Jadis située sur le site d’un empire khmer, Sukhothai émergea en 1238 comme la première capitale historique du Royaume Thaï lorsque deux dirigeants régionaux s’associèrent pour contrer leur envahissant voisin. Littéralement traduisible par « l’aube du bonheur », la ville prospéra principalement du XIII^ème au XIV^ème siècle, période considérée par beaucoup d’historiens comme l’apogée de la culture thaï durant laquelle art sacré et architecture s’épanouirent dans leur style le plus pur. Voilà qui constitue pour nous un dernier arrêt parfait à mi-chemin entre Chiang Mai et Bangkok avant de quitter la Thaïlande !

Aujourd’hui, Sukhothai est une ville moderne divisée entre la partie ancienne qui abrite les temples historiques et la partie nouvelle, à 12 km de là. Des navettes efficaces assurant la liaison entre les deux zones, nous décidons de loger dans la nouvelle ville, plus pratique car toute proche de la gare routière. Le lendemain matin, nous nous levons tout excités à l’idée de visiter le parc historique, classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco, pour notre dernière journée dans le pays. Commençons donc par le commencement, avec la Zone Centrale, la plus impressionnante avec pas moins de 71 monuments plus ou moins en ruines ! On vous rassure tout de suite, bien qu’ayant loué des vélos pour plus de facilité, on ne les a pas tous explorés et on vous fait un résumé de notre Top 3. Nous avons vraiment aimé le Wat Sa Si ou « monastère de l’étang sacré » pour ses deux statues de Bouddha en pierre : l’une assise, massive, trônant au milieu des colonnes du wihaan (hall) central ; l’autre debout, symbolisant la marche dans une posture aérienne incroyablement moderne ! Fait marquant, la salle d’ordination des moines est située à l’écart, sur une plate-forme entourée d’eau, sur laquelle les fidèles n’avaient pas le droit de pénétrer. Vient ensuite le Wat Mahathat, le site le plus central et le plus riche, véritable cœur spirituel et administratif de l’ancienne Sukhothai. Il est particulièrement intéressant d’observer les innombrables Bouddhas « emmurés » dans d’étroites niches de pierre ou de brique. Enfin, le Wat Si Sawai est un bel exemple de l’évolution des croyances religieuses de l’hindouisme vers le bouddhisme. Les figures de Garuda et les nagas sont encore visibles sur les trois tours de style khmer, bien que l’ensemble fut plus tard reconverti en lieu de culte bouddhique.

Elégance de pierre au Wat Sa Si

 

De petites routes planes, droites et asphaltées : parfait pour pédaler entre les temples !

 

Observez les tours de style Sukhothai au Wat Mahathat…

 

… et comparez-les avec les prangs khmers du Wat Si Sawai 500 mètres plus loin !

 

Dernier symbole emblématique et digne d’attention, le Monument du Roi Ramkhamhaeng consacre le souverain principal de la dynastie de Sukhothai : il régna pendant 42 ans et est considéré comme l’inventeur de l’écriture thaï et le fondateur de sa littérature ! Voici venu le temps d’une pause déjeuner bien méritée pour goûter les nouilles de Sukhothai, servies dans un bouillon légèrement sucré avec des morceaux de porc, des cacahuètes et des haricots verts. La visite rapide du Wat Tra Phang Thong, plus moderne mais entouré de jolies douves remplies d’eau, nous remet le pied au pédalier. Nous roulons ensuite vers la Zone Nord pour admirer deux autres temples majeurs : le Wat Phra Phai Luang, dont les tours de style khmer du XII^ème siècle laissent penser que se situait là le centre de la Sukhothai dominée par les maîtres d’Angkor, et le Wat Si Chum, connu pour son grand Bouddha assis de 15 mètres en brique et en stuc. Si ces sites septentrionaux méritent un coup d’œil rapide, ils sont toutefois nettement moins intéressants que la zone centrale. Ayant eu notre quota de temples pour la journée, nous rentrons un peu plus tôt à l’hôtel, avant de ressortir pour profiter du marché de nuit. Un vrai régal de snacks, plat rapides et autres amuse-bouche pour dernière soirée en Thaïlande. Demain, direction Bangkok puis la Nouvelle-Zélande !

Le Roi Ramkhamhaeng trône et diffuse encore sa sagesse sur sa capitale

 

En route vers le nord, un étonnant chedi en cloche avec… une vingtaine d’éléphants prisonniers des briques !

 

Zoom sur les origines hindoues du Wat Phra Phai Luang

 

Il va avoir du mal à passer la porte…

 

Sukhothai vs. Ayutthaya : le duel

Nos lecteurs les plus assidus n’auront pas manqué de remarquer que Sukhothai présente un certain nombre de similitudes avec Ayutthaya, qui l’a d’ailleurs remplacée en 1438 pour devenir la capitale du Royaume Thaï. Moins connue que sa consœur qui lui a succédé dans l’histoire, Sukhothai ne dispose pas moins d’attraits spécifiques : voyons donc laquelle l’emporte s’il fallait choisir entre les deux !

Ayutthaya a pour elle d’être la plus connue des anciens lieux de pouvoir du pays. Elle est également très facilement accessible depuis Bangkok en excursion à la journée, ce qui explique en grande partie sa popularité touristique. Ses 3 ou 4 temples emblématiques sont réellement impressionnants et d’une envergure supérieure à ceux de Sukhothai (voir notre article à ce sujet pour plus de détails).

Sukhothai est quant à elle un peu plus réduite géographiquement, ce qui la rend très facile à explorer en une journée. Son réseau de petites routes isolées de la circulation se prête parfaitement à un parcours en vélo, même pour les moins sportifs. L’environnement des temples est aussi plus agréable, avec ses nombreuses étendues d’eau et ses arbres, ce qui rend la visite moins pénible en pleine chaleur. Enfin, il y a beaucoup moins de touristes à Sukhothai, d’où la douce impression d’être souvent seul au milieu des ruines, chose impensable à Ayutthaya.

Difficile de trancher donc… Les fans de culture inscriront définitivement les deux sites à leur agenda ! Pour les autres, sur un voyage de 2 ou 3 semaines, Ayutthaya est sans doute plus accessible, et consacrer une étape à part entière pour Sukhothai présente le risque d’une redondance un peu décevante. En ce qui nous concerne, nous fûmes très contents de terminer par un endroit avec un charme un peu plus bucolique, un peu plus en-dehors des sentiers battus, ce qui reste plus difficile à trouver à Bangkok et dans le sud du pays. Une bonne dernière note pour l’Asie, avant l’Océanie !

Vu ! A toi de compter !

 

Plus de photos de Sukhothai, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

• Depuis Lampang : trajet en bus de 3h45 pour 155 THB par personne.
• Entre Old et New Sukhothai : navette régulière entre la gare routière, le pont de New Sukhothai et l’entrée du Parc Historique. Trajet de 30 à 45 min, 30 THB à chaque fois.
• Vers Bangkok : trajet en bus de 7h45 pause déjeuner incluse pour 310 THB par personne.

Hôtel : la guest house Rueng Sri Siri est extrêmement pratique car située juste en face de la gare routière. Chambre basique avec ventilateur, mais la chaleur peut néanmoins être étouffante. Prix : 250 THB la nuit.

Visite du Parc Historique :

• Location de vélo : 30 THB par jour par personne. Il y a au moins 2 loueurs juste en face de l’entrée est du Parc Historique de Old Sukhothai (zone centrale).
• Zone centrale : 100 THB l’entrée + 10 THB pour le vélo. Zone principale avec la plupart des temples majeurs, à ne pas manquer.
• Zone nord : 100 THB l’entrée + 10 THB pour le vélo. Comparativement cher car le nombre et l’intérêt des wats est bien moindre que la zone centrale.
• Zone ouest : 100 THB l’entrée + 10 THB pour le vélo. Nous ne l’avons pas visitée, mais elle semble être du même acabit que la zone nord.
• Autres zones : gratuites. Quelques temples clairsemés ici et là, principalement au sud et à l’est du parc historique.

Night Market : pas forcément facile à repérer car la zone n’est pas clairement délimitée. La plupart des stands se situent de part et d’autre du pont, à l’entrée de New Sukhothai.

Changement d’argent : si comme nous vous avez un besoin criant de bahts, une banque mobile prend la forme d’une camionnette rose, juste à gauche de l’entrée est de la zone centrale, tous les jours de 10h à 16h.