Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, Lijiang est l’un des joyaux architecturaux du Yunnan. Avec ses canaux et ses maisons en bois aux toits de tuiles grises, cette jolie ville d’eau attire chaque année plus de 5 millions de visiteurs… à tel point que la foule de touristes (et donc de vendeurs de souvenirs) gâcherait dit-on la découverte de la cité. Alors, manque d’authenticité ou plaisir des yeux ? On vous raconte notre expérience 🙂
Lijiang (qui signifie « jolie rivière » en chinois) a eu beaucoup de chance au tirage au sort géologique. La ville est en effet alimentée en eau douce par plusieurs sources et ruisseaux qui descendent tout droit du mont enneigé du Dragon de Jade, tout proche. Résultat : la ville a toujours été une étape clé de la Route du Thé et des Chevaux, le pendant sud de la Route de la Soie qui a relié commercialement l’Inde au Laos en passant par la Birmanie et la Chine pendant plus de 2000 ans. Lijiang s’est donc forgé une histoire, une culture et une architecture spécifiques et raffinées.
Conscientes des atouts de la ville, les autorités chinoises ont employé les grands moyens pour redonner à Lijiang son lustre et son charme d’antan. Conséquence flagrante : on se croirait presque à Disneyland tant la vieille ville a l’air parfaite…ment refaite ! Le mauvais côté des choses, ce sont ces dizaines d’échoppes stéréotypées vendant bijoux, gâteaux à la rose, circuits touristiques et même tam-tams ! Ces derniers passent d’ailleurs le même CD en boucle, et le refrain de la première chanson restera longtemps gravé dans nos mémoires…
Néanmoins, la ville est loin d’être désagréable, et nous avons personnellement beaucoup aimé les 3 jours passés à Lijiang et dans les environs. Notre chance est probablement d’être hors-saison touristique, ce qui rend tout de suite les ruelles étroites beaucoup plus respirables. Malgré les grands travaux avant l’hiver (la plupart des rues du centre sont éventrées pour refaire les canalisations), la partie sud de la vielle ville près de laquelle nous logeons est relativement épargnée. Malgré son caractère ultra-touristique, Lijiang a conservé un peu d’authenticité, visible par exemple dans les groupes de 3 bassins qui parsèment la ville, toujours utilisés par les habitants : le premier pour l’eau potable, le deuxième pour laver les légumes et le dernier pour la lessive. Le joli marché Zhongyi, toujours au sud du centre-ville, est également très animé par la population locale qui vient quotidiennement acheter ou vendre ses fruits et légumes. Enfin, dernier vestige culturel intéressant : il y a à Lijiang une petite église, fondée par un missionnaire français assez audacieux pour tenter de convertir les chinois au christianisme. Pour nous, c’est le signe qu’on se rapproche lentement mais sûrement de l’ex-Indochine.
L’une des rues entrant dans la vieille ville
Les fameux toits en tuiles de Lijiang
Une habitante lavant son linge dans le 3ème bassin
La première église de notre voyage !
Autre jolie ruelle transversale
Les alentours de Lijiang recèlent également de belles surprises. Nous enfourchons donc nos vélos de location pour passer notre deuxième jour à explorer les environs. Après une heure de pédalage vers le nord, nous arrivons à Baisha par des chemins de traverse. Nous sommes d’abord surpris par ce petit village campagnard, aux ruelles pavées où le maïs sèche haut dans les granges. Des personnes âgées sont assises dehors, jouent au xiang qi et discutent, nous regardant comme si nous débarquions de la planète Mars : ils semblent aussi étonnés que nous ! Après quelques centaines de mètres, nous arrivons enfin au mini-centre de la ville : quelques cars de touristes, des vendeurs de babioles, une rue principale encombrée par le trafic, retour à la civilisation… Ancienne capitale du royaume Naxi jusqu’au XIIIème siècle, Baisha est surtout connue de nos jours pour les fresques anciennes qui décorent certains vieux temples et son activité de broderie, autrefois florissante et valant monnaie d’échange sur la Route du Thé et des Chevaux. Les tissages de Baisha cherchent aujourd’hui un second souffle via un programme de revitalisation de ce savoir-faire local.
Après un déjeuner en terrasse sur la placette centrale, nous repartons en vélo, toujours vers le nord et sur les flancs de la montagne. Le Monastère du Pic de Jade et les autres sites étant soit fermés, soit inintéressants, nous profitons de la très longue descente retour, dépassons Baisha par la route et atteignons Shuhe. Nous sommes séduits par ce village, sorte de Lijiang miniature, plus calme et ayant la particularité d’avoir de nombreux potagers en plein milieu de la vieille ville, le long du canal central 🙂 A noter, un petit musée de la Route du Thé et des Chevaux abrité par une belle demeure traditionnelle, où l’on apprend notamment que ce village, à l’instar de Baisha et ses broderies, était jadis spécialisé dans le commerce d’objets en cuir.
Granges, camions, maisons traditionnelles marquent notre entrée dans Baisha
Nous, près du col du Pic de Jade
Les chevaux de Shuhe ne servent plus qu’à acheminer du cuir dans le reste de l’Asie…
Bassins et potager du centre de Shuhe
Notre dernière matinée à Lijiang est consacrée au Parc de l’Etang du Dragon Noir, juste au nord de la vieille ville. Après avoir englouti un baba (pain-beignet plat, rond et frit) et traversé les rues désertes au petit matin, nous arrivons au parc sous un grand ciel bleu. Là, la magie opère : petits ponts et pavillons se reflètent dans l’eau claire, avec le Yuelong Xueshan en arrière-plan. Après avoir pris notre saoul de ce beau paysage, nous parcourons le musée de la culture dongba des Naxi. Les Dongbas étaient une sorte de chaman pour le peuple Naxi, de religion animiste et organisé en société matriarcale. Le plus étonnant est que les Naxis utilisent encore un alphabet de type hiéroglyphique, qui est l’unique et dernier exemplaire de ce genre d’écriture au monde ! La ressemblance est frappante avec d’autres systèmes de pictogrammes aujourd’hui disparus : babylonien, égyptien, maya…
L’Étang du Dragon Noir vaut le coup d’œil !
Et hop, un petit selfie-pavillon !
Exemple de manuscrit Naxi
Réflexion de nuages sur le lac
Au final, Lijiang a réellement dépassé nos attentes ! Nous qui cherchons et apprécions généralement être hors des sentiers battus, nous avons paradoxalement beaucoup apprécié cette ville et ses environs. Sans doute étions-nous contents de flâner tranquillement dans un joli cadre après notre intense randonnée des Gorges du Saut du Tigre. La faible fréquentation de fin novembre, le temps au beau fixe et la variété naturelle et culturelle de la région ont aussi certainement contribué à faire de cette étape très touristique un excellent souvenir !
Plus de photos de Lijiang, c’est par ici !
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Infos pratiques
Transport : la ville se parcoure facilement à pied. Depuis les Gorges du Saut du Tigre, voir notre article dédié. Pour se rendre à Jianchuan (sur la route de Shaxi), de nombreux bus partent le matin, puis à 13h30 et 15h. Le trajet dure 1h30, depuis la gare routière sud, 23 RMB.
Visites :
- Vielle ville et Parc de l’Etang du Dragon Noir : ticket obligatoire à 80 RMB, systématiquement contrôlé à l’entrée, au moins sur les heures ouvrables. A noter qu’il est difficile de grimper sur la colline de l’Eléphant (située dans le parc) : en raison de quelques agressions, le mont n’est désormais accessible aux touristes que par groupe de 4 personnes minimum (nous avons attendu un moment mais, aucun autre occidental n’ayant pointé le bout de son nez ce matin-là, nous nous sommes vus refuser l’entrée du sentier par les autorités).
- Pavillon du Souvenir et Résidence de la famille Mu : non visités car paiement additionnel exigé. On a préféré flâner dans les rues et découvrir les sites gratuits (bassins, marché Zhongyi, musées naxis…).
Tour à vélo : de bonnes bécanes disponibles chez Merinda, 30 RMB la journée. Ce loueur est situé sur Minzhu Lu, au sud-ouest de la vielle ville, près du grand carrefour qui permet de partir vers le nord de Lijiang. Sinon, il y a d’autres loueurs de vélos dans la ville nouvelle (sud et ouest de la vielle ville).
Nord de Lijiang :
- Baisha : village gratuit, site principal regroupant les temples et les fresques à 80 RMB.
- Nord de Baisha : les contreforts de la montagne regorgent de sites pseudo-touristiques payants et sans réel intérêt selon nous : Royaume Dongba, temple du Pic de Jade, zone scénique de Yushui, Village de l’Eau de Jade… Passez votre chemin !
- Shuhe : il y aurait un droit d’entrée de 40 RMB pour visiter la vielle ville, mais on ne nous a rien demandé…
Bonjour,
Votre blog est vraiment bien fait … et votre façon de voyager semble vraiment correspondre à la notre …
Nous aimerions donc bcp avoir vos avis sur nos questions …
Nous sommes une famille de 6 (mais avec seulement 2 de nos 4 enfants sur place) et devons faire des choix …
Dali : 3 pagodes plus Weishan et Weibo Shan sont-ils un must ?
Par rapport à un jour en plus à Shuhe (1.5 au lieu de 0.5) et un jour un plus à Yangshuo (3 au lieu de 2) ?
Bus ou Taxi à 4 avec peu de bagages ? pour moyennes distances style Lijiang to Shaxhi ?
Grand merci pour toutes les infos pratiques efficaces et complètes déjà glanées sur votre blog …
Cordialement
Nicolas