Voici l’énoncé du problème : soient deux backpackers à Ho Chi Minh City dont le visa vietnamien expire dans 3 jours, qui veulent visiter le delta du Mékong et traverser la frontière cambodgienne le 3ème jour sans perdre de temps, comment font-ils ? La réponse : eh bien, comme tout le monde, ils prennent un tour organisé…
Cette dernière étape aura donc été un peu à l’image de notre voyage à travers le Vietnam : nous aurons eu juste le temps de nous arrêter aux sites incontournables que nous souhaitions voir, mais pas assez pour adopter un tempo un peu plus lent, sortir des sentiers battus ou être un peu plus indépendants. Il faut bien avouer que malgré tous leurs défauts pour des voyageurs au long au cours, les packages « Delta du Mékong 3 jours / 2 nuits » vendus par toutes les agences de la ville ont le triple mérite d’assurer toutes les liaisons et transports efficacement sans avoir à négocier à chaque fois, de simplifier la logistique (c’est-à-dire pour nous, de ne pas avoir à se préoccuper de nos gros sacs) et… d’être moins chers que la somme de toutes les activités prises unitairement ! C’est donc un peu malgré nous que nous nous résolvons à nous laisser porter au gré des flots sans avoir trop besoin de réfléchir. Mais ça fait aussi du bien parfois 🙂
Jour 1
Nous partons de Ho Chi Minh City en minibus le matin, avec un joli assortiment de voyageurs des 4 coins du monde, qui ont tous réservé un parcours différent sur le Mékong (nombre de jours, nuit chez l’habitant ou à l’hôtel, transfert au Cambodge ou retour à HCMC, véhicule associé…) : ça promet ! Nous discutons avec trois Québécois d’une soixantaine d’années qui nous aident à faire passer la route jusqu’à My Tho. Nous nous arrêtons brièvement à la Pagode Vinh Trang et ses grands Bouddhas blancs modernes, qui ne présente pas un intérêt majeur. C’est néanmoins tout ce que nous verrons de My Tho, car il faut ensuite réussir la prouesse – que dis-je l’exploit ! – de visiter l’île de la Licorne, une fabrique de thé au miel, une plantation de fruits tropicaux avec danseuses folkloriques, une courte balade en carriole tirée par un cheval, un mini-tour en pirogue deux-places sur un canal ombragé, un transfert sur l’île du Phoenix pour déjeuner, une ferme à crocodiles et un atelier de bonbons à la noix de coco… le tout en environ 3h ! On ne frise pas l’attrape-touriste : on est en plein dedans. Le plus ridicule aura été le tour à cheval : après avoir embarqué 4 touristes dans sa charrette, le cocher fait courir son cheval sur une route pendant 300 mètres, fait demi-tour, et nous dépose au point de départ. C’est tellement idiot que ça finit par nous faire bien rire ! 😉
Après ces visites hautes en couleurs, nous reprenons le bus direction Can Tho. Nous avons choisi l’option « home stay » (chez l’habitant), ce qui nous donne le droit de poireauter 30 min de nuit dans une pirogue sous l’assaut des moustiques en attendant un bout d’un autre groupe. Après un joli parcours sur un bras du Mékong qui nous donne enfin un aperçu de la vie des locaux, nous débarquons dans une sympathique auberge familiale sur la rive ouest. Mais comme il n’y a que 19 places et que nous sommes 25 (!), nous sommes parmi les chanceux à dormir dans le gîte d’à-côté, beaucoup plus luxueux cela dit. La soirée passée à discuter avec les autres membres du groupe est sympa, mais n’a pas grand-chose d’authentique !
Un des Bouddhas (très) modernes de la pagode Vinh Trang
Agréable balade nautique ombragée
Un sac de sacs
Jour 2
Levés tôt pour visiter le fameux marché flottant de Can Tho, nous reparcourons le bras de rivière de la veille en sens inverse, avec 24 personnes et 24 gros sacs dans la pirogue pleine à craquer. Changement de bateau pour faire le tour du marché, qui est effectivement intéressant. De larges embarcations vendent en gros un à deux produits spécifiques, clairement indiqués via un échantillon suspendu en haut d’un mât en bois, à des acheteurs individuels qui les accostent avec leurs plus petites barques. Ces acheteurs revendront ensuite fruits et légumes, soit sur la terre ferme dans un marché local, soit… directement aux bateaux de touristes comme le nôtre qui tournent autour du spectacle ! Malgré ces « pirates » qui nous abordent, l’ambiance n’est pas trop dénaturée et le marché flottant reste impressionnant et authentique. Les autres arrêts imposés (usine de pâtes de riz, jardin de fleurs et d’arbres fruitiers) sont moins désagréables que la veille, et cette 2ème matinée nous laisse de bons souvenirs.
Après un déjeuner « libre » à Can Tho dans un restau imposé – durant lequel nous zapperons le plat de rats au menu pour un plus classique riz frit – nous faisons la route en bus jusqu’à Chau Doc. Aperçu rapide de la Montagne Sam, visite en barque du parc naturel Tra Su et sa jolie mangrove en zone protégée qui accueille de nombreux oiseaux, ponctuent une belle deuxième journée sur le delta.
La vue à l’aube depuis notre homestay
Réflexion le long des canaux
Les emplettes au marché flottant ont été bonnes !
Jour 3
A Chau Doc, rebelote : nous nous réveillons tôt pour visiter tour à tour un marché flottant (modèle réduit de celui de Can Tho), une ferme à poissons sur pilotis et un petit village musulman Cham connu pour son atelier de tissage. Bien que l’enchaînement de visites soit un peu trop chronométré, nous sommes déjà plus éloignés d’Ho Chi Minh City et de la majorité des touristes, ce qui laisse une impression plus personnalisée.
De là, nous aurions pu comme d’autres prendre un ultime ferry pour traverser la frontière par voie fluviale et rejoindre Phnom Penh, la capitale cambodgienne, et cela aurait été plutôt cool 😉 Mais il sera dit que nous ne ferons pas les choses comme tout le monde jusqu’au bout, et nous repartons en van vers le sud, direction Ha Tien, porte d’entrée vers le sud du Cambodge. Notre tour incluant le transfert de bout-en-bout, la traversée de la frontière « escortée » par une représentante de l’agence locale se transforme en racket organisé. Aux 30$ de visa s’ajouteront la « taxe » de 5$ pour les officiels cambodgiens, 2$ pour l’agence et 1$ pour le « médecin » qui délivre un bout de papier jaune après avoir pris notre température avec une machine qui ne marche pas (ou alors, avec 35°C, on a de quoi s’inquiéter…). Voilà ce que ça coûte de ne pas avoir passé une demi-journée à préparer notre visa cambodgien à Ho Chi Minh City pour éviter cette mascarade et d’avoir à râler pour la forme. Mais nous sommes finalement bien contents d’avoir une demi-journée à Kep, d’être au Cambodge pour un mois, donc on ne va pas se plaindre non plus 🙂
Bilan : le delta du Mékong reste surtout intéressant pour ses marchés flottants, donc nous ne changerions probablement rien si c’était à refaire dans les mêmes circonstances. C’est plutôt l’ensemble de notre itinéraire vietnamien qui pourrait être repensé. Malgré nos (vives) critiques des tours organisés, nous avons été bluffés par leur organisation : notre groupe aura changé environ 10 fois de composition et 5 guides successifs se seront relayés pour nous faire arriver à destination, alors même que nous n’avions plus notre ticket pour Kep entre les mains depuis le milieu du 1er jour. Heureusement qu’il y a moins de flottement chez les tour-opérateurs que sur les marchés du delta ! 🙂
Le Mékong à Chau Doc
« Un cargo de bananes ? Mais bien sûr j’achète ! »
Une tisseuse traditionnelle Cham
Plus de photos du delta du Mékong, c’est par ici !
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Infos pratiques
Tour du Mékong : formule 3D/2N réservée à HCMC via l’agence An Phu. Le prix total de 70$ par personne se décompose en 42$ pour les 3 jours / 2 nuits avec retour à HCMC (que nous n’avons pas pris) + 3$ supplémentaires pour le nuit en homestay + 25$ pour le trajet entre Chau Doc et Kep au Cambodge. Une alternative pourrait être de se débrouiller par soi-même une fois arrivés à Chau Doc, ce qui permettrait peut-être de réduire les coûts de transport et de passage de frontière. Intéressant toutefois de constater que ce tour « sur-mesure » reste abordable, bien qu’il ne soit pas proposé tel quel par les agences de HCMC.
Hôtel :
- Can Tho : auberge Minh Viet, situé à 40 minutes en bateau à moteur au sud de la ville de Can Tho. Le gérant est sympathique, le dîner vraiment préparé par sa famille et le cadre au bord de l’eau est très agréable – même si la capacité d’une vingtaine de chambre dénature un peu le concept de « chez l’habitant ».
- Chau Doc : hôtel Thuan Loi sans aucun charme, bien que recommandé dans certains guides de voyage. Seule la terrasse avec la vue sur le Mékong au petit matin vaut le coup (l’omelette avec un seul œuf en guise de petit-déjeuner, beaucoup moins !).
Je suis à jour des nouveautés ! C’est extra que nous faire partager cela. Merci.
Bonjour les deux
Je ne suis jamais bavard mais j’essaye de vous suivre ….
Je garde un très bon souvenir du Mékong, Jacqueline avait été très malade elle avait bu une boisson avec des oeufs de grenouilles et petits tétards … pas bien.
DIDIER