Palomino et Tayrona – Cuits à l’étouffée dans les Caraïbes !

Dès la fin de notre aventure dans l’extrême nord désertique de La Guajira, il est temps pour nous de revenir sur nos pas jusqu’à Santa Marta, sur la route de Carthagène. C’est l’occasion parfaite pour visiter au passage deux autres lieux particulièrement prisés des touristes : le petit village tranquille de Palomino et le fameux Parc Tayrona. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la Côte Caribéenne colombienne aura tenu ses promesses en termes de chaleur tropicale !

 

Palomino

La minuscule bourgade Wayuu de Palomino, coincée entre les pics de la Sierra Nevada de Santa Marta et la mer, ne fut pas vraiment une étape à part entière, mais un arrêt pratique pour la nuit au retour de La Guajira. Malgré le peu de temps que nous avions décidé d’allouer à cet endroit, nous avions réellement envie de voir à quoi ressemblait ce petit havre de paix du backpacker en Colombie. Côte atmosphère, Palomino tient ses promesses et nous a fortement rappelé l’ambiance de certains villages d’Asie du Sud-Est : mélange étonnant entre hordes de jeunes touristes étrangers et locaux qui vaquent à leurs occupations, quelques petits de stands de nourriture de rue bon marché, un rythme assez lent bien adapté aux températures tropicales… Même notre nuit en dortoir un peu bohême, au milieu d’une musique commerciale occidentale trop forte et de vapeurs envoûtantes des feuilles fumées par les employés de l’auberge, avait un petit quelque chose de Thaïlande. Malgré cette ambiance géographiquement décalée, nous profitons de la douche et de la cuisine pour nous préparer des pâtes aux légumes, pause végétarienne bienvenue dans notre régime colombien sur-protéiné !

Au petit matin, nous descendons la rue principale pendant une vingtaine de minutes jusqu’à la plage. Les boulangeries étant toujours fermées, nous petit-déjeunons des rares galettes au lait qu’il nous reste, non distribuées aux enfants de La Guajira. Le ciel est habillé d’un gris sombre et les nuages pleurnichent. Sur la plage, de puissantes vagues lèchent pratiquement la digue de pierre, ne laissant qu’une étroite bande de sable brun d’un mètre cinquante, en léger dévers, pour nous asseoir : il est de notoriété publique que les courants sont ici trop dangereux pour se baigner. La plupart de la plage a été annexée plus ou moins sauvagement par les hôtels qui la bordent. De rares palmiers améliorent un peu l’ensemble, mais nous demeurons perplexes quant aux raisons qui ont généré un boom touristique sur cette partie de la côte. A défaut de pouvoir passer des vacances idylliques en bord de mer, c’est sans doute l’ambiance relax du village et les possibilités d’escapade dans la Sierra Nevada toute proche qui ont séduit une jeune communauté de voyageurs en quête d’un lieu alternatif où s’implanter. Bref, nous ne regrettons pas de nous être arrêtés au passage pour découvrir Palomino, mais regrettons encore moins de sauter dans le bus dès 9h le matin pour filer jusqu’à notre prochaine destination !

L’étroite plage de Palomino sous un ciel menaçant

 

On se demande toujours à quoi sert un poste de surveillance quand la baignade est déconseillée…

 

Parc Tayrona

Initialement, nous avions imaginé nous ressourcer à Tayrona entre notre trek de la Ciudad Perdida et notre tour dans le désert de La Guajira. Les circonstances – principalement une erreur de communication de la part de l’agence – en ont décidé autrement… Néanmoins, même après 9 jours déjà passés sur la côte caribéenne, nous étions encore avides de découvrir l’endroit, tant les avis sur le parc étaient unanimement positifs. Le bus de Palomino nous dépose à El Zaino, principal point d’accès à la réserve naturelle. Là, à notre grand étonnement, l’entrée est organisée industriellement pour gérer un flot massif de touristes : files séparées pour les payeurs et pour les accompagnants, stands pour réserver son hébergement avant de rentrer dans la zone sans couverture téléphonique du parc, barrières empêchant le stationnement de véhicules, etc. Cela ressemble un peu à Disneyland, et l’infrastructure touristique colombienne nous surprend une fois de plus. Petit hic, le prix du ticket est élevé pour le pays (environ 15 euros) et n’inclut même pas la navette jusqu’au début du chemin de randonnée à Cañaveral 4 kilomètres plus loin : on est bel et bien chez Mickey !

La marche commence au sein d’une belle forêt tropicale sur l’unique sentier accidenté qui longe plus ou moins la côte. De réguliers points de vue sur une mer sauvage, encadrés par de gros blocs de rochers blancs, ponctuent chacune des grimpettes du parcours, plus exigeant que nous l’imaginions. Après 1h15 d’effort à couvert de la végétation mais sous une chaleur moite, nous arrivons à Arrecifes, point de chute pour la nuit. Les premiers hébergements sont hors de prix et la recherche du camping le plus économique est difficile car il est perdu dans la jungle, avec très peu de panneaux indicatifs. Nous finissons toutefois par y parvenir et dégoter deux hamacs pour la nuit. Une fois n’est pas coutume, nous avons manqué d’anticipation et n’avons pas prévu de pique-nique : nous sommes bons pour un déjeuner à prix parisiens au camping pour… des pâtes à la napolitaine et un riz aux légumes.

Nous marchons ensuite une heure jusqu’à Cabo San Juan del Guia, la plage la plus prisée située au milieu du parc. Là, nous tombons une nouvelle fois bouche bée : nous avons beau être mercredi, l’endroit est bondé ! Il semble que toute la classe privilégiée de la société colombienne et tous les touristes étrangers se sont donnés rendez-vous à cet endroit, donnant au site un petit côté de Phuket ou de Côte d’Azur. L’anse de sable est néanmoins magnifique, coupée en deux par une presqu’île rocheuse surmontée d’un pavillon octogonal. Qu’il est bon de bouquiner en position horizontale à l’ombre d’un palmier, avec un petit plongeon toutes les 30 minutes pour se rafraîchir ! Le soleil baisse doucement, et nous entamons le chemin retour vers Arrecifes en passant par la lagune, presque seuls.

Le lendemain, nous avalons un petit-déjeuner de muesli puis marchons 45 minutes jusqu’à La Piscina, la meilleure plage du parc pour la baignade, apercevant au passage… un caïman quasi-immobile dans la lagune d’Arrecifes ! Une fois à destination, l’eau est effectivement claire et à la bonne température, remède nécessaire au soleil de plomb qui nous assomme. Après 2h30 de réception d’UV, nous effectuons la randonnée retour jusqu’à l’entrée du Parc, suant au passage toutes les gouttes d’eau de notre corps, voire plus ! Si l’on tire le bilan de ces 30 heures passées à Tayrona, on ne peut qu’admirer la beauté des lieux, que ce soit la marche accidentée à travers la forêt, le caractère sauvage de la lagune habitée par les reptiles ou les superbes plages de La Piscina et Cabo de San Juan del Guia. Toutefois, nous eûmes le sentiment de parcourir le parc avec un mode de visite un peu hybride : nous avons l’impression qu’il faut plutôt choisir soit une simple visite à la journée depuis Santa Marta pour voir les sites principaux, soit venir 4-5 jours se reposer plus longuement sur le sable. L’impression rétinienne que nous laissera Tayrona aura sans doute également souffert de nos trois mois en Australie : droit d’accès puis nourriture chers sur place, densité de personnes un peu trop forte, peu de liberté sur les sentiers qu’il est possible d’emprunter ou les plages où la baignade est autorisée… Si Tayrona représente sans doute le nec plus ultra de l’expérience balnéaire en Colombie, la comparaison avec la version aussie n’est probablement pas à son avantage. Il n’en demeure pas moins que ce Parc National fut un arrêt sympa, utile pour comprendre le mode de loisirs des Colombiens aisés et de la classe moyenne naissante, mais qui ne restera peut-être pas comme l’un de nos souvenirs les plus marquants du pays.

L’une des premières vues dégagées depuis le chemin de randonnée : wouahou !

 

La lagune d’Arrecifes, habitat des caïmans

 

On est bien sous les tropiques !

 

La splendide plage de Cabo San Juan del Guia

 

Le coureur le plus rapide de la plage La Piscina !

 

Santa Marta

Nous ne pouvions pas conclure cet article sans évoquer rapidement Santa Marta, la capitale souvent oubliée de la région de Magdalena. Notre aperçu de la ville s’est en fait déroulé en trois épisodes : d’abord à notre arrivée depuis San Gil avant de partir en trek pour la Ciudad Perdida, puis durant notre journée de transition entre cette randonnée et le tour du désert de La Guajira, et enfin au retour de Tayrona sur notre route pour Carthagène. Santa Marta est souvent décrit comme un hub touristique – ce pourquoi nous l’avons utilisé – mais n’a pas encore vraiment acquis ses lettres de noblesse dans les guides de voyage. Néanmoins, la cité constitue une base agréable et authentique pour sentir le pouls du rythme de vie caribéen. Sa cathédrale, sa Plaza de San Francisco, ses rues commerçantes du centre où s’alignent les bouisbouis, son front de mer et sa marina sont autant d’endroits sympathiques pour observer la vie locale. Malgré une plage peu adaptée à la baignade et une chaleur étouffante qui donne envie de la fuir, Santa Marta nous a permis de vivre une courte parenthèse dans notre identité de touristes, nous fondant dans la masse et nous adonnant à de passionnantes activités du quotidien comme… faire la lessive et aller chez le coiffeur !

La Catedral, très populaire notamment pour sa fraîcheur !

 

Rue colorée de Santa Marta

 

Le genre de belles fresques urbaines que l’on trouve dans toutes les villes de Colombie

 

Plus de photos de Santa Marta et ses environs, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • De Santa Marta à Riohacha : transport privé utilisé pour nous rendre au début du tour de La Guajira. Trajet de seulement 2h30 – les bus publics sont significativement plus longs – pour un coût de 35 000 COP par personne.
  • De Riohacha à Palomino : minibus bondé attrapé juste devant le terminal de Riohacha. Prix de 15 000 COP par personne, 1h25 de route.
  • De Palomino à El Zaino (entrée du Parc Tayrona) : le bus stationne et démarre de la highway, à l’extrémité sud de la principale rue du village de Palomino. Coût peut-être légèrement gonflé de 6 000 COP par personne pour 1h de trajet.
  • De El Zaino à Santa Marta : dernier tronçon retour effectué pour 7 000 COP pour 35 kms qui ont pris presque 1h avec les bouchons.

Hébergement :

  • Santa Marta : hôtel Media Luna (calle 30, 4a-214), propre et plutôt basique. Légèrement excentré au sud mais possibilité de marcher jusqu’au centre en environ 25 minutes à pied. Nuit négociée à 40 000 COP par nuit (la première fois avec climatisation, la seconde fois avec ventilateur uniquement).
  • Palomino : choix un peu par défaut de l’Hostel King Sofa, proche de la route et donc pratique pour notre escale rapide d’une nuit. Coût de 15 000 COP pour un lit en dortoir 4 places, plutôt propre, ce qui s’applique aussi à peu près à la douche commune et aux toilettes. Ambiance « alternative » qui ne conviendra pas à tout le monde.
  • Parc Tayrona : nuit en hamac à 15 000 COP par personne au Camping Don Pedro, la seule option vraiment économique du parc. Douches froides au tuyau bienvenues et grand espace commun où se restaurer, avec ou sans la nourriture du camping.

Visite du Parc Tayrona : les plages les plus agréables et propices à la baignade se trouvent entre Arrecifes ou Cabo San Juan del Guia. Compter environ 2h30 de marche entre l’entrée du parc à El Zaino et Cabo San Juan del Guia. Arrecifes est une option meilleure marché que San Juan del Guia pour dormir. Nous vous recommandons d’emporter au maximum de quoi boire et manger, car l’offre sur place est rare et chère. Nous ne sommes pas allés à Pueblito, craignant un effort décevant après avoir visité Ciudad Perdida. Entrée du parc à 48 500 COP par personne + navette à 3 000 COP par trajet vers et depuis Cañaveral.

 

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