Nous voici désormais à Hoi An, probablement la petite ville la plus charmante du centre du Vietnam ! Les pieds dans l’eau, elle fut un port majeur d’Asie du Sud-Est pendant près de 400 ans… jusqu’à ce que la rivière qui l’irrigue s’envase, empêchant par la même occasion les navires asiatiques, européens et américains d’accéder aux docks ! Abandonnant alors l’hégémonie maritime de la région à Da Nang, Hoi An s’est figée dans le temps et fut très peu impactée par la Guerre du Vietnam, ce qui en fait aujourd’hui une charmante petite cité portuaire sortie tout droit du XIXème siècle… les flots de touristes en plus 🙂
C’est d’ailleurs sous le déluge que nous arrivons dans cette ville d’eau. Pour la première fois depuis le début de notre voyage (il y a déjà 2 mois et demi !), nous sommes trempés dès la sortie du bus. Notre recherche d’hôtel n’en est que plus ardue, sans parler du fait que nous sommes… le 24 décembre : beaucoup d’hébergements sont complets, les autres chers. Nous finissons par dégoter une chambre dans un Home Stay plutôt sympa, dans une toute petite rue, au calme loin des voitures. Il est l’heure de déjeuner, et nous nous consolons de toute cette pluie avec une brochette de plats typiques du Centre : des banh vac ou « white rose » (sorte de dumplings à la crevette en forme de fleur avec des oignons frits), des wontons façon nachos et du cao lao (soupe de nouilles au porc).
Cuisine de Hoi An
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Malgré ce premier après-midi pluvieux, nous prenons notre courage (et notre K-way !) à deux mains et partons visiter la ville. Tout le vieux centre de Hoi An est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et une vingtaine de bâtiments se visite spécifiquement. Pour cela, il faut acheter une sorte un ticket d’entrée dans la ville, qui autorise 5 visites « payantes » différentes en plus des sites gratuits.
Entre les nombreux magasins de souvenirs et boutiques de tailleurs sur mesure, nous repérons assez facilement les maisons d’influence chinoise ou japonaise, héritées des marchands nord-asiatiques qui séjournaient à Hoi An. Poussés vers la côte vietnamienne au printemps par la mousson, ils ne repartaient généralement que 4 mois après, quand les vents du sud recommençaient à souffler au début de l’été ! Nous arpentons donc un mignon petit pont couvert japonais, les Hall d’Assemblée du Fujian et du Chaozhou (deux régions de Chine), la vieille maison Tan Ky ou encore la chapelle privée de la famille Tran, tous fortement imprégnés de la culture de leurs occupants de l’Empire du Milieu ou du Soleil Levant. L’ensemble est vraiment mignon, mais peu surprenant pour nous qui connaissons bien la Chine (l’effet est sans doute encore plus fort pour les touristes qui n’y sont jamais allé). Intéressant aussi de noter que la rivière en crue inonde presque chaque année la ville de Hoi An, et que le niveau d’eau peut atteindre 1m50 dans la plupart des maisons : heureusement que le bois choisi pour les meubles est résistant !
Pour notre dîner de Noël, nous avons la chance de déguster notre meilleur repas du voyage à Nu Eatery, un restaurant de cuisine vietnamienne résolument fusion. Mini-burgers à l’asiatique, salade calamar-pamplemousse-pois chiche-beurre de cacahuète, nouilles viets façon bolognaise, plat de poulet et riz rappelant le bibimbap coréen… Bref, un superbe moment qui nous a (presque) fait oublié l’absence du foie gras et des boîtes de chocolat 🙂 Une petite marche de digestion dans le Hoi An nocturne nous donne même l’occasion de dénicher quelques souvenirs.
Traces de l’influence chinoise à Hoi An
Lanternes & pont couvert japonais s’illuminent au crépuscule
Le lendemain, excursion à la journée vers My Son, à 50 km de Hoi An, qui abrite les ruines Cham les mieux conservées du pays. L’homographie avec l’anglais équivalent de « mon fils » fait que beaucoup de gens prononcent (mal) le nom du site : c’est donc bien « mi sun » et non « maï sonne » que nous visitons, signifiant « belle montagne ». Comme partout au Vietnam, il est beaucoup plus économique et simple de se laisser porter par un tour organisé, et les contraintes de temps et de distance ne nous laissent guère d’autre option que de nous plier à cette règle du jeu sur la route « banana pancake » (surnom de l’axe ultra-touristique Hanoi – Ho Chi Minh City). On nous entasse donc de bon matin dans un bus rempli de voyageurs aux profils un peu moins backpackers que les nôtres, notamment des familles ou personnes âgées en tour organisé « Le Vietnam en 2 semaines » : on est définitivement en pleine période des vacances de Noël. Cela dit, le guide est assez drôle et parle bien anglais, malgré sa voix encore éraillée du réveillon de la veille, donc ça pourrait être pire 😉 A l’arrivée, se disant que nous n’étions pas encore un assez gros troupeau, les organisateurs ont eu la brillante idée de fusionner deux bus en un seul groupe ! Nous sommes donc une cinquantaine– sans parler des autres groupes – à envahir les ruines à la queue leu leu. Heureusement, on a pour une fois le droit à la voiturette électrique 🙂
Les ruines de My Son datent du VIIIème au XIIIème siècle et furent bâties par un peuple aux mêmes racines que ceux à qui l’ont doit les temples d’Angkor au Cambodge ou encore ceux de Borobudur et Prambanan en Indonésie. Redécouvertes par les Français au XIXème siècle, elles doivent leur pitoyable état actuel aux bombes américaines, qui ciblaient (plus ou moins bien) la base Viêt-Cong qui se cachait là. Toutefois, la résistance au temps des structures en brique originales reste impressionnante, bien plus que celle des restaurations déjà toutes moussues. La technique utilisée par les Champas pour construire des temples en briques aussi solides sans ciment ni joints fait même encore débat au sein de la communauté archéologue ! A l’exception des sites principaux B-C-D, les autres parties des lieux sont moins intéressantes car détruites ou trop reconstruites.
Ruines Cham (site B-C-D)
Admirez la finesse de la sculpture des briques
Visite toujours agréable en petit comité
Notre facétieux guide nous a conseillé d’envoyer cette photo à la Maison Blanche…
Au retour, nous avons choisi l’option « bateau », donc le bus nous dépose à mi-chemin à un petit embarcadère. On en profite pour sympathiser avec un Anglais vivant en Nouvelle-Zélande qui voyage avec sa famille, pratique pour avoir des recommandations et bons plans pour l’une de nos futures destinations. Le déjeuner à bord est simple, roboratif et rapide à avaler, ce qui nous permet de lézarder sur le pont supérieur. En effet, le temps s’éclaircit enfin, et la magie d’An Hoi opère beaucoup mieux avec le soleil. Les murs jaunes des maisons s’harmonisent joliment avec les coques colorées des bateaux et le vert des palmiers. On en profite pour jeter un œil à quelques dernières demeures chinoises : maison communale Cam Pho, vieille maison Quan Thang (très similaire à Tan Ky), temple Quan Cong. Et c’est reparti pour une nuit de bus vers Nha Trang !
Le soleil ressort, les chapeaux pointus aussi !
Solution inventive pour planter des bâtons d’encens & déposer des offrandes
A Hoi An, les bateaux ont des yeux
Façade de la vieille ville
Au revoir !
Plus de photos de Hoi An, c’est par ici !
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Infos pratiques
Transport :
- Depuis Hue : au moins 3 bus par jour avec la compagnie que nous avons prise, mais il y en a d’autres avec des horaires légèrement différents. Départ à 8h, trajet d’environ 3h30, 80 000 VND.
- Vers Nha Trang : même principe. Départ à 18h dans un bus-couchette, 12h de route et arrivée à Nha Trang à 6h le lendemain, 200 000 VND.
Hôtel : pension familiale Hong Cong dans une toute petite ruelle juste au-dessus de D. Hai Ba Trung (nord de la vieille ville). Chambre claire et propre à l’étage, 230 000 VND (équivalent 10 USD) après négociation.
Visite de la ville : il n’est pas très clair s’il est permis de se promener dans les rues du Vieux Centre et de visiter les sites gratuits sans billet, mais il y a peu de contrôles. Le plus simple reste quand même d’acheter un ticket (120 000 VND), qui inclut 5 coupons pour visiter au choix certaines des 22 attractions (maisons, halls d’assemblée, musées ou chapelles) de la ville et traverser sans problème le pont couvert japonais dans un sens et dans l’autre.
Excursion à My Son : deux options sont proposées par toutes les agences de la ville. La première, avec trajet retour en bus sans déjeuner, est la moins chère (5-6 USD), entrée du site de My Son exclus. La seconde, avec trajet retour (partiellement) en bateau et déjeuner inclus, coûte généralement 2-3 USD de plus. Avec un peu de chance et de négociation, nous avons eu la deuxième option pour 150 000 VND (un peu moins de 6 USD). Cela est valable pour le transport et le déjeuner optionnel seulement : il faut rajouter 150 000 VND pour entrer dans le site de My Son.