Deuxième ville coloniale du pays, Cuenca nous a offert quelques jours détendus à parcourir ses rues et multiples églises et à découvrir ses environs. Entre parcs naturels et ruines inca, la région a en effet beaucoup d’attraits ! Sans aucun doute l’un de nos coups de cœur en Equateur !
Parc Naturel Las Cajas
Situé à à peine une heure de Cuenca, le superbe parc naturel Las Cajas offre de multiples possibilités de randonnée, de quelques heures à plusieurs jours. Nous avons opté pour une excursion à la journée, prenant un bus matinal qui nous dépose au bureau des garde-forestiers, où une carte et des panneaux très bien faits permettent de prévoir notre itinéraire pour la journée.
Nous commençons par le circuit n°2 qui nous fait monter au point le plus haut du parc, le sommet du Cerro San Luis. Le chemin part de 3900 m pour arriver à 4300 m, et l’altitude rend tout effort beaucoup plus pesant. Nous passons à côté d’un premier grand lac, puis entamons la rude ascension jusqu’au pic, qui est toujours noyé dans les nuages et où souffle un vent violent. Tant pis pour la vue panoramique à 360° vantée sur la description du parcours, nous descendons bien vite par l’autre côté de la montagne. La brume se lève et dévoile une douzaine de lacs et étangs qui brillent au milieu de la végétation basse et dense du paramo. Le plus grand, le Lac de la Toreadora, est orné de petites vaguelettes formées par le vent et nous sépare du centre d’information où nous avons débuté la journée.
Multitude de lacs de paramo
Forêt de contes de fées
Nous enchaînons avec le circuit n°1, plus plat et moins éprouvant physiquement tout en étant très varié. Nous passons d’abord à travers les petits étangs vus précédemment, avec quelques beaux points de vue surplombant la vallée. Puis le sentier s’engouffre dans une forêt aux arbres torturés, aux troncs nus de couleur presque ocre, on se croirait dans un film fantastique. Quelques oiseaux plutôt timides passent rapidement près de nous, alors que nous débouchons sur une autre vallée. Nous longeons le ruisseau qui coule au fond et relie deux étendues d’eau, la plus basse sur laquelle nous débouchons est bordée de fins roseaux et de plantes aux superbes couleurs. Le ciel est nuageux et se reflète dans le miroir des eaux. Nous suivons une dernière portion de sentier pierreux et débouchons sur la route, d’où nous hélons un bus qui nous ramène à Cuenca.
Et au milieu coule une rivière…
Herbes terrestres et lacustres
Dernières réflexions
Ingapirca
Décrite comme « la ruine inca la mieux conservée d’Equateur », Ingapirca est une ancienne cité construite au confluent de deux vallées : sa topographie particulière le rend particulièrement venteux et la température oscille seulement entre 8 et 10°C, toute l’année. Peut-être est-ce cette spécificité, et la beauté de la vallée environnante, qui a décidé les premiers habitants du peuple cañari à s’installer ici. Les ruines actuelles comportent en effet plusieurs zones distinctes : les constructions en pierres arrondies tirées de la rivière sont cañari, celles en pierre de taille de carrière sont incas. La visite commence par des restes de greniers datés du 9ème siècle, des puits de stockage circulaires qui servaient à conserver les récoltes pour l’année : le climat sec et frais ne nécessitait pas un système très élaboré. Une tombe commune occupe une plateforme sans doute dédiée à la divinité lunaire, dominant une série de bains rituels alimentés par le ruisseau voisin.
Au premier plan les greniers cañaris, au second les constructions incas
Le site inca est quant à lui organisé autour de terrasses semi-circulaires à but décoratif, entouré de maisons, ateliers de poterie, greniers… A l’extrémité du site, le temple du soleil se distingue du reste du site par sa hauteur et la qualité de sa maçonnerie : à l’instar d’autres sites incas d’importance, les pierres sont ajustées au millimètre près, et tiennent depuis plus de 5 siècles sans utilisation de mortier ou autre moyen d’assemblage. A son pied, on trouve les quartiers d’habitation des vierges du soleil, des jeunes filles sélectionnées pour servir de prêtresses et danseuses dans les cérémonies (et éventuellement être sacrifiées). En dehors du site, un sentier de randonnée passe par plusieurs autres sites témoins de l’occupation des lieux par ces deux peuples, mais ceux-ci sont assez peu impressionnants (un cercle rouge sur une paroi, une sorte de bassin, quelques gravures…).
Maison la mieux préservée du site
Le temple du soleil (on n’y a pas rencontré Tintin par contre)
En somme un joli site de taille réduite, qui donne un bon aperçu de constructions incas ainsi que quelques éléments sur leur culture et vaut le détour pour qui passe par là. Néanmoins, il est un peu décevant au vu des ruines péruviennes par exemple, et nous hésitons à le recommander en tant qu’excursion à la journée depuis Cuenca (5h de transport aller-retour pour 1h30 de visite sur place).
Cuenca
Cuenca compte pas moins de 500 000 habitants et cette grande ville aurait pu voir son ambiance dénaturée par une croissance excessive : il n’en est rien, et nous tombons sous le charme de ses rues pavées et façades blanches dès nos premiers pas dans la cité. Centre de peuplement bien avant l’arrivée des Espagnols, ce fut un centre majeur des royaumes cañari puis inca, situé au confluent de quatre rivières majeures. Il fait bon vivre à Cuenca, le climat est tempéré, la ville agréable et les commerçants souriants. Au hasard des rues, on trouve de nombreuses églises toutes plus jolies les unes que les autres, des marchés animés et des placettes où les habitants se retrouvent pour discuter.
La place centrale (Plaza Calderon) est arborée et bordée de superbes bâtiments, dont plusieurs édifices coloniaux à arcades. Dominant le reste, la cathédrale Santa Ana dresse élégamment sa façade de marbre et de brique ocre à un coin de la place. Pourtant, ses tours clochers semblent étonnamment courtes : c’est que pendant la construction de celles-ci, des fissures ont commencé à apparaître dans la structure sous-jacente qui n’avait pas été calculée pour supporter un tel poids ! Un bel exemple de mauvaise ingénierie, qui ne nuit pas trop à l’aspect de l’ensemble au final.
La cathédrale et ses courtes tours
L’ancienne banque centrale
Le musée Pumapongo regroupe plusieurs expositions d’art local et d’ethnographie : on y trouve des sections sur chacune des ethnies indigènes équatoriennes, de la côté, des Andes ou de la jungle. Nous sommes ainsi confrontés à nos premières têtes réduites réalisées par les indiens shuars : au-delà des projections dans notre imaginaires occidentaux des pratiques barbares de ces indiens également appelés jivaros, les panneaux décrivent la portée spirituelle du lent processus, souvent réalisé afin de rétablir une sorte d’équilibre entre bien et mal, dans la tribu et vis-à-vis des peuplades voisines.
Une tête réduite par la tribu shuar
Produit typique du coin, les chapeaux de paille Montecristi sont présents dans de nombreux magasins et ateliers. Le nom ne vous dit rien ? Et un « panama » ? Confondant port d’exportation et lieu de production, les fameux chapeaux se sont commercialisés sous ce nom de panamas, mais ils sont bien originaires et exclusivement fabriqués dans le sud de l’Equateur. Même les chapeaux les plus simples représentent 3 jours de travail, et la variété de formes, de qualité et de couleur est impressionnante. Nous visitons un petit musée et usine qui retrace les différentes étapes de production : préparation de la fibre, tissage, teinture, mise en forme par presse chauffante, décoration aux rubans, et enfin exposition et vente ! Nous manquons de nous laisser tenter, mais avec encore 4 mois de voyage devant nous nous craignons trop de détruire ce précieux achat, tant pis !
Des panamas ? Non, des Montechristi !
Plus de photos de Cuenca, c’est par ici !
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Infos pratiques
Transport :
- De Baños à Cuenca : bus direct 3 fois par jour, le premier étant à 8h45, durée 6 heures, coût 10 USD par personne. Sinon, passer par Ambato à une heure de route et prendre de là un bus pour Cuenca.
- De Cuenca à Vilcabamba : bus de Cuenca à Loja toutes les heures, durée 5 heures, coût 7,50 USD par personne. Puis bus de Loja à Vilcabamba toutes les 20 minutes, durée théorique 1 heure mais le nôtre a mis presque 2 heures (!), coût 1,25 USD par personne.
- De Cuenca à Cajas : la moitié des bus pour Guayaquil passent par Cajas et peuvent vous déposer en chemin au centre d’information. Au retour, héler un bus en direction de Cuenca depuis la route. Durée 1 heure, coût 2 USD.
- De Cuenca à Ingapirca : bus direct à 9h, retour à 13h. Durée 2h, coût 3,50 USD par personne.
Hébergement :
- Hostel Mi Casa : on s’y est vraiment sentis comme à la maison ! Espaces communs grands et agréables (salon, cuisine, patio), chambre calme, douche très chaude, personnel agréable et compétent sur les renseignements. Chambre double avec salle de bain partagée 14,40 USD (avec réduction booking.com).
Visites / activités :
- Parc Naturel Cajas : il est obligatoire de s’enregistrer au point d’information de la Toreadora avant de partir marcher, et c’est de plus un bon point d’information. Huit circuits sont proposés, de 2 à 11 heures de durée. Nous avons trouvé les durées surestimées et enchaîné les circuits n°2 puis n°1 en seulement 4 heures effectives au lieu de 8 théoriques. Très beau paysage mais temps imprévisible ! Entrée gratuite.
- Ingapirca : attention, si ce sont effectivement les ruines inca les mieux conservées d’Equateur, elles sont très petites et un peu décevantes en comparaison de celles qu’on trouve au Pérou. Visite guidée de 45 minutes. Circuit optionnel de 1 km dans la campagne pour voir quelques autres restes très simples, pas indispensable si vous manquez de temps. Musée adjacent fermé à notre passage. Entrée 2 USD par personne, incluant la visite guidée.
- Cuenca Free Walking Tour : à 10h du mardi au samedi depuis l’office Itur de la Plaza Calderon. Tour plutôt bien pensé mais guide peu clair et peu compétent, qui rend l’expérience mitigée. Dommage, il y a tellement de belles choses à Cuenca !