Iguazu – Des chutes en cascade !

Un petit quiz pour commencer : dans quel pays se situent d’après vous les cascades mondialement célèbres d’Iguazu ? Au Brésil ? En Argentine ? En réalité, la bonne réponse est… les deux ! La frontière entre ces deux voisins géants est en effet tracée exactement au milieu du Rio Iguazu, qui plonge brutalement d’environ 80 mètres de haut en atteignant la fin d’un plateau basaltique perdu au milieu de la jungle. Arrivant du Paraguay, voici une occasion rêvée d’ajouter 4 nouveaux tampons à notre passeport déjà bien rempli, et ce en moins de 24 heures !

 

  1. La porte d’entrée paraguayenne

Atteignant Ciudad del Este – située comme son nom l’indique à l’extrémité est du Paraguay – vers midi, nous disposons de quelques heures en ville avant de quitter définitivement le pays pour visiter les cataratas le lendemain. Nous en profitons donc pour nous rendre au barrage d’Itaipu, une centrale hydro-électrique cogérée entre le Paraguay et le Brésil. Si l’accès en indépendant au site n’est pas une partie de plaisir (bus difficile à trouver, arrêt à un embranchement au bord de la voie rapide, derniers mètres casse-tête pour les piétons), tout change dès que l’on pénètre dans le centre des visiteurs. Bienvenue dans l’antre d’une machine marketing bien huilée, au cœur d’installations ultra-modernes : locaux climatisés, multiples distributeurs d’eau fraîche, salle de cinéma privée… Nous commençons par assister à une projection de 30 minutes, seuls dans l’immense salle aux confortables sièges rouges ! Les chiffres mentionnés dans ce court-métrage sont frappants : construit en 1978, Itaipu est le deuxième plus grand barrage du monde derrière celui des Trois Gorges en Chine, mais le premier en termes de productivité énergétique annuelle : ses 20 turbines produisent 75% de l’électricité consommée au Paraguay et 15% de celle du Brésil ! Pas étonnant que l’ouvrage d’art figure sur le plus gros billet du pays, celui de 100.000 guaranis.

La suite de la visite s’effectue dans un bus de 50 places, flambant neuf… toujours seuls et toujours gratuitement ! Note guide (privé) nous conduit à un petit promontoire d’où s’observe la longiligne structure en béton et son environnement : barrage principal, déversoirs qui relâchent régulièrement le trop-plein d’eau, digue, lac de réservoir, centaines de poteaux et fils électriques. L’ensemble est impressionnant, bien que nous ayons du mal à prendre conscience des dimensions réelles de l’ouvrage, étiré sur 7,8 km de long pour « seulement » 200 mètres de haut. Rien à voir donc avec nos barrages en V dans les Pyrénées ou les Alpes. Le bus nous fait ensuite passer du côté brésilien, puis revient à son point d’origine via la digue principale.

Le lendemain, nous parcourons à pied les quelques centaines de mètres entre notre hôtel et le Brésil. Nous découvrons alors ce qui constitue l’essence même de Ciudad del Este, ville-frontière d’un pays en voie de développement en bordure de deux voisins beaucoup plus riches : un gigantesque marché de rue à l’asiatique, alignant pêle-mêle les stands vendant électronique, cigarettes, alcool et souvenirs en tous genres ; cet enchevêtrement d’échoppes étant régulièrement entrecoupé d’hôtels, restaurants et bureaux de change par dizaines. Encore un kilomètre à pied, puis nous franchissons le Puente de la Amistad, nous acquittons de quelques simples formalités administratives, et nous voici au Brésil !

Itaipu en exclusivité et transport privé !

 

Les déversoirs et la digue du barrage

 

Frontière très fréquentée à Ciudad del Este, puis sérénité sur le Pont de l’Amitié !

 

  1. Les chutes côté brésilien

En quelques pas, nous sommes passés dans le plus grand pays d’Amérique du Sud, à Foz do Iguaçu, et nos repères changent brutalement. Nous perdons temporairement 1h à nos montres et avons certaines difficultés pour trouver quelques reales, la monnaie locale. Mais surtout, les gens parlent portugais, et il est très perturbant au milieu de 6 mois en territoire hispanophone de passer une journée sans réussir à se faire comprendre ! Notre passage-éclair au Brésil nous apparaît bien loin des clichés qui lui sont habituellement associés : aujourd’hui, pas de soleil, pas de football, pas de samba ! C’est sous une bruine pénétrante que commence un marathon de transport urbain : un premier bus pris au hasard finit par nous laisser au terminal principal, puis un second nous emmène jusqu’à l’entrée du parc, avant qu’une dernière navette n’arrive enfin jusqu’aux cascades proprement dites ! Les chutes sont nichées au cœur du Parque Nacional do Iguaçu, un espace de forêt amazonienne dotée d’une faune abondante, en particulier de grands félins (jaguars, pumas, oncas) et mammifères (tapirs, tamanoirs, tatous), malheureusement trop discrets pour être aperçus. Mais ce sont les coatis qui sont les moins farouches, et plusieurs individus se promènent librement juste à côté de nous, fouillant le sol de leur long nez à la recherche d’insectes.

Le belvédère où nous a déposé le bus nous met d’entrée une claque : une vue panoramique des chutes d’Iguazu s’étend devant nous, presque féroces sous ce ciel bas et menaçant. Un bateau, minuscule particule, s’approche de la base de ces trombes d’eau pour en mesurer la hauteur en contre-plongée… et surtout le bruit ! Ce sont en effet des milliers de mètre-cubes aqueux qui s’abattent chaque seconde sur le lit de la rivière, qui poursuit ensuite son cours comme si de rien n’était. Les cataratas sont plus larges que nous l’imaginions, et des centaines de cascades s’étalent sur près de 3 kms. Les éléments se déchaînent, et nous sommes rapidement trempés malgré nos vestes imperméables (on en viendrait presque à envier la majorité des autres touristes qui ont investi dans un poncho !). Nous parcourons la promenade métallique jusqu’à la Gorge du Diable, qui nous amène juste à l’aplomb de l’une des cascades principales. Le nuage de brume d’eau qui s’en élève nous enveloppe d’une nouvelle couche humide, mais la pluie se calme enfin, et nous en profitons pour refaire le chemin à pied en sens inverse pour mieux profiter du paysage avant de sauter dans le bus pour Puerto Iguazu, en Argentine. Nouveau passage de frontière sans aucun souci, puis nous arrivons dans cette « ville » quelque peu artificielle, uniquement créée comme base de lancement pour découvrir et faire découvrir Iguazu. Nous trouvons rapidement une auberge de jeunesse pour notre courte étape d’une nuit, réservons le bus du lendemain soir et filons dans les bras de Morphée.

Impressionnant… et dommage qu’il vous manque le son !

 

On n’aimerait pas se retrouver dessous…

 

Un petit coati peu dérangé par la pluie

 

Vue vertigineuse depuis la Gargantua del Diablo

 

  1. Les chutes côté argentin

Le lendemain, nous prenons le premier bus tôt dès 7h20 pour éviter les groupes, direction le Parque Nacional Iguazu pour admirer les chutes version Argentine. De ce côté de la frontière, les infrastructures sont plus développées, l’entrée par conséquent plus chère… mais ils n’acceptent pas la carte bancaire, contrairement aux panonceaux indiquant le contraire : nous aurons souvent l’occasion de constater que, pour d’obscures raisons (fiscales ?), l’argent liquide reste roi au pays au drapeau albiceleste. Le ciel ensoleillé et la carte du parc décrivant une grande variété de chemins de randonnée « nature » permettant d’admirer de nombreuses cascades individuelles de très près laissent augurer d’une bonne journée !

Après une courte marche, nous prenons un petit train façon Disneyland depuis la station centrale jusqu’à celle proche de la Garganta del Diablo. Malheureusement, celui-ci ne part que toutes les 30 minutes, et c’est bien rempli de tours organisés qu’il s’élance après une longue attente ; notre plan pour éviter la foule semble avoir échoué… Nous courons presque sur le paseo de plateformes qui serpente juste au-dessus de la rivière, puis des chutes, pour disposer de quelques courts instants pour profiter sereinement de l’endroit. Les flots semblent disparaître comme par enchantement dans un trou circulaire, avant que le sourd gargouillis, les nuages d’eau qui s’élèvent et… les douches périodiques qui les accompagnent ne donnent une réalité plus concrète aux cascades ! De nombreuses hirondelles volent au milieu du gouffre, flirtant parfois dangereusement avec les murs d’eau qui déferlent violemment. Le spectacle est majestueux et dévoile une énième facette de ces chutes suivant un angle de vue encore différent. Nous fuyons avant l’arrivée de la foule et reprenons le train retour vers le centre du parc.

Deux autres chemins varient encore l’expérience. Le Paseo Superior d’abord, peuplé de nombreux coatis, qui offre de magnifiques vues depuis le plateau d’où tombent les chutes ; le Paseo Inferior ensuite, magique avec ses doubles arcs-en-ciel qui illuminent l’eau blanche de rais colorés en ce début d’après-midi. Les panoramas sont littéralement superbes, sans doute les plus beaux selon nous les deux parcs confondus. Après un dernier regard sur quelques petites cascades secondaires plus intimes, nous nous éloignons des cataratas. Le niveau de l’eau étant élevé, l’accès à l’Isla San Martin au milieu de la rivière est fermé, et nous ne pouvons donc nous y rendre. Nous nous rabattons néanmoins sur le Sendero Macuco, un agréable sentier ombragé dans la forêt. Malgré l’absence de vue ouverte, cela ne nous fait pas de mal de faire un peu d’exercice en vue de la Patagonie, et nous avalons sans arrêt les 7 kms aller-retour. Le bout de la piste nous permet quand même d’arriver en haut d’un petit « saut », le Salto Arrechea, et d’observer la jungle environnante qui n’est pas sans nous rappeler Rurrenabaque, en Bolivie. Epuisés par ces efforts physiques, nous succombons à une micro-sieste dans la navette retour, puis nous préparons pour le trajet nocturne à venir… jusqu’à la frontière uruguayenne cette fois !

La Gorge du Diable, fumante de vapeur d’eau

 

Quelques jolis oiseaux des parcs nationaux

 

L’une des nombreuses cascades dans son écrin de verdure

 

Du soleil et un double arc coloré en prime !

 

Un iguane craintif aperçu sur le Sendero Macuco

 

Faut-il visiter à la fois le côté brésilien et le côté argentin des Chutes d’Iguazu ?

C’est la question récurrente de la plupart des voyageurs dans cette zone d’Amérique du Sud. Pour nous, nous penchons clairement pour le « oui » ! Le passage de frontière entre les deux pays est une simple formalité, sans coût en termes de temps ou d’argent, et plusieurs opérateurs proposent des navettes traversant la ligne de démarcation de façon presque transparente. Surtout, les vues depuis les deux parcs et leur ambiance sont vraiment différentes. La magie opère aussi beaucoup mieux par beau temps ; vous multiplierez ainsi vos chances de bénéficier d’un jour ensoleillé en visitant les lieux deux jours consécutifs. Dernier argument selon nous : Iguazu est isolé du reste des sites d’intérêts du Brésil et de l’Argentine par plusieurs centaines de kilomètres de forêt ou de pampa : vous n’y reviendrez probablement pas de sitôt, alors autant en prendre plein les mirettes en une seule fois !

Dernière image à graver dans nos mémoires…

 

Plus de photos des Chutes d’Iguazu, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • D’Encarnacion (Paraguay) à Ciudad del Este (Paraguay) : les liaisons sont quotidiennement nombreuses, notamment le matin. Pour nous, départ à 6h du matin, arrivée à 11h30, pour 50 000 PYG par personne (légèrement négocié).
  • Vers et depuis le barrage d’Itaipu (Paraguay): prendre un bus direction Hernandarias (Transtur, Tacuru Pucu ou autre compagnie indiquée par l’office du tourisme tout proche), depuis l’extrémité nord du terminal de l’Arco Iris, deux blocs au sud-ouest du grand rond-point principal. Descendre à l’embranchement avant Hernandarias après environ 20 min de trajet. Prix du ticket de 3 500 PYG à l’aller, 2 500 PYG au retour.
  • De Ciudad del Este (Paraguay) à Foz do Iguazu (Brésil) : trajet effectué à pied! Une fois au Brésil, le bus public n°101 va jusqu’au terminal urbain pour 3,45 BRL. Le bus n°120 roule ensuite jusqu’au centre des visiteurs et guichets des cataratas où s’acquitter des droits d’entrée.
  • De Foz do Iguazu (Brésil) à Puerto Iguazu (Argentine) : la compagnie Rio Uruguay assure la liaison toutes les heures environ en s’arrêtant à la frontière pour permettre aux étrangers de tamponner leur passeport. Compter environ une heure en tout. Coût du trajet de 40 ARS aller simple par personne.
  • De Puerto Iguazu (Argentine) à Cataratas de Iguazu (Argentine): Rio Uruguay effectue la liaison tous les jours de 7h20 à 19h20 pour 150 ARS aller-retour par personne.
  • De Puerto Iguazu (Argentine) à Concordia (Argentine) : prendre un bus Crucero del Norte, normalement une compagnie sérieuse mais qui a eu plus de 2 heures de retard dans notre cas… Trajet d’une douzaine d’heures ; bus théoriquement à 17h30, mais parti vers 19h, pour une arrivée à Concordia à 7h30 le matin suivant. Prix fluctuant, souvent discounté, de 848 ARS dîner compris (incluant une réduction – incompréhensible – en cas de paiement par carte bancaire). Compter plutôt entre 1100 et 1500 ARS pour aller jusqu’à Buenos Aires.

Hébergement :

  • Ciudad del Este (Paraguay) : tous les hébergements sont chers dans cette porte d’accès aux chutes d’Iguazu. Nuit à l’Hotel and Restaurante Austria pour 120 000 PYG la chambre double, environ 50% du tarif normal car nous avons dormi… dans une pièce dans le garage ! Pas de blague sur le petit-déjeuner buffet inclus cependant, qui est excellent !
  • Puerto Iguazu (Argentine) : Garden Stone Hostel, une valeur sûre et bon marché. Salle de bain commune propre, grand espace cuisine pour faire sa popote et personnel très sympa. Prix de 180 ARS par nuit par personne dans un dortoir de 3 lits où nous n’étions que 2.

Visites / activités :

  • Barrage d’Itaipu : visite gratuite ! La seule galère est de s’y rendre ; le bus aller-retour coûte environ 6 000 PYG selon l’humeur du chauffeur.
  • Chutes d’Iguazu côté Brésil : entrée au parc à 63,3 BRL par personne, incluant la navette jusqu’à différents points de vue, mais pas les activités annexes de type bateau jusqu’au pied des chutes ou mini-safari en 4×4 dans la forêt. Intéressante possibilité de laisser son gros sac à dos dans un vaste casier à clé pour 30 BRL : pratique en cas de transit à la journée du Paraguay en Argentine !
  • Chutes d’Iguazu côté Argentine : entrée du parc significativement plus chère que son homologue brésilien, à 500 ARS par personne, mais justifié a priori par la qualité des infrastructures. Par contre, refus du paiement par carte bancaire, malgré tous les écriteaux qui imposent l’inverse. Vous êtes donc quitte pour retirer 2 000 à 2 500 ARS (environ 100 €), maximum autorisé par l’unique distributeur, moyennant des frais de 5-6 euros prélevés par l’ATM. Un petit scandale dans un pays qui se déclare développé comme l’Argentine…

 

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