Quilotoa – Randonnée autour du cratère sans fond

Le cratère de Quilotoa est celui d’un volcan éteint, qui comporte aujourd’hui un lac superbe attirant de nombreux visiteurs, dont la légende dit qu’il n’aurait pas de fond. Ses environs se prêtent très bien à la randonnée et plusieurs villages ont développé un tourisme centré sur cette activité : il est proposé dans les guides ou auberges de faire la « boucle de Quilotoa » sur 3 ou 4 jours, souvent en partant de Sigchos pour terminer à Quilotoa. Nous avons opté pour une version plus longue, en sens inverse, sur 3 jours, on vous raconte pourquoi et comment !

 

Jour 1 : de Tigua à Quilotoa
20 km, 7 h sur le chemin pour 6 h de marche effective.

Levés de bonne heure pour prendre le bus en direction de Zumbahua depuis Latacunga, nous nous faisons déposer à la Posada de Tigua à 3500 m d’altitude et commençons à marcher vers 9h. Il est décrit dans le guide qu’une jolie randonnée suit le canyon de Toachi depuis ce point, et nous imaginons qu’il sera assez aisé de trouver le chemin jusqu’à Quilotoa, sur le bord du cratère que nous voyons se dresser à l’horizon. Nous sommes de plus munis de notre inséparable application Maps.me, qui indique clairement un sentier montant jusqu’au village.

Le début de la marche est assez aisé, suivant une route de terre depuis notre point de départ : la vallée est peu encaissée et comporte de nombreux champs cultivés. Le temps est assez couvert mais nous n’oublions pas de mettre de la crème solaire : les rayons tapent fort en montagne, même à travers les nuages ! Bientôt, la route monte sur la gauche pour passer dans une seconde vallée et alors que la route continue à sinuer, notre application semble indiquer un petit chemin à flanc de colline, qui ne débouche pas vraiment : heureusement la vallée n’est pas bien profonde et nous retrouvons la route de l’autre côté. Nous traversons des villages qui semblent presque abandonnés : fenêtres cassées, mauvaises herbes, murs branlants… et puis, quelques enfants surgissent et indiquent qu’il reste bien des habitants ici ! Nous continuons à suivre la petite route vers le Nord et alors qu’elle bifurque à 90 degrés à l’Ouest, nous enfonçons plus à l’Est. Le sentier descend ensuite entre deux pans rocheux pour s’enfoncer dans le canyon par un sentier sablonneux.

 

Les plaines de Tigua et à l’horizon le cratère !

 

Sur le chemin…

 

Plus bas, nous rencontrons un vieil homme avec ses mules, et afin de confirmer notre direction, lui demandons notre chemin. Moment de confusion quand il nous indique une route totalement différente de celle que nous avions prévue, mais nous concluons qu’il nous montre le plus court chemin, sans passer par le cratère et suivons l’application. Le sentier se fait de plus en plus incertain, semblant très peu usité et passant par plusieurs zones partiellement couvertes de végétation. Le chemin indiqué est certainement celui parcouru par un touriste avec son guide il y a quelques temps, mais certainement pas celui le plus évident… Nous finissons par retomber dans une troisième vallée et après un petit passage à gué retrouvons une piste plus large, qui traverse une rivière plus large avant de monter vers un village. Nous passons l’église puis une dizaine de maisons et continuons notre ascension vers le cratère. A une fourche, il nous faut choisir entre deux routes : nous comprendrons plus tard que celle de gauche était plus directe, mais nous prenons bien sur celle de droite. La route continue à niveau jusqu’au village de Quilotoapamba, où nous empruntons sur la gauche une piste qui remonte le long d’une petite gorge jusqu’au bord du cratère. Après quelques dernières dizaines de mètres sportives, nous débouchons enfin sur le sentier circulaire qui fait le tour du cratère, parfaitement entretenu. Un gros coup de barre nous tombe dessus à cet instant : ayant enfin trouvé un chemin clair, nous pouvons nous relâcher et il nous est presque difficile de parcourir les 2 derniers kilomètres qui nous séparent du village de Quilotoa.

 

Parcours fleuri !

 

Le cratère de Quilotoa

 

Les vues sur le lac de cratère en contrebas sont splendides, malgré la pluie fine qui obscurcit notablement le panorama. Le chemin suit la crête, très bien tracé, et offre de superbes vues de part et d’autres, sur les vallées et montagnes environnantes. Nous posons enfin nos sacs vers 16h à 3900 m et faisons un rapide tour du village : il n’y a pas grand-chose à y voir et nous rentrons bien vite nous reposer. Nous passons néanmoins au centre d’information pour avoir plus d’éléments sur la journée du lendemain, mais l’employé essaye de nous faire peur de sorte à ce que nous prenions un guide (chiens mordeurs, chutes de pierres, etc…) : s’il s’avère que le chemin original est effectivement devenu dangereux du fait de glissements de terrain, l’alternative que nous décrivons ci-dessous est parfaitement réalisable seuls. Pour conclure en beauté la journée, une coupure d’eau généralisée nous empêche de prendre une douche chaude, pourtant si méritée !

 

Jour 2 : de Quilotoa à Chugchilan
12 km, 4h de marche effective.

Nous sommes réveillés à l’aube par les rayons du soleil, mais peinons à sortir de sous les couvertures, il fait frisquet à cette altitude le matin ! Après le petit déjeuner, nous commençons à emprunter vers le Nord le chemin qui fait le tour du cratère : les vues sont de nouveau superbes malgré des lumières un peu fades si tôt dans la journée. Assez vite, nous repérons que le chemin est balisé de marques à la peinture rouge faites par l’un des hôtels de Chugchilan. A un moment, nous décidons de quitter les marques pour suivre de nouveau maps.me en quittant le cratère, mais celui-ci nous fait prendre des chemins de traverse peu usités (et nous passons accessoirement deux fois par-dessus des barrières, heureusement aucun propriétaire en vue !). Nous retrouvons un peu plus bas les marques rouges, il est donc possible de les suivre de bout en bout ! Nous atteignons bientôt le village de Gran Guayama, qui comprend une église, un magasin, un terrain de basket et quelques maisons, puis descendons dans le canyon juste à l’Est. Un point de vue donne sur des cascades décevantes, peut-être sont-elles plus impressionnantes après un épisode pluvieux… Le sentier remonte ensuite de l’autre côté après être passé au-dessus du ruisseau qui coule au fond de la gorge, puis finit par retomber sur une route en terre. Le paysage volcanique est très beau, nous laissons le cratère derrière nous et avançons le long de cette vallée encaissée. Nous passons par le village de La Moya, un peu plus gros que les précédents, et continuons pour remonter jusqu’à Chugchilan, en coupant deux fois par des sentiers qui évitent les longs lacets de la route carrossable.

 

Petit matin sur le lac de cratère

 

L’agréable sentier suit la crête

 

Une dernière traversée de canyon avant Chugchilan

 

Le village de Chugchilan ne compte que 4 options d’hébergement, notre comparaison est donc faite rapidement. Nous optons pour l’hôtel Mama Hilda, qui pour le même prix que les autres semble offrir des prestations supérieures. Le ciel se dégage et nous profitons de la terrasse pour avaler nos sandwiches préparés pour la marche : nous avons été trop rapides ! Pour l’après-midi, plusieurs options d’offrent à nous : balade à cheval, boucle de marche, ou tout simplement, farniente dans le jardin. C’est cette dernière option que nous choisissons, fatigués de la marche et mettant à profit le beau cadre de l’auberge. Nous venons d’échanger des livres et sommes également impatients de dévorer nos nouvelles acquisitions. Après une douche bien chaude, nous dînons avec appétit d’un repas simple mais très bon, dans une salle joliment décorée, puis nous retirons dans notre chambre pour une nuit confortable. Quelle agréable étape !

 

Belle lumière sur les pentes du cratère

 

Jour 3 : de Chugchilan à Sigchos
15 km, 5h sur le chemin pour 4h30 de marche effective.

Après une bonne nuit de repos, nous engloutissons le petit déjeuner de l’auberge et sommes partis dès 8h30. Il pleuviote encore ce matin, le temps n’est définitivement pas de la partie. Après 30 minutes sur la route principale (peu fréquentée, nous ne croiserons qu’une demi-douzaine de véhicules), nous le quittons pour un sentier sur la droite, qui descend dans la vallée en contrebas. De nouveau, le chemin est marqué de points de peinture rouge. Nous croisons une famille qui remonte la pente que nous descendons, et nous interrogeons sur la praticité des petites chaussures à talons de l’habit traditionnel féminin de cette partie des Andes… La vallée est plus large que celles des jours précédents, et une large rivière coule au centre. Nous la longeons pendant une trentaine de minutes puis arrivons à une bifurcation avec 3 panneaux : de la direction d’où nous venons Chugchilan, vers l’Ouest Isinlivi et vers le Nord Sigchos.

Nous avions initialement prévu d’aller jusqu’à  Isinlivi et d’aviser une fois là-bas si nous rejoignions Sigchos dans la foulée, passions la nuit sur place ou prenions l’unique bus de 15h30 pour retourner à Latacunga. Mais c’était sans comprendre la topographie des lieux : il faut en effet imaginer que Chugchilan et Sigchos sont du même côté de la vallée dans laquelle nous nous trouvons, alors qu’Isinlivi est de l’autre côté. De plus, 3 jours de marche nous semblent suffisants et nous avons lu que les options de transport depuis Sigchos sont plus nombreuses. Nous décidons donc d’aller directement à Sigchos. Bien que le chemin ne soit plus marqué à partir de cette flèche, il suffit de suivre la rivière sur sa rive gauche et le sentier finit par déboucher sur une route de terre qui remonte jusqu’à la ville. Le paysage est moins beau que les deux premiers jours, plus plat et beaucoup plus cultivé, mais la balade est néanmoins agréable. Nous déjeunons en route pour la 3ème et dernière fois de sandwiches, et atteignons Sigchos vers 13h. Et là commence la quête du terminal de bus : il faut 20 bonnes minutes pour traverser tout le bourg (pourtant relativement peu étendu) et demander au coup par coup à tous les locaux que nous croisons, qui nous répondent immanquablement « Arriba ! » (« là-haut ! »). Coup de chance, un bus part juste quand nous arrivons et nous sautons dedans.  Le trajet retour vers Latacunga passe par d’autres très belles vallées, et nous profitons pleinement du paysage, jusqu’à ce que le sommeil nous rattrape.

 

Les canyons se font moins profonds en avançant

 

Bonus : jeudi, le marché de Saquisili

Sans rien avoir prévu, nous retournons à Latacunga un mercredi soir, hors le jeudi se tient un célèbre marché dans la ville proche de Saquisili : nous sautons sur l’occasion ! Nous constatons d’abord que les bus à destination de la petite ville partent en effet toutes les cinq minutes du terminal de Latacunga, se remplissant à vitesse grand V de locaux partant faire leur emplettes ou vendre leur petite production. Nombreux sont ceux qui portent l’habit traditionnel andin, avec poncho et cheveux longs nattés, pantalon de toile pour les hommes ou jupes et longues chaussettes pour les femmes, complétés par un chapeau de feutre noir. Arrivés à Saquisili, nous nous rendons tout d’abord à la place principale  qui est … déserte ! Le marché se tient en effet sur 8 places à travers la ville, mais pas celle-ci ! Nous ferons le tour de 4 d’entre elles, dont Plaza Kennedy et Plaza Gran Colombia, et le spectacle est presque à chaque fois similaire : les places ne semblent pas spécialisées par types d’articles vendus. On retrouve donc systématiquement des fruits et légumes, des vêtements, des ustensiles de cuisine ou de bricolage… Si certains stands sont achalandés de produits variés, certains vendeurs « mono-produit » semblent être venus avec la production de leur jardin : on trouve ainsi des gens qui ne vendent que quelques bottes de poireaux, des carottes, voire des herbes, peut-être ramassées dans les champs. Plus atypique, plusieurs sections du marché vendent des animaux : poules, cailles, canards, chiots, chatons, quelques chèvres, et beaucoup beaucoup de cochons d’inde et de lapins. Ces derniers sont vendus par sacs entiers, et les petites boules de poils se meuvent en couinant à travers la toile. Et puisqu’il faut bien nourrir tout ce petit monde, chaque place à son lot de stands de nourriture à déguster sur le pouce, à toute heure de la journée. Dès notre arrivée, les relents de soupes nous assaillent donc, et nous nous laissons tenter pour notre part par un verre de colada morada, boisson sucrée chaude très dense à base de maïs et de mûre et un petit pain fourré à la confiture de lait. Nous achetons aussi quelques fruits et autres pains pour les jours à venir et faisons un dernier tour de ces marchés pleins de couleurs et de vie !

 

Couleurs des Andes

 

Stands de poireaux !

 

Conciliabule

 

Plus de photos de la boucle de Quilotoa, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • De Latacunga à Tigua : bus depuis le terminal toutes les heures pour Zumbahua, demander à descendre à la Posada de Tigua. Environ 1 heure de trajet à 1,50 USD par personne.
  • De Sigchos à Latacunga : bus régulier depuis la gare routière (située au Nord-Ouest du village, à l’opposé de l’arrivée du sentier). Environ 2 h de trajet à 2,30 USD par personne.
  • De Latacunga à Saquisili : le jeudi, bus toutes les 10 minutes depuis le terminal. Durée : 25 minute pour un coût de 0,45 USD par personne. Idem dans l’autre sens.

Hébergement :

  • Latacunga :
    • Hostal Tiana : Chambres simples, espaces communs agréables. Cuisine à disposition, échange de livres possible. Fournit des instructions pour réaliser la boucle dans le sens Sigchos -> Isinlivi -> Chugchilan -> Quilotoa (inverse de celui que nous avons choisi). Bon wifi. Prix de 25 USD la chambre double avec salle de bain partagée et petit déjeuner inclus.
    • Hostal Latacunga : les chambres sont au sous-sol de l’hôtel (plus classe) Villa de Latacunga. Sombre et sans charme, mais propre et à deux pas de la place centrale. Prix de 15,60 USD pour une chambre double avec salle de bain partagée. Egalement des chambres de 3, 4 voire 5 personnes pour les groupes.
  • Quilotoa : Hostal Chosita, assez neuf et plutôt confortable, avec un poêle pour les nuits froides. Le restaurant partenaire en face est chauffé et a du wifi. Pas d’eau lors de notre passage, mais on nous a dit que c’était le cas pour tout le village ce jour-là (??) ; coût de 12 USD par personne pour une chambre avec salle de bain privative, incluant dîner et petit déjeuner (assez basiques).
  • Chugchilan : Hotel Mama Hilda, un standing que nous avons rarement connu dans ce voyage, chambres charmantes en bois et briques, espaces communs chaleureux et décorés avec goût, wifi performant, douche vraiment chaude, très bons et copieux repas. Un vrai coup de cœur ! Seulement 14 USD par personne pour une chambre avec salle de bain commune, dîner et petit déjeuner inclus.

Visites / activités :

  • Marché du jeudi de Saquisili : marché peu touristique s’étendant dans toute la ville, et surtout sur 8 places principales. On y trouve de tout : légumes, fruits, animaux, accessoires divers, vêtements, stands de nourriture, etc… Vraiment authentique.
  • Randonnée  de la Boucle de Quilotoa :
    • Il est plus simple d’effectuer la randonnée sur trois jours avec les étapes Quilotoa -> Chugchilan -> Isinlivi -> Sigchos, le chemin étant fléché et/ou marqué de rouge tout du long. Nous ne regrettons néanmoins pas du tout notre choix de réaliser également la section Tigua -> Quilotoa, qui nous a offert certains des plus beaux paysages, notamment dans la vallée du canyon Toachi.
    • Si votre budget le permet, prendre un guide (35 USD par jour) permet d’éviter les petits moments de stress que nous avons eu lorsque le chemin n’était pas très clair…
    • Se munir d’un bâton s’est avéré très utile, les chiens des fermes et villages pouvant se montrer agressifs (même en restant bien sur le chemin hors de leur propriété).
    • Nous avions emmené nos doudounes, gants, bonnets, écharpes, et nous en sommes servi : s’il fait plutôt bon dans la journée, mais dès la tombée du jour, la température chute et les nuits peuvent être glaciales (surtout à Quilotoa à 3900m). Les vestes imperméables ont été indispensables pour nous : il a plu chaque jour, de manière discontinue.

 

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