Nous pensons continuer à suivre le chemin, mais nous rendons vite à l’évidence : une bifurcation a dû nous échapper. Heureusement, nous distinguons toujours le lac sur notre droite et le mont si blanc droit devant, ce qui nous permet de continuer tant bien que mal. Nous finissons par déboucher du bosquet et tombons sur un pierrier, qu’il faut escalader pour atteindre le deuxième objectif de la journée, la « Lagunita » Churup (le petit lac). Celui-ci apparaît enfin, royalement logé au pied du glacier et d’une couleur bleu-vert époustouflante! Une presqu’île de rochers s’avance jusqu’au milieu de cette étendue d’eau. C’est l’occasion de mettre une fois de plus à l’épreuve notre filtre à eau : nos réserves épuisées, nous remplissons nos gourdes de l’eau du lac ! Nous rebroussons chemin et cette fois ne perdons pas notre route, beaucoup plus facile à suivre dans le sens retour, étonnamment. Les quelques kilomètres en descente sont vite avalés : nous profitons d’un dernier regard sur le lac Churup et repartons. Le soleil est beaucoup plus fort que lors de la montée ce matin, et le paysage est illuminé de cette lumière d’altitude crue qui rend toutes les couleurs vibrantes. Au total, 6 heures aller-retour, avec une pause déjeuner dans un cadre splendide !

 

La « lagunita » nichée un peu plus haut

 

Une dernière photo et puis s’en vont…

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Parenthèse : mal d’altitude

Un petit mal de tête commençait à poindre en descendant à pied depuis le lac. Celui-ci s’intensifie jusqu’à nous marteler les tempes et nous donner envie de vomir une fois rentrés en ville. Nous pensions pourtant y échapper, étant bien acclimatés depuis quelques semaines dans les Andes Equatoriennes et du nord du pays. Mais nous avons passé deux journées à Trujillo (altitude proche du niveau de la mer) entre temps, et apparemment perdu toute notre acclimatation. Peut-être avons-nous un peu trop forcé physiquement pour une première journée en montagne, cela nous servira de leçon à l’avenir !

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Chavin de Huantar

Echaudés par cette première journée trop intense, et notre curiosité ayant été éveillée par la mention d’un important site précolombien dans les environs, nous décidons pour la journée suivante de visite le célèbre site Chavin de Huantar.

Nous partons donc en minibus de Huaraz, au sein d’un groupe assez hétérogène de touristes récupérés à leurs hôtels aux quatre coins de la ville. Enfin, nous croyons que nous partons, car après 10 minutes de route, le guide reçoit un coup de fil puis demande à la volée « tout le monde va bien à Chavin aujourd’hui ? ». Pas de réaction. Deuxième essai : « est-ce que certaines personnes doivent aller à un autre endroit que Chavin ? ». Plus de succès cette fois, trois péruviennes commencent à discuter et à s’agiter. Elles se sont bien trompés de bus… ce qui signifie que nous avons par contre oublié trois clients, puisqu’elles sont montées à leur place (!). Elles débarquent en poussant de grands cris indignés (alors que le guide leur propose de les ramener à leur point de départ), et nous faisons demi-tour pour récupérer nos camarades manquants (qui, soi-dit en passant, ne semblent pas vraiment affolés). On finit par partir avec 30 minutes de retard, à la péruvienne.

Le paysage traversé est magnifique, nous partons au Sud puis bifurquons vers l’est et la route se met à monter pour passer dans une autre vallée. Avantage annexe du tour, c’est un peu « l’acclimatation pour les nuls », la voiture passant un col à 4500 m puis redescendant à 3200 m au niveau du site, et l’activité physique étant très limitée. Nous arrivons à Chavin après 3 heures de route et entamons de suite la visite du lieu. Occupé par le peuple du même nom entre 900 et 200 avant JC, Chavin signifie « centre » et se situe en effet au confluent de deux rivières, dans une vallée qui relie les Andes à la jungle amazonienne. Le site d’usage cérémoniel a pas mal souffert à travers les âges, ses pierres ayant été utilisées par les habitants ultérieurs, qui construisirent des habitations usuelles exactement au même endroit. Mais des décennies de fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour et reconstituer une grande partie des aménagements originaux. La visite commence par la place cérémonielle principale, un carré parfait de 49 mètres de côté bordé de gradins. En surplomb le temple principal, devant lequel se dresse un portique gravé des figures humanoïdes : à gauche une figure mâle, à droite une figure femelle.

 

La place principale de Chavin

 

Le temple principal

 

Un peu plus loin, le temple de la Lune a une forme circulaire et des panneaux sculptés font le tour de la petite place ronde où se déroulaient les rituels. Selon les archéologues, ces cérémonies étaient réservées aux initiés et le public ne pouvait pas y assister, contrairement aux grands rites pour le soleil réalisés sur la place principale ou sur le toit du premier temple. Pour l’anecdote, des clapiers à cochons d’Inde ont par la suite été construits dans l’enceinte et furent exploités pendant de nombreuses décennies !

 

Le temple de la Lune

 

L’architecture du site est complexe et recèle bien des surprises : des galeries intérieures ont été aménagées au moment de la construction et sont aujourd’hui ouvertes au public. Pendant la période Chavin en revanche, seuls les prêtres de haut rang pouvaient pénétrer dans ce saint des saints. Au bout de l’un des couloirs, une petite fenêtre permet d’apercevoir la grande statue du Lanzon, la divinité suprême de la cosmologie chavine. Autre curiosité, le site est muni d’un complexe système de canalisations, qui l’alimentait en eau depuis la rivière proche et gérait l’évacuation des eaux usées. Il semblerait même qu’une sorte d’orgue aquatique, produisant des sons différents selon la longueur des tuyaux, ait été utilisé !

 

Il fait bien noir dans les galeries secrètes

 

Statue du Lanzon, le dieu majeur

 

Après un déjeuner rapide, nous nous dirigeons vers le musée de Chavin. La muséographie est très moderne et instructive, présentant les différentes époques d’occupation de la vallée et des éléments iconographiques. Toutes les « têtes-clou » trouvées, qui se trouvaient avant en hauteur sur le pourtour du temple, sont également exposées. On y voit très bien un processus de transformation symbolique d’un prêtre, d’abord humain, puis à l’expression exacerbée, qui saigne du nez (sans doute après avoir inhalé des substances hallucinogènes), et dont les traits se modifient peu à peu pour s’approcher de ceux d’un jaguar jusqu’à ressembler parfaitement à l’animal. L’ensemble du site a été classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco en 1985 et de nombreuses études archéologiques confirment l’influence de la culture Chavin sur de nombreuses civilisations précolombiennes ultérieures (notamment Paracas et Pucara).

Une des rares « têtes clous » encore en place

 

Coquillage sculpté

 

Deux bien belles journées d’adaptation à l’altitude avant d’attaquer la pièce maîtresse de notre séjour à Huaraz : nous partons pour 4 jours sur le trek de Santa Cruz, à travers la Cordillère Blanche ! Mais ceci est une autre histoire, celle de l’article suivant…

Plus de photos de Huaraz, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • De Trujillo à Huaraz : trajet de nuit effectué avec un bus Linea VIP pour 50 PEN par personne. Le bus est parti à 22h, arrivé à Huaraz à 5h du matin. Bus très confortable, et bon service de la compagnie. Rejoindre le terminal de Linea depuis le centre de Trujillo est un peu compliqué, ce qui nécessite une courte course en taxi (7 PEN). Nota : nous n’avons pas trouvé d’agence Movil Tours, qui propose également le même trajet.
  • De Huaraz à Lima : encore un bus de nuit réservé avec Zbuss, départ à 22h45, arrivée à 5h30 du matin. Le prix est de 50 PEN par personne. De nombreuses compagnies offrent le même service, prix compris entre 45 PEN et 80 PEN. Les agences de réservations sont toutes situées à 2 ou 3 cuadras au nord de la Plaza de Armas de Huaraz.

Hébergement : Hostal Artesonraju, un peu excentré au sud-est de la ville, réservé via booking.com pour 39 PEN par nuit. Chambre double confortable avec salle de bains privée. Personnel sympathique et compétent, qui fait aussi agence de voyage : nous avons réservé notre excursion à Chavin et notre trek avec eux. Service de bagagerie gratuit et possibilité de se doucher au retour du trek pour 5 PEN par personne.

Visites / activités :

  • Laguna Churup : excursion à la journée facile à réaliser seul, même si des agences la proposent en ville. Prendre le minibus à 7h à destination de Pitec (coût 10 PEN par personne). Acheter un ticket d’entrée au parc naturel : 10 PEN pour une journée ou 65 PEN pour 21 jours (nécessaire de toutes façons pour le trek de Santa Cruz). Le sentier jusqu’à la lagune est clair mais requiert une bonne condition physique : il faut grimper des rochers à l’aide de cordes à certains endroits (passages assez courts mais intenses). 4 heures aller retour jusqu’au lac principal, rajouter 2 heures pour atteindre le second lac.
  • Chavin de Huantar : le plus simple est de prendre un tour incluant guide et transport depuis Huaraz (35 PEN). Environ 3 heures de transport aller simple. Entrée du site 10 PEN, entrée du musée 7 PEN. Attention, le restaurant choisi par le tour opérateur étant assez cher pour les standards péruviens, il peut être judicieux d’amener ses propres provisions.

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