Kep – Sur la côte des crabes et du poivre

Notre premier contact avec le Cambodge est des plus agréables, ici tout le monde semble aimable et accueillant, le soleil brille et la vie s’écoule doucement. Nous faisons étape dans la ville de Kep à seulement 40 km de la frontière vietnamienne, et le contraste entre les deux pays est frappant : moins de sollicitations agressives et absence « d’erreurs » de change, contre beaucoup plus de sourires et de petites discussions sympathiques. La ville de Kep est bizarrement très étendue et le « centre » à côté de la plage principale ne comporte que quelques commerces : la plus ancienne station balnéaire du pays, prisée par les colons du temps de l’Indochine, conserve en revanche de très belles villas sur de grandes propriétés, dont certaines ont été rénovées avec goût.

Nous nous essayons enfin à louer un scooter à deux et partons en exploration des environs. Après quelques virages sur la petite route côtière de Kep (très large et déserte), nous nous sentons assez braves pour les 25 km de route d’étonnamment bonne qualité jusqu’à Kampot. En bord de rivière, cette ville a un petit centre assez touristique autour de l’ancien marché, mais les rues assez larges et le trafic peu dense lui donne un certain charme provincial. Nous flânons le long des bâtiments de style colonial assez mal conservés puis jetons un œil à l’ancien pont construit par les français qui tient debout par miracle après de nombreux rafistolages. Notre prochaine destination nous conduit à travers la campagne par des petites routes cahoteuses et boueuses. Qquel plaisir d’être visage au vent à travers les paysages ensoleillés : champs plats et leurs hauts palmiers, grandes vaches blanches, maisons rudimentaires en bois et sympathiques enfants criant « hello » à notre passage. Non sans avoir dérapé deux fois dans la boue (mes tibias s’en souviennent), nous parvenons au site de Phnom Chhnork (un nom qui ne s’invente pas !). Un escalier conduit tout droit sur la colline, offrant un beau panorama dominant largement la plaine, une seule autre colline se dressant dans le paysage. Dans la paroi s’ouvre une grotte au plafond haut comme une cathédrale, et l’escalier y descend, après avoir passé deux concrétions rocheuses ressemblant vaguement à des éléphants. Tout en bas, un tout petit temple en brique datant du 9e siècle, incroyablement bien préservé grâce à son écrin naturel !

Un pied à terre qui nous plairait bien 

 

Les maisons de Kampot: commerce au rez-de-chaussée et logement à l’étage

Kep est aussi… la capitale du crabe ! En témoigne la kistchissime statue géante de crabe plantée dans la mer près de la promenade arborée, mais surtout le fameux « marché aux crabes » installé près des quais et grouillant d’activité tout au long de la journée : retour de la pêche et tri, vente des crustacés et poissons, cuisson et dégustation de fruits de mer à toute heure du jour et de la nuit. Nous célébrons notre arrivée au Cambodge avec un repas de rois : crabes au poivre vert et crevettes grillées. Le combat avec les crustacés durera longtemps : ici pas de pince à crabe ou pique pour aller chercher la chair dans les pattes, tout se fait à la fourchette et au couteau… et très vite avec les doigts et les dents ! Le poivre de Kampot est célèbre et très goûtu, nous aurons l’occasion de visiter une ferme de poivre et de voir les plantations : les lianes croissent pendant 3 ans avant de produire les grains, qui sont récoltés verts pour la cuisine fraîche, ou plus mûurs pour les poivres rouges, noirs et blancs. Ces trois derniers proviennent d’ailleurs de la même plante : les grains rouges sont plus mûrs, les noirs sont encore verts quand ils sont ramassés puis foncent en séchant, et les blancs sont en fait des rouges plongés dans une saumure puis séchés et décortiqués !

 

Trois petits pots de poivre !

 

Et trois petits crabes au poivre !

L’Ile du Lapin, ou Rabbit Island, fait face à Kep et est facilement accessible par une traversée en bateau d’une demi-heure.  A l’arrivée, pas de quai mais une longue plage fine sur lesquelles les embarcations déposent leurs passagers, aux pieds des cocotiers. Un peu à l’arrière, des rangées de bungalows sommaires avec des hamacs invitent à passer quelques jours ici. Nous partons de suite pour un tour de l’île à pied : un sentier longe le sud de la plage et traverse d’abord ce qui semble être un chantier en suspens, sans doute un resort qui changera pas mal la fréquentation de l’île. Ensuite s’enchainent plusieurs petites plages sauvages aux eaux bleu turquoise, bordées de végétation luxuriante. Le chemin suit plus ou moins la côté, s’enfonçant parfois un peu dans les terres où les herbes hautes et arbustes se font plus denses. Après plus d’une heure de marche, nous croisons des touristes qui rebroussent chemin et arrivons en effet à une plage où se trouvent quelques habitations, mais pas de traces du sentier pour continuer la balade… Qu’à cela ne tienne, nous traversons un tas d’algue en décomposition (beurk quelle odeur !) et continuons sur les rochers, avec parfois de l’eau jusqu’aux genoux… et finissons par retrouver le chemin ! Il nous aura fallu presque 2 heures et demie pour parcourir les 7 km, nous avons bien mérité de déjeuner les pieds dans le sable puis quelques heures de farniente dans les hamacs ou sur les transats avant de retourner à Kep. Le soleil est si fort ici que c’est à peine soutenable et nous plongeons régulièrement dans l’eau, avant de finir par nous déplacer à l’ombre !

La plage est à nous !

 

Oh mon bateau, oh oh oh !

 

Les moines aussi voyagent en bateau

Invitation au farniente

Coucher de soleil sur Kep

 

Pour notre dernière matinée, nous nous levons à l’aube afin de profiter de quelques heures d’activité à la fraîche avant notre transfert vers Sihanoukville : direction le parc naturel de Kep, autour de la principale colline de la ville. Nous sommes si tôt que la guérite près de la barrière est vide, nous nous acquitterons du modeste droite d’entrée de 1 dollar quelques minutes plus tard en croisant la garde forestier à moto sur le sentier. Le chemin principal du parc est ombragé dans les sous-bois et fait le tour du monticule, offrant de beaux points de vue sur la campagne et la côte environnante, mais des hordes de moustiques nous assaillent malgré le répulsif dont nous nous aspergeons copieusement ! Au pavillon le plus dégagé, on aperçoit jusqu’à Kampot et la colline du Phnom Chhnork visités les jours précédents ! Après une heure de marche nous atteignons une ferme à papillons et observons les lépidoptères colorés dans une volière avant de rebrousser chemin.

C’est le sourire aux lèvres que nous quittons Kep, déjà conquis par le Cambodge, son soleil et ses habitants : lieu idéal pour passer quelques jours tranquilles à explorer les environs et commencer à découvrir la gastronomie locale.

Plus de photos de Kep, c’est par ici !

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Infos pratiques

Transport : notre ticket acheté à HCMC nous amenait jusqu’à Kep. De Kep à Koh Rong Samloem (via Sihanoukville) avec ferry de retour inclus, départs 7h30 et 10h30, 23 USD.

Hôtel : Visal Sak, chambre double avec ventilateur (= sans climatisation) 6 USD, un peu loin du « centre » il vaut mieux avoir son propre transport (l’hôtel loue des vélos et scooters), calme, bon restaurant au décor agréable en bois dont les portions « large » sont effectivement les plus copieuses que nous ayons vues jusqu’ici.

Visites:

  • Kampot : située à 25 km au Nord-Ouest de Kep par la route, l’excursion se fait facilement depuis Kep en scooter. Petit centre autour de l’ancien marché agréable, peu de sites à voir mais quelques bâtiments coloniaux et une balade en front de rivière
  • Sothy’s pepper farm : à 20 km au nord-est de Kep, des visites avec explications sur la culture du poivre et le domaine sont proposées par des volontaires au fil des arrivées. La ferme fait aussi restaurant et auberge.
  • Phnom Chnnork : à 15 km à l’Est de Kampot, accès par une piste en terre très glissante par temps de pluie (on a testé pour vous), petit temple en brique situé dans une grotte qui vaut autant pour la balade à travers la campagne environnante que pour le site en lui-même. Entrée 1 USD.
  • Rabbit Island : aller-retour depuis Kep en bateau 7 USD (retour le même jour) ou 9 USD (retour « ouvert » un autre jour), nombreux bungalows assez rudimentaires et restaurants de plage permettant de déjeuner les pieds dans le sable. Il est possible de faire le tour de l’île à pied par le sentier quittant la plage principale au sud, mais 2 ou 3 zones dans le Nord-Est de l’île nécessite de passer dans l’eau ou les algues.
  • Kep national park : nombreux sentiers très bien balisés, nous n’aurons vu que la boucle principale qui offre de jolis panoramas sur Kep et la campagne et les plages alentours (jusqu’à la frontière vietnamienne ou Kampot !). Moustiques féroces. Droit d’entrée 1 USD.
  • Butterfly farm : facilement accessible depuis la boucle principale du national Park, explications sommaires sur les œufs, chenilles, chrysalides, papillons… et une volière avec de beaux spécimens. Intéressant mais ne mérite pas une excursion en soi. Donation suggérée 1 USD.

 

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