Quel nom plus évocateur que celui de Shangri-la ? La Chine a fait une très beau coup marketing en déclarant un jour que le paradis terrestre, tel que notamment décrit dans le livre Horizon perdu de James Hilton, se trouvait dans le Nord du Yunnan, dans la ville de Zhongdian, qui fut promptement renommée Shangri-la en… 2001 !
Nous arrivons par le premier bus de Lijiang ce matin et notre sensation initiale en posant le pied à terre est de retrouver cet air sec et froid des plateaux tibétains que nous avons connu dans le Nord du Sichuan (autour de Songpan et Langmusi). Heureusement, le soleil brille et nous découvrons d’abord la partie moderne de la ville, assez poussiéreuse, et à l’architecture vaguement inspirée de motifs tibétains avec plus ou moins de succès. Nous prenons le bus le plus lent du monde pour rejoindre la vieille ville, il met 20 min pour parcourir les 2 km qui nous séparent du centre, nous aurions fait aussi vite à pied !
L’expression « hors saison » prend tout son sens alors que nous parcourons les rues désertes mais bordées d’auberges, cafés et restaurants en tous genres, clairement orientés vers une clientèle touristique relativement aisée. Nous dénichons assez vite une grande chambre autour d’une jolie petite cour et ressortons nous promener.
La « vieille » ville est plutôt décevante : un incendie ayant ravagé le centre en 2014, la plupart des bâtiments sont flambants neufs ou en cours de reconstruction. Beaucoup de boutiques étaient fermées lors de notre passage, sans doute trop tard dans l’année, donnant un peu l’impression d’une ville morte… Dans les rues plus éloignées, quelques bâtiments de style tibétains subsistent et les rayons du soleil rendent la balade agréable. Nous montons les quelques volées de marche du monastère Guishan Si ; situé sur une colline, il surplombe la ville et offre une belle vue sur les toits de tuiles grises environnants. Autre curiosité, un gigantesque moulin à prières qui contiendrait 100 000 petits moulins brille dans la lumière de l’après-midi : nous nous mettrons à plus de 10, avec d’autres passants, pour réussir à le mettre en mouvement !
Maison de style tibétain
Les toits de la vieille ville
Une courte balade nous conduit au Temple des Cent Poulets au sud-ouest de la ville. Un joli petit pavillon est entouré de drapeaux de prière qui claquent au vent, nous profitons du panorama sur la ville sous différents angles au cours de la montée. Arrivés au temple, celui-ci ne semble aujourd’hui héberger que quelques moines et un chien, pas de poulets en vue.
En regardant le temple Guishan Si et son énorme moulin à prières!
Pavillon et drapeaux de prière
Le lendemain, nous nous levons un peu tard et partons à pied dans la ville nouvelle, découvrant une ville bien plus vivante entre artères commerçantes, petits marchés, réparateurs de voiture… Nous arrivons après environ 1 heure à l’entrée du monastère Gompa Ganden Sumtseling mais ne pouvons contourner par la colline proche pour un aperçu du site sans y entrer. Compte tenu du prix exorbitant de l’entrée ainsi que de l’ambiance artificielle qui se dégage du bâtiment officiel de billetterie et du petit système de navettes qui conduisent au temple, et ne souhaitant pas altérer nos beaux souvenirs du bouddhisme tibétain et de ses monastères vivants à Langmusi et Labrang, nous abandonnons et rebroussons chemin.
A la place, nous partons pour une petite randonnée dans les collines à l’Est de la ville. Nos mollets sont encore douloureux de notre difficile boucle sur le Mont Emei, mais nous prenons peu à peu de la hauteur à travers les pins et apprécions le paysage : la vieille ville est lovée entre des collines et le méandre de la rivière, alors que la ville nouvelle s’étend plus loin dans la vallée, et tout au nord, nous apercevons le Gompa Ganden Sumtseling. D’ici, il ressemble à un mini-Potala et nous nous demandons si nous avons fait le bon choix en faisant l’impasse dessus… Nous continuons à grimper jusqu’au atteindre le sommet, où sont disposés des cairns et attachés de nombreux drapeaux de prière. Nous descendons par l’autre versant où la pente est plus douce et se termine par une grande prairie. Nous atteignons un petit col où se trouvent deux stupas et grimpons rapidement sur la seconde colline pour un point de vue légèrement différent, puis revenons à la ville. Ce bol d’air frais nous a fait du bien et est un bon exercice de décrassage pour nos muscles fatigués. Nous dînerons d’un bon plat tibétain de porc fumé puis tranché et revenu avec des légumes, avant de nous reposer en vue de la grande randonnée du lendemain : les Gorges du Saut du Tigre !
Le stupa marque le col entre les deux collines
En haut de la colline
Le monastère Ganden Sumtseling, vu de loin
En somme, plutôt déçus de cette étape, surtout après les villes, paysages et populations semblables mais tellement plus vivantes du Nord du Sichuan. L’attrait de la région est peut-être ailleurs, dans d’autres excursions pour découvrir les alentours, mais la saison ne s’y prêtait pas. Shangri-la reste néanmoins facilement accessible depuis Lijiang et donne un avant-goût (quoiqu’un peu factice) du Tibet et du bouddhisme tibétain.
Plus de photos de Shangri-la, c’est par ici !
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Infos pratiques
Hôtel : Sangajoy Inn. Chambre double spacieuse, eau chaude aléatoire, 60 RMB.
Restaurant : Helen’s Pizza fait de vraiment bonnes pizzas et un bibimbap très correct.
Transports :
- Bus de Lijiang à Shangri-la à 7h30, durée 4h30, 58 RMB.
- En ville, Bus 7 de la gare routière à la vieille ville. Bus 3 de la vieille ville au monastère.
- Bus de Shangri-la à Qiaotou à 8h, durée 2h30, 35 RMB.
Balades :
- Temple des Cent Poulets : monter par l’arrière de la vieille ville, au sud-ouest, le sentier est assez large puis rétrécit. Passer un petit pavillon délabré puis suivre les marches jusqu’au monastère (30 min aller-retour).
- Collines à l’est de la ville : voir la très claire description sur la page Wikitravel de Shangri-la (boucle de 2h30 pour nous).