Vilcabamba – Retraite zen au paradis des centenaires

Nous voici désormais au sud de l’Equateur ! La traversée des Andes du nord au sud du pays fut plus éprouvante que nous le pensions, et nous aspirons à une dernière étape reposante avant l’aventureux trajet jusqu’au Pérou via la frontière de La Balsa. Vilcabamba paraît l’endroit rêvé pour atteindre notre objectif : cette petite ville tranquille est en effet réputée pour son caractère apaisant, pour le corps et l’esprit. Position du lotus, « hooommmmmmmmmmmmmm »…

Les journées de transition entre deux villes majeures sur notre parcours sont étonnamment fourbes : nous avons beau ne rien faire et rester gentiment assis dans notre bus, nous finissons systématiquement fourbus à l’arrivée. L’état des routes de montagne, des sièges et des suspensions du bus n’y est sans doute pas étranger… Notre trajet de 6h30 depuis Cuenca ne déroge pas à la règle, et nous somme bien contents quand le chauffeur immobilise définitivement son véhicule à Vilcabamba ! Nous nous ruons dans la gargote en face du terminal de bus, dont la formule-déjeuner pourtant basique nous paraît un festin. Avec un flan au caramel en prime – les desserts sont rarissimes dans les menus du jour sud-américains – que demander de mieux ?

Le temps de faire quelques emplettes de pain et de fruits, puis un taxi nous dépose à notre auberge d’Izhcayluma 3 kms plus haut sur la Panaméricaine. Nous y retrouvons par hasard Simon et Camille, les deux Français du blog www.chouxtrotters.fr rencontrés à Iluman, notre premier point de chute au nord de l’Equateur. Il faut croire que nous avons descendu le pays à la même vitesse. Une fois n’est pas coutume, épuisés par notre trajet en bus, nous restons tout l’après-midi allongés dans nos hamacs à discuter (on vous avait prévenu que c’était une étape de repos ;-)) ! Dans la soirée, nous partageons un taxi avec nos compagnons pour nous rendre « en ville » et dînons de quesadillas et de burritos mexicains avec une bonne bière fraîche. Ce n’est pas très local, mais ça fait un bien fou 🙂 La soirée se prolonge au fil des échanges, alors que nos deux amis voyageurs patientent pour prendre leur bus à 1h du matin.

Après une nuit réparatrice, on commence la journée suivante par une activité qui sied particulièrement bien à ce lieu coupé du monde : le yoga ! L’hôtel organise en effet un cours gratuit tous les matins, un standing auquel nous ne sommes pas habitués pendant ce voyage au long cours ! Nous ne nous faisons pas prier et sautons de notre lit dès 7h du matin, même Jérémy qui ne s’est pourtant jamais essayé à ce sport ! Note : l’état de ses muscles à l’issue de la séance lui fera d’ailleurs reconnaître que le yoga est effectivement un sport…

Daphné en pleine méditation…

 

Un cadre inspirant pour une séance de yoga matinale !

 

Devant notre chambre, retour dans la partie « backpackers » du complexe, où tout le monde se prépare son petit-déjeuner sur mesure pour éviter le buffet de l’hôtel, beaucoup plus dangereux pour nos maigres bourses. Requinqués et bien réveillés, c’est parti pour une randonnée à la journée. L’hôtel nous a fourni une carte précise de notre itinéraire, et c’est confiant que nous abordons la descente le long d’un joli ruisseau. Vient ensuite une route de terre qui monte en serpentant à travers un hameau, passe devant plusieurs maisonnettes et une école, puis rétrécit pour finir couverte de végétation. Nous admirons en chemin de superbes propriétés privées avec d’imposantes bâtisses : les lieux sont en effet très prisés, notamment des retraités nord-américains, qui viennent chercher ici la cure de jouvence qui réussit si bien aux locaux. En effet, suite à un article dans le magazine Reader’s Digest en 1955 qui décrivait Vilcabamba comme la ville au monde avec le plus de centenaires, la popularité de la bourgade s’est envolée… tout comme le prix du terrain au mètre carré ! Même si cette « colonisation » pacifique a fait grincer quelques dents à l’époque, cet afflux de population aisée a également créé de nombreuses opportunités pour les jeunes du village, l’un des seuls qui ne constate pas un exode massif de sa jeunesse vers les grandes villes équatoriennes. Le secret de Vilcabamba n’a pourtant jamais été percé : est-ce le climat ? L’eau pure qui descend des montagnes ? C’est en tous cas la seule fois où nous avons eu de l’eau potable au robinet en Amérique du Sud pour l’instant, hormis dans quelques capitales et grandes métropoles.

Mais retour à notre promenade : nous débouchons sur la route bitumée principale de la Vallée de la Longévité, la suivons sur 300 mètres, puis montons à pic vers les cimes des collines. La végétation devient plus rare et sèche, les barrières barbelées plus fréquentes, et il nous faut régulièrement ramper sous ces dernières – avec l’autorisation des gens du coin – pour se frayer un chemin. Le sentier suit maintenant une étroite crête, offrant les vues les plus incroyables sur la région : un paradis andin à 360°. Les deux profonds canyons de part et d’autres encadrent nos acrobaties de funambules, gare au faux pas ! Une raide descente exigeante pour les genoux nous ramène enfin le long d’un cours d’eau asséché, que nous suivons pendant le dernier tiers de notre promenade jusqu’à proximité de notre hôtel. Si la première partie sur la piste caillouteuse et la dernière le long du ruisseau ne sont pas particulièrement agréables, la section du milieu, haut-perchée sur la crête, justifie largement l’effort et nous rappelle presque nos plus belles excursions sur le MacLéhose Trail à Hong Kong !

Rentrés en début d’après-midi, nous nous relaxons jusqu’au soir, alternant bain dans la piscine fraîche, lecture et écriture de nos articles de blog. Nous profitons d’un succulent dîner à l’allemande au restaurant de l’hôtel : spätzle (sorte de gratin de pâtes au fromage) et tempeh aux oignons au menu pour reprendre quelques-unes des calories dépensées !

Aperçu de la Vallée de la Longévité

 

Un beau petit sentier de crête !

 

Le ruisseau asséché qui nous ramène directement à notre hôtel

 

Pour notre dernier jour en Equateur, nous anticipons légèrement l’anniversaire de Daphné en nous offrant une sortie à cheval à la journée, plaisir rare que nous n’avions plus expérimenté depuis la Chine. Mais commençons par le commencement : notre séance de yoga matinal, incluant salutations au soleil, travail de hanche et… gestion des courbatures de la veille. Nous avons ensuite rendez-vous avec notre guide de cheval, qui vient nous chercher à l’auberge et nous transfère au bureau de l’agence sur la place principale. Une fois nos bottes et chapeaux de cow-boy enfilés, Juan Carlos nous mène jusqu’à 3 chevaux en parfaite santé, dont nos montures pour cette journée sur la « Route des Cascades » : Sultan et Chico.

Nous suivons d’abord la piste bitumée vers l’est, au pas, au trot et même au galop ! Après un passage de rivière où nos montures se mouillent les sabots et en profitent pour s’abreuver, le chemin monte raide vers les collines recouvertes de verdure. Les caballitos sont puissants, les vues superbes sur la vallée en contrebas. Plus de deux heures à dos de canasson, et l’ultime descente nous plonge dans la jungle : nous sommes arrivés au Parc National de Podocarpus. Connu pour sa diversité aviaire, ce sont avant tout les papillons qui nous entourent de tous les côtes, dont un surprenant spécimen aux ailes transparentes. Le déjeuner emporté par notre guide tombe à point nommé, le guacamole et le fromage frais sur du bon pain sont un délice. Le thé horchata, préparé à base de plantes médicinales locales, nous réhydrate : voici peut-être un autre élixir de jouvence de Vilcabamba…

Nous nous promenons à pied dans la jungle pendant une vingtaine de minutes, le temps d’admirer cette dense forêt et un vif cours d’eau, puis nous remontons en selle pour une demi-heure jusqu’à la cascade El Palto. Malgré la fraîcheur, nous nous mettons courageusement à l’eau : notre « douche » froide, jet à forte pression s’il-vous-plaît, ne durera pas plus de quelques secondes… Les photos de Daphné criant sous la chute glacée ont d’ailleurs été censurées par le Comité de Relecture de cet article… C’est l’heure de reprendre le chemin du retour. Voulant passer entre les gouttes de pluie qui s’annoncent, Juan Carlos hâte le pas avec pas mal de trot et un grand galop pour finir. Les fesses en compote après plus de 4h30 sur nos montures, nous claudiquons entre les différents magasins de la ville pour refaire le plein de nourriture, puis rentrons à notre base d’Izhcayluma. Un dîner rapide et nous nous glissons tôt sous notre tas de couvertures : demain, nous partons dès 6h du matin pour le Pérou !

La cavalière a fière allure !

 

Dans la dense forêt du Podocarpus

 

Le papillon aux ailes vitrées !

 

La cascade El Palto, jet à forte pression

 

Plus de photos de Vilcabamba, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • De Cuenca à Vilcabamba : depuis le terminal principal de Cuenca, prendre l’un des dix bus par jour à destination de Loja (départ à 7h45 pour nous, durée 4h30, prix 7,5 USD par personne). De Loja, un autre bus part régulièrement pour Vilcabamba (durée théorique 1h, durée réelle 1h30 pour faire le plein de passagers, prix 1,25 USD par personne).
  • De Vilcabamba à La Balsa (frontière péruvienne) : plusieurs compagnies proposent des bus vers la frontière péruvienne depuis Loja. Les plus populaires parmi les voyageurs passent à Vilcabamba à 22h30, 1h00 ou 6h00. Nous avons pris celui de 6h00 de la compagnie Sur Oriente – en réalité vers 6h40 – sur la route principale devant notre hôtel de Vilcabamba car c’est le seul qui va jusqu’à La Balsa (tous les autres s’arrêtent à Zumba où il faut prendre l’une des trois rancheras par jour pour La Balsa). Arrivée à 13h30 à La Balsa après une escale de 45 minutes à Zumba, coût de 10,50 USD par personne.

Hébergement : Izhcayluma Hostal, choisi initialement pour son prix bas par rapport aux autres options d’hébergement (9,50 USD par personne pour un lit en dortoir). Bien qu’un peu plus cher que dans le reste de l’Equateur, cet hôtel offre un nombre incalculable de services gratuits : cours de yoga, piscine, réservations de tours sans commission, cinq circuits de randonnées balisés avec des cartes précises, etc. Une excellente adresse, dont le restaurant et les massages (payants) sont aussi réputés !

Visites / activités :

  • Cours de yoga : proposé gratuitement par l’Hostal Izhcayluma tous les jours à 7h30, durée de la session d’environ 1h15.
  • Randonnée : idem, 5 ou 6 circuits ont été tracés et balisés par l’hôtel, pour des durées variables de 3h à 8h de marche. Nous recommandons la boucle D pour les vues depuis la crête, environ 3h30 d’effort. Gratuit.
  • Balade à cheval : réservé avec La Tasca Tours via note hôtel. Plusieurs options d’une demi-journée à 3 jours pleins. Nous avons choisi la formule « Route des Cascades & Podocarpus 1 day » au prix de 40 USD par personne. Chevaux en bonne santé, matériel (bottes, chapeaux, selles, etc.) en parfait état : un prestataire très fiable !

 

3 réflexions au sujet de « Vilcabamba – Retraite zen au paradis des centenaires »

  1. Toujours aussi passionnantes vos narrations!
    Merci pour ce petit moment de rêve!
    On vous embrasse très fort en attendant de le faire pour de vrai bientôt

    1. Coucou !
      Merci pour le commentaire, ça nous fait super plaisir de voir que vous suivez le parcours et appréciez les articles 🙂
      On a hâte de vous retrouver aussi !
      A bientôt
      D&J

  2. Je pense a la retraite…. J’ai 59 ans.. Est-ce que c’est un rêve chez vous…..
    J’suis déjà aller au Costa Rica ..c’est excellent aussi
    J’aimerais discuter avec vous
    ….

    Merci

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