Phetchaburi – Villégiature campagnarde des Rois Thaïs

Fondée par les Khmers au XIème siècle, Phetchaburi a su profiter de sa position géographique avantageuse : alimentée par une rivière coulant jusqu’au nord du Golfe du Sud, elle est devenue un comptoir commercial majeur au XVIIème entre la Birmanie et Ayutthaya. De l’afflux de richesses qui en a suivi ont entre autres germés une myriade de temples et un palais royal. Et hop, un arrêt « culture » de 24h entre les îles et Bangkok !

C’est après une courte nuit assis dans un wagon 2nde classe, lumières allumées et fenêtres ouvertes, que nous arrivons à « Phetburi »… à 5h du matin ! On temporise à la gare jusqu’à ce que le jour se lève, on marche jusqu’à notre auberge réservée par Internet pour l’occasion, on frappe à la porte : personne, bienvenus dans une province thaïlandaise un peu moins touristique. Impossible de nous enregistrer, mais la porte est ouverte, donc nous déposons nos sacs à dos et partons nous balader. Le marché matinal local ne nous inspirant pas, nous nous rabattons au 7-Eleven pour un petit-déjeuner à base de pain de mie et lait concentré (honte à nous)… De retour à l’hôtel, nous arrosons le tout d’un bon café chaud. Après une tentative de communication avec une pseudo-réceptionniste qui ne parle pas anglais, nous comprenons vaguement que la chambre n’est pas prête et qu’il faut revenir vers 10h.

Qu’à cela ne tienne, nous louons deux vélos et pédalons jusqu’à la grotte de Khao Luang. Après une volée de marches et une première petite salle, la cavité principale s’ouvre devant nous, inondée par la lumière qui perfore la roche par un trou en forme de cœur au plafond. Question pour vous les champions : que devient un site naturel étonnant, abrité des éléments, qui semble être un message d’origine forcément divine ? Un temple bouddhique, pardi ! C’est donc tout logiquement que de nombreuses statues de Bouddha, en pierre ou en béton, nues ou dorées, debout ou couchées, emplissent les différentes salles rocheuses. Bon prétexte à un court effort en deux-roues, ce site est divertissant mais pour être honnêtes… pas vraiment extraordinaire 🙂

Un moine recouvert de feuilles d’or par les fidèles !

 

Magnifiques stalactites dans la grotte de Khao Luang

 

Le Bouddha aux 7 Nagas

 

De retour à l’hôtel, le feuilleton continue ! Un appel sur le portable de la propriétaire aboutit enfin, il faut revenir… vers 13h ! Habitués à arriver dans une ville, à repérer rapidement quelques hôtels et à en choisir un qui nous plaît avec une chambre disponible, cette expérience client ne nous incite guère à changer notre mode de voyage et réserver nos nuits à l’avance 😉 On repart donc pour un petit circuit dans la ville pour voir les différents temples. Notre itinéraire nous emmène d’abord au Wat Yai Suwannaram, remarquable pour ses riches peintures murales, sa bibliothèque au milieu d’un petit bassin ou encore sa porte en bois fracassée, stigmate d’une attaque des Birmans il y a quelques siècles ! Le Wat Kamphaeng Laeng présentent plusieurs tour-cheminées de style khmer, signe de l’étendue de l’Ancien Empire aujourd’hui appelée Cambodge – nous sommes à plus 560 kms d’Angkor ! Le temple suivant, Wat Ko Kaew Sutharam, est difficile à trouver… A peine l’a-t-on déniché que nous sommes chassés sans ménagement par des chiens agressifs sans qu’aucun moine ou maître ne bronche – à croire que les activités des lieux ne sont pas uniquement dédiées au culte 🙂 Enfin, le (possiblement) meilleur pour la fin : le moderne Wat Mahathat nous enchante par ses danseuses traditionnelles et ses grandes stupas blanches. Subtile mélange d’ancien et de nouveau, la plupart de ces temples sont harmonieux sans être exceptionnels, mais respirent cette authenticité du culte, loin du tourisme de masse.

Un savoureux déjeuner près de la rivière à base d’omelette de Phetchaburi accompagnée d’une salade yam de porc et crevettes épicées nous requinque, puis nous récupérons enfin les clés de notre chambre : il fallait vraiment avoir envie de dormir dans un lit ce soir ! 🙂

Belle colonnade intérieure au Wat Yai Suwannaram

 

Danse envoûtante au Wat Mahathat

 

Exemple de peinture murale dans les temples thaïs

 

L’après-midi est consacrée à la pièce-maîtresse de la ville, qui justifie en elle-même la visite de Phetchaburi : le parc historique de Phra Nakhon Khiri et son palais, construit par le Roi Rama IV en 1859. Perché au sommet d’une colline, dominant la ville de tous les côtés, cet ensemble de bâtiments tient à la fois lieu de résidence secondaire, hall de réception, temple, pavillon de plein air, théâtre et autre observatoire. Le style architectural est fortement teinté d’influence européenne, dont les arts exerçaient une forte attraction sur le souverain. Cette fusion thaï-occidentale se retrouve aussi dans le mobilier, la vaisselle et le reste des intérieurs. Construits ou acquis à prix fort, ces trésors étrangers ont valu au Roi bien des critiques… voilées, toute contestation formelle était proscrite. Parcourir ces lieux de bon goût chargés d’histoire fut pour nous un véritable plaisir – si l’on occulte la raide montée à pied et les sursauts engendrés par les singes trop entreprenants à force d’être nourris par les touristes ! Après cette journée bien remplie, nous choisissons finalement de partir en train le lendemain matin et grignotons au marché de nuit.

Le palais posé sur la colline du Phra Nakhon Khiri

 

Une des nombreuses traces de l’influence artistique européenne

 

Admirez ce beau linteau avec 2 petits lapins gambadant au clair de lune sous un cocotier !

 

Phetchaburi n’est sans doute pas un immanquable pour qui vient pour la première fois en Thaïlande. Pour nous, cette étape nous a néanmoins séduits pour deux raisons principales. Tout d’abord, sortir (enfin !) des sentiers battus, prendre les transports locaux et ne pas croiser des centaines de touristes étrangers à chaque coin de rue 🙂 Mais ce fut aussi et surtout notre première injection culturelle après plusieurs semaines passées en famille, à profiter de manière plus oisive de la plage, de courtes randonnées et d’autres plaisirs tropicaux. Ainsi, si Phetchaburi ne restera peut-être pas comme l’un de nos souvenirs les plus frappants, nous ne regrettons pas une seconde d’être descendus du train pour une journée !

Composition florale (presque) naturelle…

 

Plus de photos de Phetchaburi, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • Depuis Chumphon : train de nuit « RAPID »… mais les couchettes étaient toutes prises ! Siège en 2ème classe plutôt spacieux et confortable cela dit, malgré la lumière, le bruit ambiant et la fenêtre ouverte. Départ à 23h30, arrivée à 5h30 du matin pour 275 THB par personne (dont 30 THB de réservation online).
  • Vers Bangkok : train en 3ème classe tôt le matin pour 84 THB par. Siège plutôt dur mais beaucoup de place pour les bagages. Retards fréquents (trajet de 3h30 au lieu de 2h30).

Hôtel : auberge JJ Home à la localisation agréable près de la rivière. Chambre basique correcte avec salle de bains partagée pour 315 THB. Les meilleures chambres (plus chères) ont vue sur l’eau et salle de bain privée. Location de vélos pour 50 THB la journée par personne.

Activités :

  • Grotte Khao Luang : entrée gratuite, mais difficile d’éviter le ticket de parking quand vous venez en vélo. Des locaux nous ont fait payer 30 THB pour 2 pour surveiller nos deux-roues, incluant royalement le tuk-tuk jusqu’à l’entrée de la grotte 300 mètres plus loin.
  • Temples : la ville en compte des dizaines ! Les quatre qui nous ont le plus marqués sont décrits succinctement plus haut dans l’article.
  • Phra Nakhon Khiri : le ticket donne accès au parc historique, qui inclut la colline boisée et les édifices du palais royal au sommet. C’est indubitablement le « highlight » de la ville, à ne pas rater si vous vous arrêtez ici. Entrée 150 THB.

Restaurant : mention spéciale au Rabieng Rim Nam, dont les quatre petites tables donnent sur la rivière depuis une salle restaurant-bibliothèque-véranda agréable. Laissez le patron vous recommander les plats typiques de la ville ou ceux de saison !

 

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