Quito – Le centre du milieu du monde

Nous arrivons à Quito peu après être entrés en Equateur : la capitale se trouve en effet à seulement 5 heures de la frontière Nord avec la Colombie. Si la ville sera pour nous l’occasion d’affiner nos plans pour les semaines à venir, la visite de son centre historique et de ses environs incroyables est immanquable. Bienvenus dans la première ville à avoir été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO !

 

Une grande vierge en aluminium veille sur la ville

 

Le centre historique de la ville est bien conservé et particulièrement étendu : Quito fut en effet fondée sur le site de la plus grande ville inca de la région, mais a contrario de villes comme Cusco où les fondations des bâtiments indigènes furent réutilisées, les habitants rasèrent intégralement la ville avant l’arrivée des espagnols. La place centrale est dominée par le palais présidentiel, la cathédrale et le palais épiscopal, et plantée d’arbres à fleurs roses qui resplendissent dans le soleil. Les maisons à deux étages, aux murs blancs et balcons en bois, s’alignent harmonieusement dans les rues. De nombreuses églises très riches se visitent gratuitement : notamment, l’église de La Merced et celle de San Francisco. Nous payons pour entrer dans l’Eglise de la Compania de Jesus, construite par les Jésuites : l’édifice est impressionnant de richesse, ses sculptures sont intégralement dorées à la feuille d’or, de nombreux retables finement sculptés ornent les murs, et de superbes statues et tableaux sont disposés partout dans l’église. En revanche, la visite guidée est réalisée au pas de course, dans un espagnol mal articulé, par un jeune homme qui récite son texte à toute vitesse comme un robot. Il nous assomme de noms et de dates sans donner le moindre élément de contexte ou relater les histoires en lien avec les différents saints, à croire qu’il faut un diplôme en histoire sainte équatorienne pour suivre le fil de ses descriptions…

 

Chambre avec vue !

 

Les rues en pente de Quito

 

Nous suivons (encore une fois !) un tour de la ville à pied gratuitement organisé par l’agence Carpe DM, et la dynamique petite guide Consuelo nous raconte sa ville à travers plusieurs lieux emblématiques. La basilique principale est construite en haut d’une butte, juste au nord de la vieille ville : ses gargouilles sont des animaux locaux et nous repérons ainsi des iguanes, des cochons d’Inde et autres condors. La guide nous raconte son expérience personnelle de l’ayahuasca, cette plante hallucinogène utilisée par les chamans dans leurs rites traditionnels, et nous fait visiter un cabinet de médecine indigène qui est un vrai petit musée : peaux de bêtes, poteries, plantes sèches diverses ornent les murs.  Nous avons le droit à un mini-cours de salsa, juste les temps d’apprendre deux des pas de base : 1,2,3,_ 5,6,7,_ (pied gauche en avant, retour au centre, puis en arrière et retour au centre ; le même rythme mais pied gauche sur la gauche et retour au centre, suivi du pied droit sur la droite). Nous finissons le tour par une courte balade à la Ronda, une des rues les mieux conservées et également l’une des plus animées en soirée le week-end, et visitons une chocolaterie : l’Equateur produit en effet seulement 5% du cacao mondial, mais 60% des cacaos « fins » utilisés pour les chocolats de dégustation.

 

Des gargouilles-iguanes qui font froid dans le dos 

 

La place principale en fin de journée

 

Notre prochain arrêt est assez loin du centre, sur les hauteurs à l’est de la ville : nous prenons un taxi pour nous y rendre et mettre à profit les dernières heures de l’après-midi. La maison-musée du peintre Oswaldo Guayasamin profite de vues splendides sur la ville et le volcan Pichincha : la maison fut intégralement conçue par l’artiste pour y vivre, y travailler, y recevoir ses proches et y exposer sa collection d’art précolombien et de la période coloniale. Toutes les pièces paraissent donc surdimensionnées, mais c’est un véritable musée particulier, riche de fines pièces. La « chambre » est particulièrement gigantesque car il a fallu y faire tenir toutes les œuvres préférées du peintre. Le studio est également très spacieux mais il faut dire que beaucoup des œuvres sont de grand format  et occupent des pans de mur entiers. Nous apprécions deux vidéos : l’une décrit le projet de l’artiste de léguer sa collection (et sa maison) afin d’en faire profiter le peuple équatorien et pour qu’elle ne soit pas dispersée à travers le monde, l’autre montre le peintre au travail, réalisant un portrait en direct – nous sommes ébahis par tant d’énergie mise dans les coup de pinceaux et les pâtés de couleurs appliqués généreusement au couteau, qui finissent par donner un résultat bluffant.

 

La villa de Guayasamin (malheureusement, photos interdites à l’intérieur !)

 

Plus bas dans la propriété se dresse un étrange parallélépipède noir : c’est la Capilla del Hombre, la grande œuvre inachevée à laquelle l’artiste s’est attelé durant les dernières années de sa vie. Son idée était de dédier un monument à l’Homme et à ses souffrances : le grand bâtiment est aveugle sur l’extérieur à l’exception d’une ouverture circulaire au plafond. Autour de cette source de lumière, une fresque est dessinée sur la coupole, intitulée « Potosi », elle fait référence aux conditions de travail dans les mines de Bolivie et à la lutte pour la lumière et la liberté des travailleurs. Au sous-sol brille une flamme éternelle, devant une représentation de combat entre taureau et condor, un rite traditionnelle qui représenterait les conflits entre indigènes et colons espagnols. Parmi les autres grandes fresques, on trouve des mutilés, des victimes de guerres, des personnes subissant des tortures, des enfants au regard désespérément triste, des hommages à diverses scènes macabres de l’Histoire du Monde… L’ensemble n’est donc pas très gai, et l’hommage aux victimes se transformerait presque en galerie des horreurs. Il faut mettre l’œuvre en résonance avec les convictions humanistes du peintre et certaines de ses citations pour avoir une lecture pertinente et susciter des réflexions plus positives. On ne peut être qu’impressionnés par le travail de titan réalisé entre ces murs, la dynamique et les expressions criantes de vérités des fresques.

 

La Capilla del Hombre surplombe Quito (là encore, photos des tableaux interdites 🙁 ) 

 

Une des rares ouvertures sur l’extérieur de la Capilla

 

Pour notre dernière journée, nous partons à l’assaut du volcan éteint qui domine la ville : le Pichincha. Quito s’étend globalement le long d’un axe nord-sud, bordé de part à d’autre par des chaînes volcaniques. Un téléférique permet de grimper à flanc de montagne du côté ouest, et d’apprécier un superbe panorama sur la ville depuis sa station haute à 3900 m et sur les sommets équatoriens plus ou moins proches : on repère particulièrement bien les pics enneigés des volcans Cayambe (5790m), Antisana (5704m), Cotopaxi (5897m) et Chimborazo (6268m).

Un sentier de randonnée suit la crête en pente douce montante et nous commençons à le suivre à un rythme lent : l’altitude se fait sentir et nos cœurs montent en flèche à la moindre accélération ! Le temps est agréablement dégagé et le soleil nous réchauffe vite : c’est que l’air est frisquet à cette hauteur et la moindre brise nous donne des frissons. Quelques rares fleurs de montagnes illuminent notre passage de leurs couleurs chatoyantes. Une vieille femme passe avec 3 lamas : ce sont les premiers que nous voyons en Equateur et nous nous demandons s’ils sont vraiment utilisés dans cette zone (ou si les mignonnes bestioles font juste de jolies photos pour les touristes…). Le chemin monte à flanc de montagne pendant environ deux heures, puis nous atteignons une zone sablonneuse où la trace se fait moins claire. Nous continuons notre ascension mais bientôt le sable se transforme en roche volcanique aux arêtes acérées, et le chemin à suivre est de moins en moins évident… Des nuages menaçants commencent à monter de la vallée alors que nous progressons lentement. Au détour d’un versant rocheux, notre regard tombe à pic de l’autre côté et nous donne le vertige. Pressés par la météo que nous sentons changeante et peu confiants sur la configuration des dernières encablures, nous rebroussons chemin, à moins de cinquante mètres du sommet du Rucu Pichincha (4690 m). Qu’importe, nous aurons déjà profité de superbes panoramas et d’une belle montée ! Et le temps nous donne raison, à peine avons-nous quitté la zone sablonneuse que celle-ci se retrouve noyée dans la brume : rien de plus facile maintenant que de se tromper de chemin sur ce terrain traître… Nous profitons quant à nous d’une descente aisée, interrompue par une pause pique-nique d’empanadas au fromage, avec de belles vues sur la ville de Quito qui s’étend en contrebas. C’est l’heure de redescendre !

 

Le Rucu Pichincha, notre but de la journée

 

Fleurs de montagne

 

Plus de photos de Quito, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • D’Otavalo à Quito : bus toutes les 30 minutes. Durée 1h45, coût de 2,50 USD par personne. Arrive au terminal Nord de Quito d’où il faut prendre le trolleybus pour 0,25 USD pour le centre, ce qui prend au moins 45 minutes.
  • Pour aller à l’aéroport de Quito : un taxi réservé à l’avance coûte environ 30 USD (seule option pour un départ très matinal, environ 40 minutes de route).

Hébergement :

  • Milenka Colonial Suites : dans le centre historique, à deux pas du marché central. Prix de 13,60 USD pour une chambre double avec salle de bain commune.

Visites / activités :

  • Iglesia de la Compania de Jesus : très riche et superbement décorée, mais la visite guidée incluse dans le ticket était d’une platitude rarement égalée… 5 USD par personne (sans doute trop cher par rapport aux autres églises de Quito, gratuites).
  • Free Walking Tour : organisé par l’agence CarpeDM, part tous les jours à 10h de leur agence (situé dans l’hôtel Secret Garden). Visite de très bonne qualité, avec beaucoup d’anecdotes, d’éléments culturels et de conseils pour pleinement profiter de Quito. Gratuit.
  • Casa Museo Guayasamin et Capilla del Hombre : la dernière résidence du célèbre peintre équatorien avec sa collection particulière d’art, et son œuvre phare, une « chapelle » dédiée à l’Homme et à ses souffrances, ornée de multiples fresques et tableaux. Entée 8 USD par personne, incluant une visite guidée gratuite à chacun des deux sites (distants de quelques centaines de mètres).
  • Teleferiqo : 8,50 USD pour un aller-retour. Du centre, prendre le bus 131 et descendre au pied de la route qui monte vers le téléférique. Des navettes gratuites montent jusqu’au parc d’attraction Vulcano Park à 200 m de la station de téléférique. A la station haute, il est possible d’effectuer plusieurs boucles de randonnée. Pour monter au volcan Pichincha, compter 3h de montée et 2h de descente, le chemin est clair jusqu’à la zone sablonneuse, moins évident ensuite.

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