Jianshui et Yuanyang – Sur la route du Vietnam

Passé Kunming, il est désormais temps pour nous de filer vers notre deuxième pays : le Vietnam ! Mais plutôt que de rejoindre directement la ville frontalière de Hekou, nous décidons de terminer notre périple chinois en beauté avec deux dernières étapes : Jianshui et Yuanyang.

Nous arrivons tout d’abord dans la ravissante cité ancienne de Jianshui à la mi-journée, après être partis par le train de 9h28 de Kunming. Une fois réglés quelques détails administratifs, nous profitons de la fin d’après-midi ensoleillée pour découvrir le centre de la vieille ville. Jianshui, qui fut à son apogée la capitale du royaume indépendant de Nanzhao, se démarque par son architecture chinoise classique qui s’affiche sur ses nombreux monuments ancestraux. C’est un plaisir d’arpenter ces vieilles ruelles où la circulation est limitée, et de s’imaginer revenus dans une Chine ancienne, traditionnelle.

Symbole de ce classicisme chinois : le temple de Confucius, l’un des plus étendus du pays. Il a notamment servi d’école pendant plus de 750 ans, avec un succès indéniable : plus de 50% des étudiants du Yunnan qui étaient reçus aux examens impériaux venaient de Jianshui ! Nous finissons la journée en goûtant aux spécialités du coin : le « qiguo » (ragoût de poulet préparé dans un pot de terre cuite) et le tofu grillé. C’est plutôt pas mal, sans rivaliser toutefois avec nos meilleurs souvenirs culinaires de Chine.

La rue principale de Jianshui

 

L’entrée du Temple de Confucius et du Centre d’Examens

 

Le lendemain matin, nous avons un peu de temps avant notre bus pour visiter la Maison Zhu. Cette vaste demeure familiale symbolise l’ascension sociale fulgurante de la fratrie Zhu, trois marchands qui se sont fait un nom avec leur taverne, puis leurs négoces divers, de l’étain à l’opium… avant subir le chaos politique qui a suivi la révolution chinoise de 1911. Avant leur chute, ils ont pendant 30 ans élargi leur résidence, qui compte plus de 20 maisonnettes réparties suivant un quadrillage d’allées et de passages transversaux. Nous sommes notamment éblouis par la petite scène de théâtre privative sur un bassin et les nombreuses lanternes, finement ouvragées. Dommage que le parc soit en travaux, cela aurait été le clou du spectacle !

Scène de théâtre privée de la Maison Zhu : plutôt sympa !

 

Riches intérieurs & extérieurs

 

Vu les marques de cordes, ce puits a bien servi !

 

« On a bien mérité un peu de repos ! »

 

Plus de photos de Jianshui, c’est par ici !

 

Après ce bref arrêt de 24h à Jianshui, nous repartons pour la ville de Xinjie, qui est la porte d’entrée des célèbres rizières en terrasse de Yuanyang. A peine débarqués du bus public, nous avons la « chance » de tomber sur la gérante d’une auberge du village de Duoyishu (aussi appelé Pugao) qui nous propose de nous emmener à sa pension en minibus pour un prix raisonnable. Comme c’était là que nous voulions aller, nous sautons sur l’occasion ! Nous sommes doublement chanceux : la fin de journée est encore ensoleillée, et nous avons un bon premier aperçu rapide des terrasses. Nous nous rendrons compte le matin suivant que le meilleur restait à venir…

Debout à 6h20, c’est encore complètement endormis que nous nous faisons déposer au début d’un petit chemin par le frère de notre hôtesse pour aller voir le lever de soleil sur les rizières. Il fait froid, le vent souffle, et le point de vue n’est pas évident à identifier. Mais ces petits soucis sont vite effacés quand les premières lueurs de l’aube arrivent : le blanc des rizières qui reflètent le ciel, parfois doré par le soleil en approche, est tout simplement magique.

De retour à l’hôtel, nous avalons une soupe de nouilles, demandons à l’auberge de transférer notre gros sac à Xinjie, et partons pour une journée de balade. Le soleil est déjà haut dans le ciel, et c’est sous la chaleur que nous traversons le premier village, Shengcun, où c’est jour de marché. Comme à l’accoutumée dans le Yunnan, les minorités locales ont revêtus leurs vêtements du dimanche, et c’est un splendide spectacle bigarré qui bouge et crie sous nos yeux.

La brume monte sur les rizières de Duoyishu au petit matin…

 

Portaits de marché à Shengcun

 

Nous poursuivons ensuite par une petite route qui nous amène au point de vue Lao Yin Zui, sans doute le plus beau de toute la zone : les couleurs des rizières vont du rouge ocre au bleu délicat, en passant par des teintes marron, verte et jaune, le tout superbement entouré par les collines environnantes : impressionnant ! Vient ensuite le petit village de Malizhai, aux ruelles majoritairement recouvertes de lisier (!). A la sortie du village, de nombreux habitants sont rassemblés et font beaucoup de bruit. D’abord peu rassurés, nous avançons prudemment au milieu des hommes qui s’interpellent et mesurent leurs forces au bras de fer, passons près d’une longue civière entourée d’une douzaine de porteurs. Nous pensons à une célébration et le sacrifice probable d’un cochon ou d’un buffle. Juste après nous, le cortège se met en branle, des enfants jettent des pétards sur nos talons… et un groupe de femmes pleurent au niveau de la dernière maison du village. Nous comprenons un peu tard qu’il s’agit en fait d’une procession funèbre ! Malgré notre bonne forme et notre rythme soutenu pour avaler les marches qui s’enfoncent dans les rizières, le cortège nous poursuit et nous dépassera même au niveau de Bada ! On en est quitte pour une bonne frayeur, mais aussi amusés d’avoir participé malgré nous à cet évènement très local 🙂

Il n’est que 15h et nous découvrons un chemin balisé qui ne figure pas sur nos cartes : nous décidons de poursuivre la balade par Quanfuzhang jusqu’à Qingkou pour admirer les dernières terrasses sous le jour déclinant. Un petit trajet en tuk-tuk – que nous partageons miraculeusement avec le gérant de notre hôtel à Xinjie en train de transférer notre sac ! – et nous arrivons en ville pour notre dernière nuit chinoise.

Beau panorama depuis notre perchoir de Lao Yin Zui

 

Palette de couleurs – réalisée sans trucage !

 

Ces rizières demandent quand même du travail, avec ou sans buffle…

 

Et une jolie courbe pour finir !

 

Bilan : nous avions longuement hésité avant de faire ce détour par Yuanyang. En effet, nous avions déjà eu l’occasion de voir de belles rizières de ce type en Chine (à Longji, au nord de Guilin) et notre guide de voyage laissait présager d’une complexité associée à un coût non négligeable pour visiter les différentes terrasses de la région. Au final, les paysages sont vraiment impressionnants et il est très facile de randonner au milieu des rizières en indépendant avec une carte assez peu précise, sans devoir privatiser un véhicule. Yuanyang restera sans conteste l’un de nos souvenirs forts du Yunnan et même de Chine. C’est donc avec le sentiment d’avoir terminé notre périple mandarin en beauté que nous affrontons les six heures de bus inconfortables qui nous emmènent jusqu’à la frontière vietnamienne…

Plus de photos des terrasses de Yuanyang, c’est par  !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • Train Kunming – Jianshui : départ à 9h28, trajet de 4h, prix 43,5 RMB. A l’arrivée, la navette 919 permet de rejoindre le centre-ville de Jianshui depuis la gare ferroviaire.
  • Bus Jianshui – Yuanyang Xinjie : départ à 11h34 (un seul bus direct par jour qui ne s’arrête pas à Nansha), trajet d’environ 3h, prix 43 RMB.
  • Bus Yuanyang Xinjie – Duoyishu (Pugao): des minibus partent quand ils sont pleins ou quand un hôtel rentre sur Pugao, durée 45 min, 20 RMB. Pareil en sens inverse.
  • Bus Yuanyang Xinjie – Hekou : deux bus le matin (le premier part à 7h30, le second à 10h30). Compter 6h de trajet et 60 RMB. A Hekou, un bus emmène directement vers la frontière pour 2 RMB.

Visites :

  • A Jianshui, la Maison Zhu vaut vraiment la visite. Le prix est de 50 RMB. Malheureusement, le jardin et le bassin sont en rénovation actuellement.
  • A Jianshui, le temple de Confucius coûte 60 RMB. Nous ne l’avons pas visité. De même, il est possible de monter dans la porte Sud de la ville en achetant un ticket, mais l’intérêt nous a paru limité.
  • A Yuanyang, nous conseillons de rejoindre Duoyishu dès l’arrivée à Xinjie, puis de revenir sur Xinjie en 1 à 2 jours. Sur une journée, le trajet suivant est facilement faisable en indépendant en évitant la route principale à partir de Shengcun : Duoyishu – Shengcun – Lao Yin Zui (point de vue) – Malizhai – Bada – Quanfuzhang – Qingkou. A partir de Malizhai ou juste en-dessous des points de vue de Bada, un chemin est fléché à flanc de rizières à travers les différents villages.

Hôtel :

  • A Jianshui : hôtel situé en face de Typha International Youth Hostel, seulement 40 RMB la nuit pour une chambre basique (nous ne restions qu’une seule nuit).
  • A Yuanyang Duoyishu : Belinda Guesthouse, 80 RMB la nuit. Chambre assez sommaire avec une vue correcte sur les rizières. Sans doute pas le meilleur rapport qualité-prix du village, mais la patronne nous a fait gagner du temps en nous emmenant directement et en transférant notre sac vers Ying Youlian Guesthouse (même propriétaire) à Xinjie pour la nuit suivante. A Xinjie, chambre là encore basique pour 60 RMB.

 

2 réflexions au sujet de « Jianshui et Yuanyang – Sur la route du Vietnam »

  1. Bonjour et très bonne année 2019 à vous
    Nous voilà rassuré , on se demandait comment nous allions faire pour rejoindre la frontière vietnamienne mais maintenant que l’on a toutes les infos, merci pour ce beau compte rendu en tout cas, parfait.
    On a quand même deux questions, en vous lisant, on voit que 1 jour sur place à faire les rizières À PIEDS suffit, est ce que c’est suffisant ? On voit souvent les gens rester 2 jours mais si vous dites qu’en un jour on fait « tout », ça nous va. D’ailleurs, si vous n’aviez pas rencontré le tuktuk par hasard avec le proprio de la guest de xinjie, vous auriez pu retourner sur xinjie facilement ? Il y a du passage de tuktuk régulier et qui s’arrête là bas sur la route ? Autre petite question, le point de vue de Laohuzui n’était pas possible quand vous étiez sur quanfuzhang ?
    Et ensuite « deuxième » question, pour le passage de frontière, est ce que c’est long ?? Car j’ai connu des passages très très long en Asie… Je dis ça car on aimerait allez sur ha giang ensuite et le bus est à midi (je pense que c’est raté mais sait on jamais… Sinon ce sera retour hanoi pour car de nuit hanoi ha giang)
    Merci d’avance pour votre retour, ce serait siroter cool
    Très belle année et réveil à vous

  2. Bonjour,
    Vos photos sont magnifiques !
    Je compte me rendre aux rizières de Yuanyang fin novembre mais j’ai vu que ce n’était pas la bonne saison et qu’elles seront toutes marrons voir boueuses.
    Cependant lorsque je vois vos photos en début décembre je me dis qu’il y a peut être une chance pour nous ?!
    Merci et bravo pour votre joli blog.
    Laure

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