Milford Sound – Dans les nuages au bout du monde

La fin de journée après le Kepler Track sera d’abord logistique : une douche en premier lieu, des courses, quelques minutes de réflexion sur la suite du planning, chamboulé par cette randonnée inespérée, un plein d’essence. Puis nous prenons la route vers le Nord : depuis Te Anau, la route vers Milford est un cul-de-sac, il nous faudra revenir sur nos pas demain. Très vite, nous sommes  de nouveau ébahis par la beauté des paysages, le lac Te Anau à gauche, les sommets derrières et devant. C’est une très belle journée, seuls quelques nuages épars ponctuent le ciel d’un bleu intense. Nous atteignons ensuite la vallée d’Eglinton : les champs d’herbes hautes sèches aux couleurs chaudes contrastent avec les forêts et hauts sommets minéraux qui les entourent. Nous nous arrêtons souvent prendre des photos qui ne rendent pas vraiment justice à la majestuosité du lieu. Les lacs miroirs, un peu plus loin, nous rappellent un peu Jiuzhaigou en Chine, où l’eau si transparente permet de voir le fond du lac comme à travers une vitre, ou bien, selon l’inclinaison du soleil, les montagnes se reflètent comme dans un miroir parfait, seulement troublé par les hordes de canards. Nous posons le camp à Cascade Creek, entouré de montagnes : quel cadre pour dormir ! Le vent nous inquiètera un peu mais la tente tient bon (et nous aussi !).
 

Les mirror lakes portent bien leur nom

 

Notre campement à Cascade creek : quel cadre !

 

Encore un réveil très matinal pour atteindre Milford Haven pour la première croisière du  matin : c’est la moins chère mais aussi celle où nous avons le plus de chance d’échapper à la pluie selon la météo. Ca se présente bien, pas une goutte pendant la nuit et le temps est clair, nous filons vers l’ouest et passons le premier col à The Divide, puis atteignons vite le tunnel de Homer. De l’autre côté, la route est tout aussi sèche et nous sommes parmi les premiers au terminal de ferries, il est 8h15 et nous achetons des billets pour la croisière de 9h. Quelques nuages empêchent d’apercevoir le haut des sommets autour du détroit et nous attendons le départ en observant avec curiosité ce petit village du bout du monde qui comptent à peine 120 habitants permanents mais reçoit plus de 500 000 visiteurs chaque année, la plupart arrivant en bus pour la journée, et a par conséquent un terminal de ferries avec 12 quais !

 

Bienvenus à bord ! 

 

Tous types d’embarcation naviguent ici, du kayak au gros bateau de croisière !

 

Nous embarquons et profitons de la 1ère demi-heure sur le pont supérieur : bien couverts, le vent ne nous fait pas peur, et nous prenons mieux la mesure des pentes verticales des parois qui se dressent de part et d’autre du détroit. Mais le temps se gâte et il se met à pleuvoir, alors que le bateau a mis cap vers l’ouest, vers l’Océan. Un en-cas nous est servi, c’est l’occasion de se mettre à l’abri à l’intérieur. Nous ressortons sur le pont, un peu abrités par la cabine mais la visibilité est grandement réduite : le commentateur finit par annoncer que nous avons atteint la mer de Tasmanie, devant nous l’immensité de l’eau… enfin surtout un beau brouillard blanc ! On distingue quand même la côte et la succession de crêtes qui se jettent dans l’eau, et en s’éloignant un peu de l’entrée du détroit, on ne s’étonne pas que celui-ci n’ait été découvert que 100 ans après le reste de la Nouvelle-Zélande : depuis la mer les langues de terres semblent se recouvrir rendant l’entrée invisible, surtout quand l’on sait que le temps est à 80% similaire ou pire à celui d’aujourd’hui ! La pluie s’intensifie et nous sommes trempés, mais nous passons devant de grandes cascades, impressionnantes. Avec la pluie, c’est toute la paroi rocheuse qui semble ruisseler et se couvrir de petites cascades. Quelques phoques et oiseaux marins se prélassent sur les rochers, portant peu d’attention aux nombreux bateaux d’humains qui naviguent dans ces eaux. Retour au port, mouillés, un peu déçus par le manque de visibilité quand même, bien que l’on se dise que cette météo est bien typique du micro climat qui règne de ce côté des montagnes.
 

A travers la brume

 

Les otaries se reposent sur les rochers

 

Et partout, des cascades, que d’eau !

 
Sur la route du retour, nous nous arrêtons à The Chasm, une cascade qui a creusé et poli la roche à l’extrême, créant de très jolies et féériques formation rocheuses. Renonçant à la petite marche que nous avions envisagée au vu des trombes d’eau et des nuages omniprésents, nous visitons une dernière curiosité pour cette journée : Gunn’s camp. Ce camp a été construit à l’origine pour les travailleurs qui ont construit les routes et tunnels de la région. Un petit musée retrace leur histoire, ainsi que celle de la famille qui possède aujourd’hui les lieux et quelques autres personnalités et légendes locales, comme un chercheur d’or malchanceux qui passa 60 ans à arpenter la région sans jamais trouver de filon correct ou le premier guide à amener des touristes pour des randonnées à cheval de 7 jours dans les années 1930. Depuis près de 80 ans, le camp accueille donc des touristes et les maisonnettes au charme désuet donnent l’impression d’avoir effectué un voyage dans le temps. Il pleut toujours. Nous redescendons dans la vallée vers Te Anau et le temps se dégage soudain : simple hasard ou a-t-il fait beau toute la journée alors qu’il pleuvait à verse à Milford ? Quoiqu’il en soit, c’est une bonne nouvelle pour la nuit en tente à venir ! Nous poussons la route jusqu’à la petite ville de Lumsden où la municipalité a réaménagé la vieille gare pour en faire un terrain de camping gratuit avec les meilleurs équipements rencontrés jusqu’ici : les quais abritent des tables de pique-nique, le bâtiment de la gare des éviers et un endroit où cuisiner, et les vieux trains laissés en expositions peuplent le site de leurs carcasses, protégeant du vent la pelouse à l’arrière et les tentes plantées dessus !
 

The Chasm : la roche creusée par les tourbillons du torrent

 

Petit musée de Gunn’s camp

 

Plus de photos de Milford Sound, c’est par ici !

 

Infos pratiques

Transport :

  • De Te Anau à Milford Sound : 1h45 de route pour nous (en dehors des heures de pointes), compter plutôt 2h30 voire 3h selon les conditions météo (route très sinueuses, glissante si pluie ou neige, tunnel alterné…)
  • De Te Anau à Lumsden : 1h de route facile.

Hébergement :

  • Camping de Cascade Creek (entre Te Anau et Milford) : géré par le DOC, superbe site entourée de montagne dans l’Eglinton Valley. Toilettes, abri de cuisine (sans gaz), vaste site permettant de trouver un emplacement un peu à l’écart des autres campeurs. Beaucoup de vent le jour où nous y étions et peu de places abritées pour les tentes. Environ 1h de route jusqu’à Milford, idéal pour la croisière du matin. Tarif de 13 NZD / personne.

Croisières : à partir de 45 NZD / personne, plusieurs opérateurs. Contrairement à ce qui est indiqué sur les panneaux, il est possible d’acheter son ticket directement au guichet des compagnies au terminal de ferry. Compter 10 minutes de marche entre le parking et le terminal, arriver au moins 30 minutes avant la croisière visée.

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