Ho Chi Minh City – Saigon, du spectre de la guerre au boom économique

Le nom de Saigon, porte d’entrée du pays et point de passage obligé pour de nombreux expatriés ou soldats, port grouillant d’activité et centre administratif, évoque à lui seul l’Indochine et le Vietnam. Aujourd’hui, la ville d’Ho Chi Minh City s’étend sur des kilomètres et des kilomètres et ses bâtiments majoritairement à étages doubles s’alignent le long de grandes avenues. La densité de la circulation est particulièrement impressionnante : les deux-roues motorisés zigzaguent sur les larges boulevards et ronds-points et, pour traverser, il ne faut pas hésiter à s’engager d’un pas décidé et uniforme, les piétons sont miraculeusement évités.

Nous commençons justement par une balade dans le quartier central et historiquement appelé Saigon. Bien que la ville soit construite près d’une rivière, celle-ci n’est plus très présente dans l’urbanité planifiée par les français au 19ème siècle : une large avenue borde les quais et les rend peu propices à la promenade, la ville s’étant développée sur sa rive nord le long d’un axe perpendiculaire : l’avenue Dong Khoi, les « Champs Elysées » vietnamiens, sur laquelle s’alignent boutiques de luxe, hôtels célèbres et bâtiments coloniaux ; tout au bout se dresse la cathédrale en brique où une messe est célébrée en anglais ce dimanche matin.

La poste centrale conçue par Gustave Eiffel est superbe : de belles cartes de la Cochinchine (région du Vietnam Sud sous domination française) ornent les murs, au-dessus de cabines téléphoniques en bois et de comptoirs de part et d’autre d’un hall dont les voûtes sont supportés par de très belles arches en fer forgé. De dérisoires petits ventilateurs créent un peu de mouvement dans l’air lourd sans réussir à rafraîchir l’atmosphère étouffante.

Hello Ho Chi Minh !

 

Superbes cartes d’un autre temps, sur les murs de la Poste centrale

 

Ho Chi Minh Ville garde aussi le souvenir d’une histoire plus récente* : le Palais de la Réunification est l’ancien palais présidentiel, reconstruit suite à des bombardements dans les années 60. Symbole du gouvernement du Vietnam Sud pro-américain, il constituait une cible de choix pour l’armée du Nord et fut une prise hautement médiatique lors de l’entrée des chars dans Ho Chi Minh Ville, quelques soldats hissant le drapeau du Nord alors que le président du Sud par intérim signait une reddition sans condition. Le palais a une architecture moderne plutôt agréable et comporte des salle de réunion et réception au rez-de-chaussée, des salons au premier étage ainsi qu’une zone d’habitation privée à l’arrière du bâtiment, et un espace loisirs comprenant bar, billard, salle de cinéma au second étage. Enfin, au sommet, une salle de danse qui domine la ville et l’héliport.

Un peu échaudés par nos visites des musées d’histoire de Hanoi et leur manichéisme, nous évitons ceux de Saigon, sauf l’incontournable Musée des Vestiges de la Guerre. A l’extérieur, une reconstitution des prisons un peu redondante avec la visite de la maison centrale de Hanoi : y sont présentées les différentes méthodes de torture et les conditions de détention (effectivement terribles) des vietnamiens faits prisonniers par les puissances occidentales. Dans le bâtiment principal, plusieurs séries de photos montrant les horreurs de(s) guerre(s) : reportages américains et occidentaux, photos « officielles » de la guérilla Viet Cong par eux-mêmes, témoignages divers des massacres et combats… Dernière addition à la galerie des atrocités, les portraits des enfants nés mal-formés suite à la contamination de leurs parents par l’ « agent orange », un puissant désherbant contenant de fortes concentrations de dioxine utilisé par l’armée américaine pour dégager certaines zones de maquis utilisées par la guérilla Viet Cong…

Le palais de la réunification, à l’architecture tellement 60’s

 

Le salon des ambassadeurs est l’un des plus petits mais finement décoré

 

Le quartier de Cholon était initialement une ville à part entière, bien distincte de Saigon : la diaspora chinoise s’y est installée et a fait prospérer l’endroit, y construisant de nombreux temples au milieu des habitations et magasins. Aujourd’hui, la croissance de la ville a fusionné les deux quartiers (et beaucoup d’autres) en une grande mégalopole au dynamisme économique croissant. Pour nous après 2 mois en Chine, Cholon est un peu décevant : certes les temples sont assez intéressants et les boutiques clairement différentes du reste de la ville (lanternes, costumes, masques de danse du dragon…), mais on y trouve peu de restaurants ou signes de vie communautaire qui nous ont tellement plu précédemment.

A Ho Chi Minh ville, tout s’achète et se vend dans nombreux magasins spécialisés et marchés. Le marché de Ben Thanh est l’un des plus centraux et nous y passons du temps, à flâner entre les stands de vêtements, nourritures, épices, café, souvenirs, sacs, fruits … Jérémy remplace un de ses T-shirts qui a rendu l’âme prématurément par une chemise en coton, nous achetons un petit magnet pour notre collection ainsi qu’un guide de voyage pour notre prochaine destination : le Cambodge ! Le marché de Binh Tay à Cholon est quant à lui fermé pour rénovation, transféré temporairement dans d’insupportables hangars préfabriqués installés trop à l’étroit dans les rues adjacentes où la circulation a été coupée : nous ressortons à peine entrés tant il est difficile de circuler dans les allées à l’air surchauffé.

Temple chinois dans le quartier de Cholon

 

Une vendeuse de rue (oui, le fameux chapeau vietnamien est vraiment porté par beaucoup de monde !)

 

On trouve de tout au marché de Ben Thanh

 

Pas vraiment conquis par cette ville et en petite forme, nous avons passé deux jours plutôt peu intensifs à HCMC. C’est sans doute trop court mais suffisant pour nous : notre visa touche à sa fin et nous souhaitons encore découvrir le delta du Mékong !
* Parenthèse « Histoire récente du Vietnam pour les nuls »

Parce que les cours d’histoire en France sont assez élusifs sur la question (ou peut-être en avions nous un souvenir un peu vague), un rapide résumé de ce que nous avons retenu :

  • Après 80 ans de colonisation française, le gouvernement de Vichy autorise pendant la seconde guerre mondiale les Japonais à envahir et contrôler le Vietnam, avec pour conséquence nombres d’atrocités et une gigantesque famine, tous les stocks étant réquisitionné pour l’armée. Le peuple vietnamien commence à se mobiliser et à se soulever.
  • En 1945, la France reconnaît une plus grande indépendance au Vietnam sous la direction d’Ho Chi Minh, mais dans les faits peu de choses changent. S’ensuit la guerre d’Indochine de 1946 à 1954, entre les forces françaises et le Viet Minh, qui s’achève après la bataille de Dien Bien Phu : le Vietnam du Nord, dirigé par un gouvernement communiste, est créé, tandis que le Vietnam du Sud reste sous le contrôle d’un gouvernement pro-américain.
  • Dix ans plus tard, en 1964, le Vietnam du Nord, aidé par une guerilla intensive, envahit le Vietnam du Sud afin de réunifier le pays : les interventions militaires américaines croissent et c’est le début de la « guerre du Vietnam » qui durera jusqu’à la chute de Saigon en 1975. Ainsi, la guerre a particulièrement meurtrit le centre et le sud du Vietnam, ainsi que le Laos frontalier, tant par les batailles au sol que par les lourds bombardements.

 

Plus de photos de Ho Chi Minh City, c’est par ici !

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Infos pratiques

Transport :

  • Bus de nuit de Dalat à HCMC, 5h de route, 110 000 VND.
  • Pour aller de Ben Thanh à Cholon : bus public n°1 (part de la station de bus du côté opposé au marché sur le rond-point de Ben Thanh) jusqu’au terminus « Cholon bus station ».

Hôtel : Bee Hotel, bien tenu et emplacement central, chambre double 15 USD sans petit-déjeuner.

Visites : Attention, la plupart des musées ferment entre midi et 14h !

  • Palais de la Réunification : intéressante visite tant pour l’architecture que pour l’histoire, 40 000 VND.
  • Musée des Vestiges de la Guerre (War Remnants Museum) : galeries de photos très parlantes, certains contenus peuvent être choquants, surtout pour des enfants (scènes de torture, blessures, malformations congénitales…).

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