Ban Lung – Dans la jungle du Ratanakiri

Le chauffeur roule à tombeau ouvert, faisant zigzaguer le minibus bondé entre les autres usagers de la route. Celle-ci est heureusement de plutôt belle qualité et les nids de poule relativement peu fréquents, elle a dû être rénovée il y a peu et c’est une chance pour les amortisseurs du véhicule et le confort relatif des 19 passagers à son bord (pour 12 places « officielles »). Du coup, nous arrivons en fin d’après-midi à Ban Lung, seulement 3h après être partis de Kratie, ce qui nous permet de découvrir cette ville à l’ambiance terreuse de jour et de faire un tour en ville avant la nuit.
Nous partons dès le lendemain pour un trek de 3 jours à découvrir les environs : tout commence par 1h30 de tuk-tuk où nous faisons connaissance avec nos compagnons de route Amandine et Matthieu, en voyage pour 6 mois autour de l’Asie. Le goudron se transforme bientôt en piste et c’est couverts de poussière que nous débarquons à Veun Sai pour rencontrer notre guide Pon et les deux autres touristes Saskya et Sonne. Le joyeux petit groupe embarque sur le bac qui fait l’aller-retour entre les deux rives et nous commençons à marcher de l’autre côté, à travers un village. Quelques minutes plus tard c’est déjà l’heure de la première pause et nous nous asseyons sur une plateforme en bambou dans le « jardin » d’une maison pour notre déjeuner de riz frit et salade emporté depuis l’hôtel. Les maisons que nous traversons regorgent de vie et de petits : enfants, chiots, porcelets, poussins, et tout ce monde court autour de la maison à toute heure du jour et de la nuit. La route se poursuit, entre champs et prairies arborées. De temps en temps, une ou deux maisons où vivent des familles au milieu de leurs terres : les huttes en bambou sont toutes simples et nous nous arrêtons dans 4 d’entre elles pour des pauses à l’ombre bienvenues, sans vraiment crier gare mais il semble exister une culture d’hospitalité chez les Kavet, l’ethnie qui peuple la région. Les habitants sont plutôt distants, mais le guide arrive souvent à briser la glace et quelques sourires éclairent vite les visages.

 

Sur le bac de Veun Sai

 

Portraits Kavets

 

A bicyclette… mais parfois sans pneu !

 

En fin d’après-midi, nous arrivons à notre lieu de « campement » pour la nuit, une grande maison sous laquelle nous attachons nos hamacs. Quatre générations semblent vivre sous ce toit : la grand-mère courbée de façon permanente à 90 degrés, plusieurs adultes aux âges s’échelonnant apparemment de 20 à 50 ans, et 7 enfants dont le plus grand nous arrive à la taille. Nous allons nous décrasser à la manière locale : au fond du jardin un puit, dans le puit un seau, et à côté 6 touristes en maillot de bain qui tentent tant bien que mal de se savonner et rincer avec 10 litres d’eau. La scène est cocasse, et jamais nous n’avons eu une si belle vue depuis notre salle de bain, alors qu’un superbe coucher de soleil fait rougeoyer le ciel. Au menu ce soir une soupe maison, dont on se demande si le chef a mis dedans tout ce qui lui tombait sous la main : on y trouve des branches qui résistent à la mastication la plus acharnée, petit bouts d’herbe et même des fougères (!). Le poisson qui accompagne est grillé au feu de bois et savoureux. Après le repas, le guide apporte une grosse jarre remplie de son de riz fermenté, y plonge trois pailles en bambou avant de verser de l’eau, qui en ruisselant collecte l’alcool, et nous invite à boire : cette « happy water » (= eau joyeuse) est plutôt bonne. Nous n’en abusons pas par respect pour notre estomac mais nos hôtes se font plaisir et nous passons une soirée animée !

Salut les petits !

 

Salle de bain, vue imprenable sur jungle !

 

Une pleine rasade d’eau joyeuse à même la jarre

 

Puis vient la nuit… Le ciel étoilé est magnifique et nous prenons place dans nos hamacs : larges et solides, munis d’une moustiquaire, ils seraient presque confortables si ce n’était pour la température qui chute rapidement. Dans notre mince cocon nous perdons notre chaleur de tous les côtés et malgré les pulls et une petite couverture en polaire, nous sommes constamment réveillés par des frissons. Puis à 4h alors qu’il fait encore nuit noir, la maisonnée commence à s’animer : quelqu’un pile du riz, des bruits de pas résonnent sur le plancher au-dessus de nos têtes, les coqs hurlent et les porcs couinent. Quand le soleil se lève enfin à 6h, c’est presque avec soulagement que nous émergeons pour laisser ses rayons nous réchauffer. La troupe n’est pas très fraîche ce matin, nous avons tous l’impression de n’avoir quasiment pas dormi, mais nous prenons néanmoins dans la bonne humeur le petit déjeuner avant de partir pour une nouvelle journée de randonnée. Nous arrivons bientôt dans la jungle du parc naturel de Virachey, nous avons récupéré un second guide pour l’occasion, qui taille son chemin à la machette sur les premières dizaines de mètres ! La forêt est vraiment dense et, avouons-le, nous craignons un peu de marcher sur un serpent ou autre bestiole venimeuse. Il n’en sera heureusement rien et nous apprécions la sérénité de l’endroit : de très grands arbres poussent tout droit vers le ciel, occultant la lumière du jour, des oiseaux poussent des croassements nouveaux pour nous, et au détour d’un sentier une famille de sangliers détale devant nous ! Nous débouchons enfin sur une rivière coulant sur un ensemble de rochers, se divisant en de multiples cascades et bassins : un plongeon rapide nous rafraîchit après la marche et nous déjeunons en dorant au soleil sur les larges pierres. Puis, nous rentrons à la « maison » par un chemin un peu plus direct. Notre guide en profite pour nous montrer certaines curiosités : des lianes qui, coupées en deux endroits, laissent s’écouler une grande quantité de sève si claire qu’on peut la boire comme de l’eau et un arbre dans le tronc duquel une cavité a été creusée et une petite flaque d’essence s’est créée, qui s’enflamme très facilement ! Pour la seconde nuit, nous sortons carrément la couverture de survie qui n’apporte qu’une aide relative. Le retour se fait par le même type de chemins que le premier jour et nous profitons d’un jus de sucre de canne et de paquets de riz sucré dans des feuilles de bananiers en attendant le bac. Retrouver le confort sommaire de la guesthouse nous rappelle comme les plaisirs simples sont loin d’être évidents pour tous : douche (froide), lits avec matelas (durs) et couverture, et surtout pizzas sont un bonheur après ces 3 jours intenses !

 

Survie dans la jungle leçon n°1 : comment trouver de l’eau dans les lianes

 

Au petit matin avec la couverture de survie, il est l’or de se réveiller !

 

Saurez-vous retrouver le métier des habitants de cette maison ?

 

Pour notre dernier jour, nous avons découvert deux lieux d’eau proches de Ban Lung. Pour commencer la cascade de Kachanh où un pont suspendu passe au-dessus d’une vallée dans laquelle se déverse 4 cascades le long d’un large pan rocheux. Nous nous baignons dans le bassin du bas et nous aventurons jusque sous les trombes d’eau qui tombent : les rochers sont glissants et nous offrent une belle tranche de rires ! Direction ensuite le cratère de Yeak Laom : ce lac parfaitement circulaire est sacré pour les populations locales. Entouré de forêt, ses eaux calmes et sombres ne sont troublés que par les quelques baigneurs : nous en faisons le tour à pied sous une chaleur étouffante et assaillis par les moucherons. Cette belle journée relax se conclut par quelques cocktails sur la terrasse de l’hôtel : demain nous prendrons des routes différentes, alors que Sylvie retourne sur Siem Reap, Jérémy et Daphné partent vers le Laos voisin !

Une belle piscine naturelle …

 

et au-dessus passe un joli pont suspendu !

 

Le rond parfait du cratère de Yeak Laom

 

Plus de photos de Ban Lung, c’est par ici !
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Infos pratiques

Transport :
• De Kratie à Ban Lung : minibus bondé, trajet de seulement 3h contrairement aux 4h30 annoncées. Prix du transport : 8 USD par personne.
• De Ban Lung à Don Det (Laos) : Minibus jusqu’à Stung Treng puis bus jusqu’à la frontière laotienne. Passage de la frontière à pied, puis arrière de camion, puis bateau jusqu’à Don Det. Billet tout compris pour 16 USD par personne.

Hôtel : Ban Lung Balcony, adresse sympathique avec chambres à petit budget (5 USD chambre double avec salle de bain commune) et restaurant / terrasse agréable. Un peu excentré, environ 15 minutes de marche jusqu’au marché central, mais nombreux services sur place (locations de vélos, motos, vente de tickets, treks).

Visites / activités :
• Trek : 20 USD par personne et par jour, soit 60 USD pour chacun de nous pour un trek de 3 jours. Nuit en hamac, prévoir des vêtements chauds et, idéalement, un sac de couchage.
• Lac de cratère de Yeak Laom: à 5 km de la ville, accessible à vélo, entrée 2 USD
• Cascade Kachanh: proche d’une autre cascade que nous n’avons pas visité, entrée 3000 KHR

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