Purmamarca & Salta – Sept couleurs et trois enfants

Nous traversons la Cordillère des Andes, qui sépare le Chili de l’Argentine, et arrivons au village de Purmamarca, au cœur de la célèbre Quebrada de Humahuaca. Cette région, carrefour des échanges entre les plaines du sud, les montagnes des Andes et les plateaux du centre  du continent, garde le témoignage de siècles d’habitation et de commerce.

 

Purmamarca

On se croirait débarqués dans le Far West : les petites maisons en terre s’alignent le long de rues poussiéreuses sur une dizaine de blocs, puis se font plus espacées avant de disparaître dans le paysage grandiose. Purmamarca est en effet une oasis au milieu de monts et plateaux extrêmement secs. La ville est d’ailleurs une destination touristique assez courue du fait de son attraction majeure : la montagne arc-en-ciel qui se dresse derrière elle.

 

La cour ombragée de notre hôtel

 

La fameuse montagne arc-en-ciel !

 

Nous en faisons le tour à l’occasion d’une marche d’environ une heure et trois kilomètres. Nous commençons par monter sur une première butte qui nous offre une jolie vue sur la ville : d’ici, nous repérons notre hôtel, son joli patio et vieux saule pleureur, alors qu’à l’arrière-plan se dresse la falaise de pierre colorée. Les divers métaux et leurs oxydes présents dans la roche à cet endroit expliquent les tons d’ocre, rouge, jaune, rose, violet, blanc et gris qui bariolent la montagne. Les couleurs sont d’autant plus frappantes qu’elles contrastent avec les reliefs environnants, gris plutôt foncé. Le chemin contourne ensuite la butte, offrant des paysages martiens à base de terre rouge et crevasses. Nous finissons la boucle par le cimetière de la ville, très animé en ce week-end de la Toussaint. Les tombes sont nombreuses à être décorées de fleurs abondantes, réelles ou en plastique, et les habitants semblent faire un pique-nique au sein même du lieu, discutent, rigolent, et célèbrent les morts d’une façon plus détendue et moins recueillie qu’en Europe, sans doute pour le mieux !

Nous grimpons ensuite de l’autre côté de la vallée pour avoir un autre point de vue, et profitons d’un panorama complet : la ville au pied de la montagne colorée, et la vallée et son fin ruban vert qui serpente jusqu’à perte de vue entre les imposantes masses rocheuses plus ternes. Le reste du village est rapidement parcouru : le sol en terre battue des artères, quelques jolies maisons à patio fleuri, la petite église d’adobe et la place centrale avec ses stands d’artisanat qui s’animent alors que débarquent les premiers cars de touristes à la journée. Il est temps pour nous de reprendre la route !

 

Sec, sec, sec …

 

Salta

Débarquer à Salta est pour nous un véritable choc : c’est la première « grande » ville de pays plutôt développé que nous rencontrons depuis des mois. Les magasins, les terrasses des cafés, les pâtisseries, et jusqu’aux feux de circulation semblent étrangement familiers…

Le centre de la cité est plutôt agréable, avec sa vaste place centrale arborée et bordée de bâtiments coloniaux bien restaurés, et les innombrables églises qui surgissent à chaque coin de rue, sur la moindre placette. Quelques-unes, en brique, ont un charme certain ; d’autres, à la façade baroque surchargée et trop fardée, ressemblent à un gâteau de mariage un peu lourd – les goûts et les couleurs ! – .

 

Plaza 9 de Julio et sa basilique

 

Clochers de Salta

 

Intrigués par la description de notre guide papier, nous nous aventurons jusqu’au musée d’art indigène. Un simple panneau sur la porte indique qu’il faut sonner pour découvrir cette collection privée. Un employé particulièrement enthousiaste nous accueille et nous décrit rapidement les différentes sections du musée, organisé par aire géographique en Amérique du Sud. De très belles pièces illustrent cet éventail de cultures, anciennes comme actuelles : poteries et bijoux précolombiens, parures, vêtements, masques, art religieux… Clou du spectacle selon notre guide : une analyse du syncrétisme religieux dans les églises et représentations artistiques à travers les Andes, qui montre notamment des archanges munis d’arquebuses, là où nos bons vieux Raphaël ou Michaël européens se contentent d’épées et de lances.

 

Masques inquiétants …

 

L’archange arquebusier

 

Le Musée d’Archéologie de Haute Montagne est quant à lui unique en son genre : il a été conçu entièrement autour de la découverte de 3 momies d’enfants au sommet du volcan Llullaillaco. Les corps congelés et très bien préservés grâce au froid et à la rareté de l’oxygène à cette altitude de 6740 mètres sont exposés alternativement. La visite commence par une présentation des croyances incas et l’explication du sacrifice de ces trois jeunes : deux filles et un garçon. Choisis dès leur plus jeune âge parmi les classes sociales les plus puissantes et élevés dans l’idée d’être un jour « élus » pour être offerts aux dieux, les enfants seraient allés jusqu’à Cusco pour recevoir la bénédiction des plus hautes autorités religieuses et de l’Inca avant d’entreprendre leur long voyage vers les sommets enneigés. Accompagnés de prêtres et d’une suite grandiose, ils gravirent probablement les pentes du volcan dans un état second, anesthésiés par la grande quantité de chicha (boisson alcoolisée à base de maïs) qu’on leur faisait boire, puis furent préparés pour être « déposés » avec des vêtements d’apparat et un ensemble d’offrandes. Ces objets sont présentés dans les premières salles du musée et hypnotisent par leurs couleurs vives et la finesse de leurs décorations : figurines en tissu et en plume, coiffes cérémonielles, vaisselle en métal… Puis nous avons enfin l’occasion de découvrir « le garçon », âgé d’environ 7 ans lors de son sacrifice, et sommes en effet frappés par l’état de conservation des vêtements, de ses cheveux bruns mi- longs et de sa peau : il semble comme endormi, assis recroquevillé, ses petits bras nus le long de ses jambes et la tête sur les genoux… On ne peut s‘empêcher de se demander ce qu’ils ont pu penser, ressentir, ce jour si spécial il y a 500 ans, en espérant qu’ils n’aient pas trop souffert…

 

Plus de photos de Salta et Purmamarca, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • De San Pedro de Atacama (Chili) à Purmamarca (Argentine) : un à deux bus par jour le matin. Pour nous, en partant à 8h20 le mercredi, nous sommes arrivés à 16h à Purmamarca.
  • De Purmamarca à Salta : prendre d’abord le bus jusqu’à Jujuy et enchaîner avec un second bus jusqu’à Salta (ils partent depuis le même terminal de bus). Prévoir une demi-journée de route tout compris.
  • De Salta (Argentine) à Asunción (Paraguay) : un bus par jour de la seule compagnie Flecha Bus va de Salta à Formosa, avec départ à 15h et arrivée à 6h du matin, pour un coût de 1190 ARS par personne. Après 6h d’attente au terminal de Formosa, un unique bus direct de la compagnie El Pulqui conduit à Asunción, avec départ à 12h35 et arrivée à 16h15, pour un coût de 261 ARS par personne. L’autre option depuis Formosa est de prendre l’un des bus fréquents pour Clorinda, la ville-frontière côté argentin, puis d’effectuer les formalités douanières par soi-même et reprendre un transport de l’autre côté.

Hébergement :

  • Purmamarca : Hotel Don Tomas dans la Calle Belgrano à deux blocs au nord de la place centrale, très basique mais le moins cher que nous ayons trouvé. Patio agréable, chambre rustique. Prix de 150 ARS par personne pour un dortoir de 5 lits (dans lequel nous étions seuls), salle de bains sur le palier.
  • Salta : Hotel El Lituano, calle Cordoba (entre calles San Juan et Mendoza). Chambre donnant sur une cour intérieure avec salle de bain commune propre. Petit déjeuner simple inclus. Cuisine à éviter… Wifi correct. Prix de 350 ARS pour une chambre double avec salle de bain commune, très bon marché pour Salta.

Visites / activités :

  • A Purmamarca, deux sentiers sont facilement accessibles depuis le village :
    • Boucle des montagnes colorées : courte marche d’environ 1 heure autour du mont aux 7 couleurs. Longueur 3 kms.
    • Mirador : de l’autre côté de la route nationale, opposé au terminal de bus, un sentier grimpe le long de la montagne jusqu’à deux petits points de vue sur la ville et les montagnes colorées derrière. Don symbolique demandé par le propriétaire du terrain à l’entrée du chemin.
  • Salta :
    • Musée d’art indigène (Museo Pajcha de Arte Americano) : collection particulière d’objets archéologique et ethnologiques, accueil chaleureux. Entrée 100 ARS par personne incluant quelques explications enthousiastes.
    • Musée d’Archéologie de Haute Montagne (MAAM) : trois momies d’enfants, congelées et magnifiquement conservées avec leurs offrandes rituelles, témoignent des sacrifices humains réalisés par les incas au sommet des montagnes andines. Vraiment intéressant. Entrée 100 ARS par personne.
    • Mont San Bernardo : accessible en téléférique ou par un chemin comportant de nombreuses marches (environ 45 minutes de montée). Vue sur la ville, pas immanquable mais la météo n’était pas de notre côté. Accès gratuit.

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