San Pedro de Atacama – L’oasis aux cactus

Notre mois en Bolivie touche à sa fin, et nous sommes sur le point d’entamer notre traversée vers l’est du continent qui doit nous mener en environ 3 semaines à Buenos Aires, à l’embouchure du Rio de la Plata, tout près de l’Océan Atlantique. Mais avant de quitter l’ouest des Andes, nous ne pouvons résister à une rapide incursion en territoire chilien : direction San Pedro, au centre du fameux désert d’Atacama, le plus aride du monde !

 

Notre arrivée au Chili est une innovation en soi, puisque c’est la première fois du voyage que nous changeons de pays pendant un tour organisé ! Après nous être réveillés à 4h15 et nous être émerveillés devant les ultimes splendeurs du Sud Lipez, notre chauffeur de 4×4 nous dépose vers 9h à la frontière chilo-bolivienne. Le nombre de jeeps qui s’entasse de ce côté de la délimitation entre les deux états est impressionnante : nous n’avions jamais vu autant de monde depuis trois jours ! Après un peu d’attente devant une misérable guérite, nous obtenons notre tampon de sortie moyennant une taxe de 15 bolivianos par personne (un peu moins de 2 euros). Est-ce vraiment officiel ? A priori non, et c’est la seule fois qu’on nous demande de l’argent pour des formalités douanières en Amérique du Sud. Mais ce tarif est tellement institutionnalisé – par les guides de voyages, les tours opérateurs et même notre chauffeur – que nous n’avons pas le courage de protester pour la forme comme à notre habitude… Après cette « offrande » au pauvre douanier isolé, nous faisons nos adieux à notre groupe qui repart vers Uyuni.

Notre minibus s’élance alors dans une sorte de no man’s land et nous fait au passage avancer nos montres d’une heure. Côté chilien, une route moderne et asphaltée, des panneaux routiers de qualité, des rambardes dans les virages dangereux : pas de doute, nous venons bien de changer d’univers. La ligne de macadam descend tout droit dans le désert, nous faisant perdre de l’altitude à vitesse grand V (de plus de 4800 mètres à 2400 mètres au-dessus du niveau de la mer). Au loin, une tâche végétalisée grossit progressivement au milieu d’un plateau désertique… Quand nous posons le pied à San Pedro, une première impression est frappante : il fait (très) chaud, alors que les températures étaient en-dessous de zéro il y a encore quelques heures ! Après les formalités d’entrée au Chili – effectuées en ville – nous découvrons le village d’adobe et le trouvons… ultra-touristique ! Les hébergements sont pleins et chers, car nous tombons pendant un long week-end chilien, et de nombreux touristes de Santiago et du reste du pays en ont profité pour visiter leur Nord. L’après-midi est utilitaire, notamment passée à nous renseigner auprès de quelques-unes des dizaines d’agences de voyages le long des petites rues de terre sur les attractions alentours. A l’instar d’Uyuni, toutes proposent les mêmes formules, et nous nous retrouvons à choisir principalement sur la base du critère prix et de la tête du vendeur…

Au revoir chère Bolivie, ce fut un plaisir de te rencontrer !

 

Les ruelles ombragées de San Pedro

 

Le triangle, symbole des montagnes protectrices de la cité

 

  1. Autour, les paysages lunaires

San Pedro est une bourgade minuscule : les sites d’intérêt y sont peu nombreux, mais c’est une base parfaite pour explorer le désert qui l’entoure. Quelques merveilles naturelles sont littéralement situées à la sortie de la ville, et nous passons deux jours à arpenter les plus proches à vélo. Nous explorons d’abord la Pukara de Quitor, en fait des restes d’une forteresse pré-inca du peuple atacameño. La chaleur et la sécheresse nous font payer notre manque d’exercice de ces dernières semaines, et nous souffrons un peu physiquement. La montée aux points de vue sur la colline brûlée par un soleil de plomb est exténuante. Les alentours sont arides, la lumière de mi-journée aveuglante. Mais cette grimpette aura eu une vertu : nous permette de constater à quel point San Pedro est une oasis de verdure au milieu d’un couloir désertique coincé entre deux cordillères. Vient ensuite la Vallée de Catarpe, une sorte de jolie gorge fertile creusée par un ruisseau entre deux falaises ocres, dont les flancs ont été progressivement sculptés par la pluie. Après un passage de rivière pieds nus, nous pénétrons dans Vallée du Diable (Quebrada de Chulakao), autre curiosité géologique. Un dernier coup d’œil à la petite église de San Isidro, puis à la forteresse pré-inca du Tambo de Catarpe qui offre un beau panorama sur la quebrada, et nous pouvons pédaler en sens inverse jusqu’à notre hôtel.

Un autre jour, nos deux-roues nous mènent jusqu’au fameux site de la Vallée de la Lune. Le trajet est égayé de nombreux sites naturels originaux. Parmi les plus marquants, nous retiendrons une balade de 20 minutes dans une caverne de sel, les curieuses pierres des « Trois Marias » qui semblent être sorties d’un tableau de Dali et le Mirador Achaches, sans doute l’un des points de vue les plus incroyables sur la vallée et le volcan Licancabur! Malgré les nombreux cars de touristes qui soulèvent un peu de poussière sur la piste, nous avons été bluffés par cette excursion et rentrons bien vite juste après le crépuscule, entre chien et loup.

Bel aperçu de la Vallée de Catarpe !

 

Prisonniers de la caverne de sel !

 

Daphné à toute berzingue dans la Vallée de la Lune

 

L’amphithéâtre au coucher du soleil (Valle de la Luna)

 

  1. Au sud, les lagunes du désert de sel

Pour cette exploration un peu plus lointaine, nous nous laissons porter via le confort d’un tour à la journée. Il est 7h du matin quand notre guide Victor vient nous chercher à notre hôtel en minibus. Accompagnés de 10 camarades Chiliens, et avec des explications 100% en espagnol sud-américain, nous visitons d’abord le Salar d’Atacama et la Laguna Chaxa. Bien que plus sec et plus terreux qu’Uyuni, cet ancien lac salin asséché reste impressionnant, notamment en raison des montagnes semi-enneigées environnantes, beaucoup plus proches. Ici aussi, de nombreux flamands roses émergent de leur nuit et commencent à farfouiller dans le sol à la recherche de leur petit-déjeuner. Le nôtre sera d’ailleurs servi quelques minutes plus tard à l’arrière du van, plutôt bon et copieux, sous un doux soleil matinal !

Nous traversons ensuite le hameau de Socaire. La visite de l’église donne à comprendre le mode de construction de la région, uniquement basé sur les matériaux locaux : les murs sont en pierre laparita extraite à quelques kilomètres de là ; la charpente en cactus « cardon » ou cactus de San Pedro, également connu pour ses propriétés hallucinogènes ; le toit en « paja brava », l’herbe vive de l’altiplano. La route jusqu’aux Piedras Rojas (« Pierres Rouges ») passe par un paysage à couper le souffle. La paja brava égaie le désert de ses reflets jaunes, les montagnes de trois cordillères se dressent majestueusement, des vigognes sauvages défient les lois de Mère Nature en ayant l’outrecuidance de survivre dans cet environnement hostile. Arrivés sur le site, un lac vert émeraude nous éblouit… autant qu’un vent glacial nous ébouriffe, nous faisant regretter la chaleur du minibus ! La vie sauvage est encore une fois surprenante ; les flamands roses et vizcachas (lapins sauvages) nous observent, indifférents.

La journée s’enchaîne avec plusieurs arrêts supplémentaires. Les Lagunas Altiplanicas de Miscanti et Miñiques n’ont rien à envier à leurs homologues boliviennes, et abritent également quelques espèces endémiques et oiseaux rares comme la tagua cornuda, observée aux jumelles. Nous revenons ensuite sur Socaire pour déjeuner : il est 15h30 et nos estomacs commençaient à trouver le temps long ! Sur la route de San Pedro, nous traversons le Tropique du Capricorne, découvrons les vestiges d’un chemin emprunté par les messagers incas, apercevons les observatoires astronomiques internationaux qui bénéficient ici d’un parfait combo altitude-sécheresse-latitude tropicale, et enfin la petite église de Toconao : une journée longue, mais d’une richesse visuelle époustouflante !

Chasse matinale dans la Laguna Chaxa

 

Extraits de paysages vers les Piedras Rojas

 

Mignonne Laguna Miñique

 

Animaux du désert : vizcacha, flamant chilien, vicuña !

 

  1. Au nord, les geysers les plus hauts du monde

Dernières pérégrinations autour de San Pedro, pour un réveil encore plus matinal : 5h15 ! Et devinez qui vient nous chercher au saut du lit, encore complètement endormis : Victor, notre guide de la veille, qui tourne lui aussi entre les différents tours proposés par son agence ! Nous sommes ravis de le revoir, car il est à la fois passionné et clair dans ses explications. Le rythme du véhicule nous permet de somnoler deux bonnes heures de plus avant d’arriver à Tatio. Au risque d’employer un énième superlatif, le panorama est impressionnant. Les fumerolles blanches des geysers sont parfaitement visibles dans l’aube naissante, raison pour laquelle tous les tours s’y pressent tôt le matin ! Nous profitons d’une promenade dans le froid et la fumée géothermique pendant 30 minutes. Les jets sortent de terre tous les quelques mètres, avec des toutes les tailles, couleurs, formats imaginables, de la simple fumée aux bulles d’eau. De par l’activité constante, la configuration du site change en permanence, et les gardes du Parc doivent redessiner les sentiers tous les quelques mois ! Le soleil illumine peu à peu les lieux, donnant un nouveau visage aux bassins bouillonnants… même si nous ne pourrons pas y faire trempette, la piscine étant fermée pour rénovation !

Après un petit-déjeuner sous l’œil attentif de mouettes qui n’en perdent pas une miette, nous revenons légèrement sur nos pas, nous arrêtant au Vado Retana, une zone marécageuse humide avec de nombreux oiseaux : canards, oies, tagua… Le petit village de Machuca, avec ses murs en adobe et son église pittoresque, est le dernier arrêt (trop) touristique de cette belle matinée, et nous sommes de retour à San Pedro pour la mi-journée.

Les Geysers del Tatio, à 4320 mètres d’altitude !

 

Bulles en tous genres

 

Contre-fumée

 

La Vado Retana, paradis des oiseaux

 

Faut-il visiter San Pedro de Atacama après le Salar d’Uyuni et le Sud Lipez en Bolivie ?

Cette question, que nous nous sommes posés comme de nombreux autres voyageurs visitant les deux zones, est effectivement légitime. Il est vrai que les deux régions sont géographiquement – et  géologiquement – très proches. Compte-tenu de l’éblouissement constant opéré sur  nous par les paysages boliviens, nous craignions que l’investissement conséquent en temps et en argent  pour parcourir la partie chilienne ait un goût de déjà-vu un peu décevant.

De notre point de vue, le désert de sel de l’Atacama est moins impressionnant que celui d’Uyuni, et les flamands roses de ses lagunes plus distants que ceux du Sud Lipez. Toutefois, le site de Piedras Rojas est très différent de la Bolivie et la magie y opère vraiment. Les autres lagunes de l’altiplano sont indéniablement belles, avec leurs caractéristiques propres. Pour finir, les geysers de Tatio sont beaucoup plus nombreux et étendus que ceux entraperçus le dernier jour du circuit au départ d’Uyuni. Ainsi, nous pensons que les sites boliviens et chiliens sont complémentaires, malgré quelques redondances. Notre capacité d’excitation était forcément un peu érodée après notre expérience à Uyuni, et peut-être que les environs de San Pedro en ressortent moins grandioses que s’ils étaient visités indépendamment.

Malgré cela, l’Atacama est une zone reculée, isolée au nord du Chili, difficile à atteindre sur des vacances en temps limité. N’étant pas certains d’avoir l’occasion d’y revenir un jour, nous ne regrettons pas les quelques dizaines d’euros supplémentaires dépensées autour de San Pedro, ne serait-ce que pour bien comprendre sa position géologique et pour le plaisir des yeux : l’Atacama nous aura finalement vraiment fait rêver !

Vers la Laguna Miscanti

 

Plus de photos de San Pedro de Atacama, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • D’Uyuni (Bolivie) à San Pedro de Atacama : le transfert était inclus dans notre formule 3D/2N du Salar d’Uyuni. Le passage de frontière a lieu entre 9h et 10h le troisième matin, avant que les autres touristes n’entament la longue remontée vers Uyuni. Transition effectuée sans souci avec l’agence White World Travel, que nous avions choisie car elle possède également des bureaux à San Pedro. Compter en général 50 BOB supplémentaires au prix du tour pour le transfert jusqu’à San Pedro. Penser à garder 15 BOB plus ou moins officiels par personne pour le passage de frontière
  • De San Pedro de Atacama à Purmamarca (Argentine): des bus partent à destination de Salta en Argentine le mardi (9h, Geminis), le mercredi (8h avec Andes Mar, 9h30 avec Pullman), le vendredi (entre 8h et 9h30 avec les 3 compagnies) et le dimanche (entre 8h et 9h30 avec les 3 compagnies). Nous avons pris Andes Mar, départ mardi à 8h20 au lieu de 8h, arrivée à la frontière argentine à 10h35. Attente d’une heure incompréhensible alors qu’il n’y a personne, puis descente du bus pour obtenir les tampons de sortie puis d’entrée et passer la douane. 12h30 : le bus repart enfin. Paysages splendides, très secs et montagneux. Arrivée 16h à Purmamarca. Coût de 20 000 CLP par personne.

Hébergement : Hostal Matty, une auberge de jeunesse agréable avec un personnel prévenant. Douches solaires communes, cuisine peu équipée, espaces communs agréables. Bon service de location de vélos. Tarif de 8 000 CLP par personne et par nuit pour des lits en dortoir 4 personnes.

Visites / activités :

  • Lagunas Altiplanicas & Piedras Rojas : tour à la journée théoriquement de 7h à 17h, mais retour à 18h30 pour nous ! Coût de 30 000 CLP personne via l’agence Kaulles, recommandée par l’Hostel Matty. Coût additionnel des entrées non compris : 2 500 CLP à la Laguna Chaxa et 3 000 CLP aux Lagunas Altiplanicas. Petit-déjeuner et déjeuner inclus.
  • Geysers del Tatio : tour à la demi-journée de 5h à 12h. Coût de 15 000 CLP par personne via l’agence Kaulles, recommandée par l’Hostel Matty. Coût additionnel de l’entrée non compris : 10 000 CLP. Petit-déjeuner inclus.
  • Valle de la Luna : accessible en vélo bien que la plupart des touristes la visitent en bus. Entrée combinée de l’ensemble des sites à 3 000 CLP par personne, payable à l’entrée de la vallée. Les prix du tour de 4h en bus varient entre 7 000 CLP et 15 000 CLP par personne, contre 2 500 à 3 000 CLP pour une bicyclette.
  • Pukara de Quitor : facilement accessible en vélo, le site a un intérêt limité si ce n’est pour la vue sur l’oasis. Coût de 3 000 CLP par personne.
  • Quebrada de Catarpe : facilement accessible en vélo, la gorge est agréable à parcourir malgré la chaleur souvent étouffante. Coût de 2 000 CLP par personne.
  • Location de vélos : effectuée via l’Hostel Matty au prix de 2 500 CLP pour 6h (tarif normal 3 000 CLP pour 6h ou 6 000 CLP pour toute la journée soit 12h). Inclus VTT quasi-neuf, casque, gilet fluorescent et kit de réparation.

 

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