Vers Tongariro
C’est sous un grand soleil que nous quittons Wellington, la météo est un peu en avance. La route via la SH1 vers le Nord est roulante et légèrement vallonnée. Notre premier arrêt se fait à Palmerston North, où nous visitons le musée du rugby. Ce musée retrace l’histoire de ce sport depuis ses origines : le jeu actuel serait un mélange d’un sport traditionnel maori qui se jouait avec des balles tressées et du football introduit par les colons anglais au 19ème siècle. Suit l’histoire de l’équipe des All Blacks à travers les décennies, leur tributs aux 2 guerres mondiales, les premières grandes confrontations avec les autres équipes internationales, et enfin la coupe du monde en 2015. Un espace aménagé au milieu de l’exposition permet de s’essayer à différents petits challenges physiques qui nous amusent un moment : course de vitesse, transformation d’essais, plaquage de gros rouleaux en mousse, saut en hauteur et mêlée. Ludique et informatif !
Le sifflet qui sert à toutes les ouvertures de coupe du monde, et revient au musée à chaque fois !
Transformations !
Deuxième étape à Whanganui : petite ville charmante qui préserve son héritage architectural commercial riche et fait une belle balade sous le soleil. C’est aussi le centre national pour les souffleurs de verre et une galerie présente les œuvres très fines de plusieurs artistes. En contrebas, deux souffleurs travaillent sous nos yeux, chauffant le verre et le façonnant de plusieurs manières : en le roulant sur une table en métal, avec des pinces chauffées, directement avec la main en utilisant un chiffon mouillé. Dernier arrêt tout en haut de la colline qui fait face à la ville, nous montons les 180 marches de la tour mémorial et profitons d’une superbe vue panoramique sur la ville, la campagne alentour, et au loin les montagnes vers lesquelles nous nous dirigeons ce soir. Curiosité, nous traversons un désert avant d’arriver à notre camping pour la nuit : point de sable ici, mais la végétation basse est effectivement spécifique. Le soleil est couché et le ciel rougeoie encore alors que la lune pleine monte et que les étoiles se mettent à briller : pas un nuage ce soir, espérons que ce beau temps se maintienne demain pour la grosse journée de marche qui nous attend !
Les mains de ce souffleur de verre doivent être presque insensibles à la chaleur
Galerie de verre
Sur les quais de Whanganui
Tongariro Alpine Crossing
Souvent classée comme « plus belle randonnée à la journée de Nouvelle-Zélande », voilà quelques données sur la traversée de Tongariro :
- Le chemin principal traverse plusieurs cratères et deux aller-retours additionnels optionnels sont possibles : l’ascension du Mont Ngauhuroe (alt 2291 m) et celle du Mont Tongariro (alt 1967m). Nous n’avons fait que la première et les données relatives à cette option sont marquées d’une étoile ci-dessous (*).
- Distance totale : 23,4 km (dont 4 km*) ; Dénivelé positif : 1367 m (dont 631 m*) ; Dénivelé négatif : 1767 m (dont 631 m*)
- Durée de marche effective : 7h50 (dont 2h20*) ; Durée totale sur le chemin : 9h35
Le réveil sonne, il est 5 heures. La nuit a été rude car courte et très froide. En effet, alors que nous ouvrons la tente, le double-toit est tout rigide : il a gelé ! Branle-bas de combat, il faut donc dégivrer la voiture tout en rangeant la tente gelée, nous habiller en tenue de randonnée et partir à la lueur de la lune et des étoiles (et des phares !) pour rejoindre le parking de Ketetahi à 30 minutes de là. Quand nous arrivons le parking est déjà plein et la file de voitures garées sur le bas-côté remonte loin, nous prenons un petit déjeuner rapide (le café tiède c’est pas terrible) et allons prendre notre navette qui nous conduit à Mangatepopo. Cette randonnée est en effet une traversée et non une boucle, nous laissons notre voiture à l‘arrivée et nous faisons conduire au départ !
Nous commençons à marcher à 7h, le soleil est tout juste levé et la grande vallée herbeuse que nous suivons tout d’abord est encore à l’ombre de la montagne. Le ciel est complètement dégagé et les lueurs de l’aube sont superbes. Le froid est mordant et nous nous couvrons bien vite : doudounes, gants et bonnets seront de la partie aujourd’hui ! Le chemin longe un petit ruisseau clair qui saute entre les rochers, serpentant à travers la basse végétation montagnarde : de la mousse, des herbes basses, quelques fleurs. Après une heure, nous atteignons la source de ce ruisseau, qui porte le nom de Soda Springs, sans doute en raison de l’aspect aéré et plein de bulles du filet d’eau qui coule largement réparti sur plusieurs rochers.
Grand ciel bleu au petit matin
Il fait un peu frisquet, non ?
Suit Devil’s Staircase (« l’Escalier du Diable), une suite de pentes douces et petits escaliers en bois qui nous conduit en 30 minutes dans le cratère Sud : nous ne lui trouvons rien de très diabolique. Ce très grand cratère est partiellement effondré et difficile à percevoir dans son intégralité depuis ce premier point de vue situé à sa base. A droite part la bifurcation vers le sommet du Mont Ngauruhoe. Cette ascension commence gentiment tant qu’il y a de la végétation, le chemin est légèrement sablonneux et monte doucement. Se profile ensuite la partie ardue dans des pierriers volcaniques : pour nous aider nous rejoignons un peu à gauche une coulée de lave solidifiée assez récente qui offre quelques points d’appuis mais reste glissante et pleine de roches instables. Comme nous sommes parmi les premiers, nous avons la chance que personne ne descende pendant notre ascension, ce qui évite les croisements (et minimise les chutes de pierres…). Nous atteignons enfin un premier cône mais il reste une centaine de mètre de dénivelé à faire dans une véritable poussière de roche, où le terrain glisse sous nos pieds. Nous redescendons presque trois quart de chaque pas : l’effort fait pour gravir ces derniers mètres est un excellent exercice cardio ! Enfin en haut, le cratère noir et gris s’offre à nos yeux ; mais c’est en se retournant que le plus beau panorama se révèle : devant nous, le Mont Tongariro et les différent cratères que parcourt cette randonnée, plus loin des lacs et d’autres montagnes, en ce jour si dégagé nos regards portent très très loin ! La descente dans les pierriers se révèle encore plus périlleuse que la montée et nous chutons à plusieurs reprises, heureusement amortis la plupart du temps par le sable volcanique. Des rochers sont régulièrement délogés par les randonneurs descendant et dévalent la pente à toute vitesse, les gens se préviennent mutuellement en criant « Rocks ! », l’un d’entre eux nous évite de peu, une bonne frayeur mais pas de dégâts !
Il doit y avoir une belle vue de là-haut …
… pas mal, en effet, le Mont Ngauruhoe !
Retour au cratère Sud, nous entreprenons sa traversée : le paysage est lunaire de part et d’autre et le sentier bien plat, nous sommes au fond du cratère. A droite, une légère côte nous permet d’atteindre un lac de cratère de couleur verdâtre, puis nous attaquons la dernière montée de la journée pour atteindre le bord de l’impressionnant Cratère Rouge. Nous pique-niquons assis au soleil sur une touffe d’herbe, devant nous les splendides couleurs du cratère, du rouge au jaune en passant par toutes les teintes de marron, blanc et noir, et dans notre dos les Monts Ngauruhoe et Tongariro, quelle vue ! La descente se fait dans la poussière volcanique, et au détour du chemin nous tombons sur les 3 lacs émeraude en contrebas : leur couleur est due au souffre dilué dans l’eau, dont nous sentons également la présence au sens propre… des odeurs d’œuf pourri nous assaillent et nous accompagnerons tout au long de cette pente !
Ils ne se sont pas trop fatigués pour nommer les lieux : voici le Cratère Rouge …
… les Lacs Emeraude …
et le Lac Bleu !
Le temps se couvre un peu alors que nous remontons quelques mètres pour découvrir le lac bleu. Plus grand et beaucoup plus sombre que ses petits voisins, ce lac semble aussi plus paisible (et moins fréquenté !). Voilà que nous amorçons la grande descente : la première heure se fait à flanc de pente et avec une végétation basse similaire à celle du début de la journée. A notre droite, aussi loin que porte le regard, des forêts, collines et lacs qui scintillent dans le lointain. Plusieurs fois, des fumerolles blanches sortent de la paroi, nous rappelant que cette rando se fait dans une zone volcaniquement active ! Encore 1h30 dans une végétation plus haute, puis carrément de la forêt, et nous débouchons sur le parking du matin, après une bonne journée de 9h30 sur la piste ! Nous retournons au camping de la veille, ce soir beaucoup moins occupé qu’hier et passons une deuxième nuit très froide.
Vues sur la vallée et le lac de Taupo
Ici aussi, ça fume !
Plus de photos de Palmerston et Wanganui, c’est par ici !
Plus de photos de Tongariro, c’est par là !
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Infos pratiques
Transport :
- De Wellington à Whanganui (en passant par Palmerston North) : 3h et 220 km
- De Whanganui à Tongariro : Par laSH4, 2h et 155 km. Celle-ci étant fermée, nous avons empruntée la SH1, 2h30 et 200 km, loupant la belle route de gorge mais passant par Desert road.
Hébergement :
- Camping DOC Waikoko : gratuit, grand espace pour garer les véhicules et petites baies herbeuses pour les tentes, abri pour cuisiner.
Visites / activités :
- Navettes : Tongariro Expeditions, 30 NZD / pers pour un aller simple entre le parking de départ et d’arrivée (ou réciproquement). C’est trop cher pour 30 min de route, mais toutes les compagnies sont au même prix…. Départs à 6h30, 7h30, 8h30 et 9h30. La meilleure option est de s’associer avec d’autres voyageurs ayant une voiture, et d’en laisser une de chaque côté.