Chachapoyas – Et une décennie de plus !

Près de 16h de route et 6 moyens de transport différents, entrecoupés d’une nuit improbable à Jaen la moche, nous ont conduit de Vilcabamba en Equateur jusqu’à notre premier arrêt volontaire au Pérou : Chachapoyas ! Le nom de la ville est tiré de celui du peuple Chachapoya, littéralement « les guerriers des nuages », qui habitent la région depuis des millénaires et ont construit l’une des cités précolombiennes les mieux conservées du pays : Kuelap. Autre curiosité du coin, les chutes de Gocta sont parmi les 5 plus hautes du monde. Quel meilleur cadre souhaiter pour fêter un anniversaire ?

J’ai en effet trente ans aujourd’hui (Daphné) ! Et ce matin, une surprise de taille m’attend, puisque Jérémy a préparé une vidéo avec la complicité de nombreux amis et membres de la famille. C’est une bonne soixantaine de proches qui me souhaitent un excellent passage à cette nouvelle décennie, chacun à sa manière ! Quelle émotion d’entendre vos voix et de voir tous vos visages, ces expressions si familières et si lointaines à la fois, certains distants depuis si longtemps, et tous depuis trop longtemps ! Des messages des quatre coins du monde, en solo, en duo, en famille, des messages bien répétés, d’autres beaucoup plus spontanés, et tous plein de jolis mots, de regards complices et de belles intentions. J’en ai bien sur versé une larme ou deux, ça m’a tellement touchée, oh si vous saviez !

Parce que ce qui manque le plus en voyage, et je pense que la plupart des voyageurs au long court s’accorderont sur ce point, ce sont les proches. On s’habitue à un confort plus spartiate, à une nourriture différente, au climat rigoureux. On prend goût à changer de résidence tous les quelques jours, à rencontrer de nouvelles personnes, à être tout le temps sur les routes. Mais sur le long terme, la plupart de ces rencontres de voyage finissent par se ressembler, si ce n’est sur le fond du moins sur la forme : nous répétons notre parcours, résumons notre vie en quelques phrases, parlons des visites à faire dans la région… Bien sûr, il y a des rencontres différentes qui prennent plus de sens, et bien sûr nous discutons aussi tous les deux, tous les jours, de tout et de rien. Mais il nous manque vraiment notre cercle d’amis et notre famille, ceux avec qui on débat de nous, qui nous connaissent et que l’on apprécie tellement, avec qui on peut parler ou bien ne rien dire, juste être ensemble… On vous aime J

 

Birthday drinks !

 

Chachapoyas de nuit

 

Kuelap

L’accès à Kuelap a toujours été difficile : le site est placé tout en haut d’une montagne, à plus de 3000 mètres d’altitude, dominant toutes les vallées alentour. Jusqu’en début d’année, il ne fallait pas moins de 3 heures de route depuis Chachapoyas, mais la construction d’un téléphérique a changé radicalement la donne : aujourd’hui, une petite heure de minibus nous conduit au village de Tingo Nuevo, puis les cabines montent en 20 minutes de l’autre côté de la vallée. Ce moyen de transport tout neuf est d’ailleurs l’objet du voyage pour de nombreux touristes locaux, plus excités à l’idée de se balancer au-dessus du vide pour la première fois de leur vie que de découvrir les ruines, et qui rythment tout le voyage de cris prétendument effrayés à  chaque secousse provoqué par le passage de la cabine au niveau des poteaux support.

Une petite marche d’une vingtaine de minutes nous conduit ensuite au pied du mur d’enceinte : la ville de Kuelap, bien que n’étant pas une place forte au sens défensif du terme, est entièrement entourée d’un haut mur de pierre qui facilite la stabilisation des plateformes de construction à l’intérieur. Trois entrées percent le mur : nous remontons le long de la paroi est avant de pénétrer dans la cité par un escalier de pierre ; c’était l’entrée de service, et les marches comportent encore les traces des sabots de lamas qui transportaient les charges nécessaires au fonctionnement de la communauté ! Sur une surface de 7 hectares (soit 7 terrains de football), il est estimé qu’environ 3000 personnes vivaient ici, sur une période s’étalant de l’an 500 à l’an 1500 environ. L’espace est nettement séparé entre une plateforme basse où habitaient les classes sociales inférieures et une plateforme plus haute réservée à l’élite et aux fonctions religieuses.

 

Devant le mur extérieur de Kuelap

 

Une des trois entrées qui percent la muraille

 

Les bâtiments circulaires d’habitation se sont tous effondrés et seule subsiste leur partie inférieure, des murets d’une cinquantaine de centimètres de hauteur. Une tentative de reconstruction a été effectuée, avec paroi de pierre et toit de chaume pointu, mais le poids trop élevé de ces éléments a mis en péril les fondations originales, amenant les archéologues à déconstruire cette expérience. Tout au nord de Kuelap, on trouve la tour religieuse du Torreton, dominant l’éperon rocheux : la qualité de sa maçonnerie lui a permis de mieux traverser le temps que les édifices plus ordinaires. Deux autels indiquant parfaitement les points cardinaux sont construits aux endroits où le magnétisme est le plus élevé. Quelques constructions à base rectangulaire se trouvent sur la plateforme supérieure : les classes aisées auront été influencées par leurs envahisseurs de l’empire inca. Après cette conquête et vraisemblablement – au vu des restes humains trouvés sur le site – un massacre d’ampleur, attribué à des conflits internes, la ville a été abandonnée puis s’est couverte de végétation, jusqu’à être redécouverte en 1843.

 

En équilibre instable

 

Frises géométriques

 

Base circulaire d’une maison

 

Quelques lamas se baladent dans les ruines, faisant office de tondeuses à mauvaises herbes naturelles, et ajoutent au charme de l’endroit. Dans la zone sud, on trouve une étrange construction en forme de cône tronqué inversé (de section circulaire, la base étant plus étroite que le haut) : surnommée « l’encrier », on lui attribue la fonction religieuse majeure du site, et il est assez incroyable de voir que la construction a résisté à l’épreuve du temps dans cette région sismique avec une forme aussi peu rationnelle. Encore quelques photos dans les ruines et des panoramas superbes qui s’offrent à nous de toutes parts, et notre visite de ce magnifique site incroyablement conservé s’achève. Nous quittons Kuelap ravis, son architecture spécifique est très différente des sites incas du sud du Pérou et son emplacement à couper le souffle, l’ensemble vaut vraiment le détour !

 

Les lamas sont les nouveaux maitres des lieux

 

L’encrier en cône inversé

 

 

Cascade de Gocta

Le lendemain, nous partons voir la cascade de Gocta. L’accès aux villages de Cocachimba ou San Pedro d’où part la randonnée paraissant assez compliqué, nous optons pour un tour depuis Chachapoyas, grossière erreur ! Ca s’annonçait pourtant plutôt bien : le minibus part à l’heure à 8h30 du centre-ville et emprunte une jolie route de montagne pour descendre dans la vallée, longe la rivière pendant une vingtaine de minutes puis bifurque sur une route de terre pour monter à flanc de colline jusqu’à Cocachimba. Au détour d’une boucle de la route, nous apercevons déjà la cascade à l’autre extrémité de la vallée et prenons conscience de sa hauteur (plus de 700 mètres !), compte-tenu de la distance qui nous en sépare !

 

Au détour de la route, la célébrité du coin apparait

 

Arrivés au village, nous commandons notre repas pour notre retour et nous préparons à commencer la marche. Le chauffeur nous annonce qu’il n’y aura pas de guide, alors qu’il était prévu. Pire, la moitié du groupe pousse des cris de surprise et d’indignation quand le garde-forestier annonce qu’il y a 4 à 5 heures de marche aller-retour jusqu’à la cascade (ce n’est pas comme si c’était écrit dans tous les guides et descriptifs des tours dans les agences…). Bref, nous partons tous les deux et lâchons le groupe pour marcher à notre rythme. Le paysage est superbe, très vert, et le chemin oscille à flanc de colline. De temps en temps, un point de vue sur la cascade se dégage et nous constatons que nous approchons peu à peu. Le sentier est très bien tracé et il est impossible de se perdre, ce qui nous fait penser que nous aurions peut-être dû venir en indépendants… Nous passons par deux petits ponts au-dessus de torrents de montagne et observons les innombrables bromélias qui poussent dans les arbres.

 

On approche de la cascade de Gocta !

 

Après une heure et demie de marche, nous atteignons le pied de la cascade. La chute est si haute que la rivière, malgré son fort débit, arrive complètement atomisée au pied de la falaise. Avec le vent et les courants thermiques, c’est donc une espèce de brumisateur géant qui nous accueille dans son nuage de gouttelettes d’eau. Nous nous arrêtons prendre des photos et manger un en-cas à un petit pavillon à peu près à l’abri de l’humidité, puis descendons au plus proche de la cascade, non sans nous être munis de nos imperméable au préalable. Toute cette zone est très humide et très verte, toujours soumise à l’arrosage régulier de la chute d’eau. Soudain, il nous semble que les gouttes d’eau qui s’abattent sur nous se font plus denses et plus fortes : il s’est mis à pleuvoir ! Et c’est une vraie pluie tropicale, de celles qui tombent sans prévenir et avec une force incroyable… vite, vite, nous nous replions jusqu’au petit pavillon, bientôt rejoints par une quinzaine d’autres marcheurs venus se mettre à l’abri eux aussi. Parmi ceux-ci, la moitié de notre groupe est maintenant arrivée, et nous nous demandons si le reste réussira à venir jusqu’ici ou renoncera avant.

Après une heure de pause pour admirer la cascade, nous reprenons le chemin, et après quelques minutes croisons enfin la fin de notre groupe qui semble au bout de leurs forces. Un rapide calcul nous fait craindre de louper notre bus de nuit le soir même, et nous espérons que les meneurs de chevaux présents tout au long du chemin réussiront à convaincre nos camarades d’utiliser leurs services au retour. La pluie intermittente rend de plus le chemin boueux, et nous rentrons d’un pas un peu moins assuré qu’à l’aller. Nous déjeunons dès notre retour d’une soupe roborative suivie d’une truite grillée et d’un filet de porc fumé, puis commence la longue attente… Heureusement, nous partageons ce temps avec un canadien, un colombien et une française, un peu trop « rapides » eux aussi. Alors que nous sommes en train de négocier avec le chauffeur pour rentrer avec un autre groupe pour pouvoir avoir notre bus, un miracle se produit et le reste du groupe finit par apparaître, six heures et demie après être partis ! Nous avons juste le temps de passer chercher les sacs à l’hôtel et attraper quelques empanadas pour grignoter, et nous voilà dans le bus de nuit en direction de Cajamarca. Au final, une bien jolie balade pour une cascade très impressionnante !

 

Plus de photos de Chachapoyas, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • De Chachapoyas à Cajamarca : 5 bus ou combis par jour, qui partent à 5h, 17h30, 18h30, 19h et 19h30. Durée 12 heures. Coût 50 NPS par personne. Acheter si possible les billets en avance : il ne restait que la dernière rangée de sièges pour nous, et ceux-ci ne sont pas inclinables…

 

Hébergement :

  • Hostal Fortaleza : relativement neuf et très bien situé à un bloc de la place centrale. Personnel agréable et aidant, douche vraiment chaude. Chambre double avec salle de bain privative négociée à 40 NPS.

Visites / activités :

  • Kuelap : téléférique 20 NPS, entrée 20 NPS, guide sur place 15 NPS. Nous avons opté pour un tour tout inclus depuis Chachapoyas pour 80 NPS (avec déjeuner), à peine plus cher et plus simple (même s’il faut attendre le groupe à chaque étape). Attention, le téléférique ferme un jour sur quatre, se renseigner en ville.
  • Cascade de Gocta : entrée 10 NPS. Marche indiquée comme 4 à 5 heures AR, nous avons mis 3 heures et les plus lents du groupe 6h30 (!). Tour tout inclus depuis Chachapoyas négocié à 45 NPS par personne (avec déjeuner).

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