Galapagos : Isabela – Caldeira et tunnels de lave

La traversée en bateau depuis Santa Cruz n’est pas une partie de plaisir : la mer est très agitée et le vaisseau file à toute vitesse, les passagers sont soulevés de leur siège à chaque vague et le mal de mer frappe bientôt une bonne partie des gens… Après 2 heures pour le moins mouvementées, nous débarquons et nous voyons affublés d’une nouvelle taxe « de port » de 10 USD, tout est bon pour délester le touriste de son argent.

Mais ces petits désagréments sont vite oubliés alors que nous partons à la découverte de l’île. Le village de Puerto Villamil est bien calme et les déplacements nonchalants de ses habitants semblent presque contagieux. Nous passons par une lagune salée en plein milieu de la ville, qui abrite de nombreux oiseaux, dont un joli flamand rose qui doit être en train de faire la sieste. Nous déjeunons face à la mer d’empanadas et friands au poulet, observant ce faisant le vol des frégates. Un chemin part plein ouest vers plusieurs lieux d’intérêts, et dès les premiers mètres nous croisons plusieurs iguanes marins, étalés en travers de la route. Ceux-ci ne semblent nullement perturbés par notre passage à pied, daignant à peine s’écarter quand un véhicule arrive ! Régulièrement, ils crachent de l’eau par les narines (enfin, de l’eau…), produisant un fort son peu ragoutant et un peu effrayant au début. Un peu partout, on trouve les fameux « pinsons de Darwin » : issu d’un ancêtre commun, 13 espèces ont évolué de manière très différente selon leur habitat sur les îles. Plus loin, ce sont des tortues de terre géantes qui se meuvent lentement le long du chemin, ne se détournant pas de leur route pour quelques branches ou cailloux, de véritables bulldozers.

 

Une des espèces de pinson de Darwin

 

Tortue timide

Et pas question de les toucher !

 

Au bout du chemin se trouve le « mur des larmes », le témoignage du passé de colonie pénitentiaire de l’île. Cette construction, de 200 mètres de long pour 9 de haut, est faite de pierres volcaniques sans mortier, difficiles à faire tenir ensemble. Et surtout, elle n’a aucune utilité, érigée au milieu de nulle part mais ne barrant aucune route ou ne protégeant rien… Quelques volées de marches sur la colline adjacente nous amènent à un joli point de vue sur l’île : au loin les cônes des volcans, noyés dans les nuages, de l’autre côté l’océan, et entre les deux de très grandes étendues plates semi-désertiques, couvertes d’un végétation basse de couleur grisâtre, à peine égayée par endroit de quelques touches de vert. Sur le retour, nous nous arrêtons aux « pozos », des puits remplis d’eau d’origine volcanique situés à quelques centaines de mètres de la côte à l’intérieur des terres. L’un d’entre eux a même une forte odeur de soufre et des eaux vert-jaune, témoin de l’activité volcanique sous-jacente ! Le bord de mer est principalement composé de côtes rocheuses de couleur noire, anciennes coulées de lave qui ont atteint l’océan, et regorge de vie : crabes rouges, oiseaux marins, iguanes… Parfois, une petite crique aux courants favorables a vu s’accumuler le sable pour former une plage, avec comme plus bel exemple la grande plage principale qui nous permet de rejoindre Puerto Villamil par le bord de mer.

 

Le mur des larmes

 

Crabes colorés

 

Le lendemain, nous partons pour une excursion au volcan Sierra Negra, et notre transport vient nous chercher à l’hôtel. Le temps est très nuageux alors que nous traversons les zones agricoles de l’île : en effet, si 90% du territoire est vierge en tant que parc naturel, une petite portion des îles est réservée au peuplement humain et aux activités vivrières. Après une grosse demi-heure de montée, nous perçons la couverture nuageuse et atteignons le début du sentier sous un grand soleil, inimaginable il y a peu sous la bruine du port ! Notre groupe se met en marche à la suite du guide, un natif de l’île qui nous décrit l’évolution du tourisme sur Isabela (quasi inexistant jusque dans les années 2000, explosant depuis 10 ans). Il fait vite chaud sous le soleil équatorien, alors que nous suivons une piste en terre qui monte doucement : à droite, on devine difficilement la côte quand les nuages se dissipent un instant. Soudain, sur notre gauche, à travers une percée dans les buissons, s’ouvre le gigantesque cratère de la Sierra Negra ! Sa taille est impressionnante, c’est la deuxième plus grande caldera au monde après le Ngorongoro en Tanzanie (souvenirs, souvenirs…), et son fond est presque intégralement recouvert d’une coulée de lave très récente. En effet, en 2012 le volcan est entré en éruption, mais heureusement pour les habitants de l’ile, tout le volume de lave a été contenu dans le très grand cratère. Il devra s’écouler des millions d’années avant de voir revenir une végétation, voire des animaux en profusion comme pour son cousin africain. Des brumes remontent les pentes intérieures du cratère sous l’effet de la chaleur, enveloppant l’ensemble d’un voile mystérieux.

 

La gigantesque caldeira et son voile de brume

 

La Sierra Negra porte bien son nom

 

Encore une trentaine de minutes de marche et le paysage change complètement : la végétation disparait au profit d’un sol rocailleux et de formations géologiques perturbées. Nous avons atteint le volcan Chico, et descendons sur ces pentes pour une balade à travers petits cratères et tunnels de lave partiellement effondrés. Toute cette pente nord est désertique, et nous offre un panorama sur le reste de l’île : les volcans Wolf et Darwin, les baies de part et d’autre de la bande de terre la plus étroite, et au-delà l’océan. Anecdote inutile : vue du ciel, l’île d’Isabela a la forme d’un hippocampe géant, jetez un œil à une carte si vous avez l’occasion. Les couleurs des roches passent du marron au blanc, en passant par toutes les teintes de gris, orange, jaune, en fonction des oxydes présents. Il y a même une cascade de lave (solidifiée évidemment), là où le flot s’est déversé dans une dépression du terrain. Quelques rares cactus candélabres ponctuent le paysage, mais l’ensemble est vraiment lunaire par ailleurs, comme sorti d’un autre univers. La chaleur s’intensifie et pas une once d’ombre pour nous reposer, nous remontons donc la pente pour revenir nous mettre à couvert sous quelques arbres qui poussent dans la partie plus ancienne du volcan. C’est l’heure de repartir par le chemin que nous avons emprunté pour venir, non sans profiter d’un dernier panorama sur la caldeira au passage !

 

La végétation s’estompe

 

Couleurs volcaniques

 

Pour notre dernier jour sur l’île, nous craquons le portefeuille pour une excursion chaudement recommandée par tous ceux que nous avons croisés : direction le site nommé « Los Tuneles » (Les Tunnels) pour une sortie faune aquatique avec masque et tuba. Nous prenons un petit bateau à moteur en compagnie de 8 autres touristes et «  membres d’équipages, et filons plein ouest pendant environ une heure. La mer est un peu agitée et nous arrivons à la « roca union » (roche de l’union), un intriguant tas de pierre au milieu de l’océan, à quelques centaines de mètres des côtes. Sa situation particulière en fait un lieu privilégié par les animaux pour se reposer, et nous observons à loisirs otaries, pingouins et fous aux pieds bleus. Quelques minutes plus tard, nous avons rejoint le lieu de notre première mise à l’eau : nous constatons qu’elle est bien froide malgré les combinaisons, mais sommes vite subjugués par la richesse de la vie sous-marine. Nous tombons d’abord sur plusieurs raies d’une cinquantaine de centimètres, qui battent lentement des ailerons en s’éloignant. Des dizaines de poissons tropicaux semblent affairés à se nourrir, nous approchons du bord où des arbres de mangrove poussent, quand le guide nous fait de grands signes. Juste sous les racines semi aquatiques se repose un groupe d’une demi-douzaine de requins à pointe blanche ! L’eau est un peu trouble et il faut donc approcher beaucoup pour avoir une bonne vision des squales, mais ceux-ci ne bougent pas à notre approche, ils doivent être habitués (et peu effrayés ou intéressés par ce groupe non comestible qui flotte au-dessus d’eux). Un peu plus loin, c’est un bel hippocampe que nous trouvons, accroché par la queue à une branche. Une énorme tortue dort également dans un autre recoin : c’est la première de cette taille que nous voyons ! Mais plus loin le spectacle continue, nombre de ses congénères à carapace sont en mouvement ou se font nettoyer par des petits poissons, et nous en prenons plein les yeux.

 

Hippocampe accroché

 

Requin à pointe blanche

 

Tortues marines

 

Nous remontons sur le bateau frigorifiés et tremblant de tous nos muscles : la boisson chaude servie immédiatement est bienvenue mais n’y change rien. Heureusement, le soleil sort enfin des nuages et nous en profitons pour nous réchauffer un peu alors que le bateau s’est arrêté pour nous permettre de déjeuner. Le cadre est extraordinaire : nous avons atteint les fameux « tunnels » que j’appellerais plutôt « ponts » (sans sectarisme), des formations rocheuses crées par des écoulements de lave qui se sont solidifiés sur le pourtour tout en continuant à couler au milieu, créant des grands bassins connectés par d’étroits passages. L’ensemble s’est rempli d’eau et brille aujourd’hui de superbes couleurs bleu turquoise, peuplé de raies, tortues et milliers de poissons divers. Nous partons pour une courte marche entre les bassins et tombons sur un couple de fous aux pattes bleues : Monsieur est en plein danse nuptiale, show qui peut paraître assez ridicule au néophyte, montrant ses superbes pattes bleues tout en tournant sur lui-même lentement et oscillant la tête et la queue en crissant. Notre deuxième session de snorkelling se fait autour de blocs rocheux et la richesse de la vie marine est là aussi incroyable : poissons, étoiles de mer, et quelques otaries ! Alors que la lumière descend et illumine chaudement la forêt côtière, c’est avec un sourire d’enfant que nous rentrons au port, bluffés par tant de vie et la chance que nous avons d’être là !

 

Le pingouin et l’otarie (on dirait un conte de La Fontaine)

 

Les tunnels… ou les ponts ?

 

Parade de fous aux pieds bleus

 

Plus de photos de Isabela, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • De Santa Cruz à Isabela : deux bateaux quotidiens à 7h et 14h, durée : environ 2h15, coût : 30 USD par personne.
  • De Isabela à Santa Cruz : deux bateaux quotidiens à 6h et 15h, durée : environ 2h15, coût : 30 USD par personne. Réserver si possible deux jours en avance, notamment autour du week-end, car les bateaux du matin se remplissent vite.

Hébergement :

  • Gladys Mar : une auberge familiale tenue par les sympathiques Gladys et Cisney. Tarif de 25 USD pour une chambre double dans la maison des propriétaires avec salle de bain partagée et cuisine, ou 30 USD pour une chambre double avec salle de bain privée dans l’autre bâtiment. Chaudement recommandé !

Visites / activités :

  • Muro de las Lagrimas : si le mur en lui-même n’est pas immanquable, la balade pour y arriver et les nombreux petits arrêts ponctuant le chemin sont agréables. Gratuit. Nous l’avons fait à pied, peut-être plus accessible en vélo.
  • Sierra Negra : excursion incluant le transport jusqu’au sentier et un guide pour les 4 heures de randonnée jusqu’au cratère de Sierra Negra et le paysage lunaire du volcan Chico. Coût raisonnable de 35 USD par personne.
  • Los Tuneles : deux sessions de snorkelling incroyables, pause déjeuner dans le décor surréaliste des tunnels de lave débouchant dans la mer. Négocié à 105 USD (+ 5 USD pour une combinaison, bien nécessaire à notre avis), prix d’appel généralement à 120 USD.

 

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