Wellington – Dans les coulisses politiques, historiques et cinématographiques

Capitale culturelle et constitutionnelle depuis 1865, Wellington se dresse face à nous sur ses collines à notre descente du ferry en provenance de Picton. Point de passage obligé du détroit, la ville constitue symboliquement le lien entre les îles du Nord et du Sud. Sa réputation est ambivalente : d’un côté, Wellington est élégante, moins peuplée que Auckland ou Christchurch, et possède l’un des airs les plus purs pour une capitale, grâce aux vents soufflant entre la Mer de Tasmanie et le Pacifique. De l’autre, la météorologie est souvent capricieuse et son système de circulation à sens unique un cauchemar pour les automobilistes. Nous ne manquerons effectivement pas de vérifier ces deux derniers points… Heureusement, nous avons de nouveau trouvé refuge chez une généreuse couchsurfeuse : Lynette !

Chez Lynette (à gauche), avec Fernanda, une autre couchsurfeuse chilienne

 

Voyager en fin d’été ou début d’automne en Nouvelle-Zélande est un bonheur pour éviter le flot touristique de décembre à février. Malheureusement, comme en Europe, c’est aussi un peu la roulette climatique : parfois on gagne, mais régulièrement… on perd ! Nos deux jours à Wellington auront donc été placés sous le signe des trombes d’eau et d’un vent puissant. A tel point que le soi-disant magnifique panorama du Mont Victoria nous est resté invisible 🙁 Même les fameux jardins botaniques si réputés nous ont paru bien ternes sous la grisaille. La petite exposition décrivant l’histoire du tramway et des funiculaires, publics et privés, a heureusement rattrapé notre expérience dans ce parc. Fait marquant : Wellington compte en effet plus de 400 funiculaires en service aujourd’hui, la plupart privés pour accéder aux résidences sur les hauteurs de la ville, un record mondial !

Magnifique Mont Victoria… c’est aussi ça, le voyage 😉

 

Entrevue furtive de la baie depuis les Jardins Botaniques… mais personne pour profiter du petit banc !

 

Heureusement, derrière ses murs, Wellington comporte de nombreux attraits intérieurs dans lesquels nous réfugier 🙂 C’est tout d’abord le centre des arcanes du pouvoir politique néo-zélandais, avec notamment le siège du Parlement. L’édifice des représentants du peuple est en réalité constitué d’un ensemble de trois bâtiments emblématiques (de gauche à droite sur la photo ci-dessous) :

  • Le Beehive (« La Ruche ») ou aile exécutive, dont l’architecture date des années 1970, et qui abrite les bureaux des Ministres
  • La Maison des Représentants (House of Representatives) ou aile législative, avec sa longue façade néo-classique du début XXème, incluant la Chambre des Députés et les divers bureaux des commissions spécialisées
  • La Bibliothèque parlementaire, dans un style néogothique victorien, qui protège les archives nationales.

La visite guidée d’une heure à laquelle nous assistons est passionnante, surtout en cette période d’élections françaises ! La visite des locaux, ressemblant à s’y méprendre à un mini-Westminster, illustre de manière flagrante l’appartenance de la Nouvelle-Zélande au Commonwealth. Si la Reine d’Angleterre n’a pas le droit de s’immiscer dans les débats parlementaires – elle n’a d’ailleurs pas de fauteuil où s’asseoir dans la Chambre – son représentant (le Gouverneur-Général) doit approuver et signer toutes les lois ! Le système démocratique néo-zélandais combine adroitement élection nominative et proportionnelle : les citoyens votent simultanément pour une personne et un parti. Le mode de gouvernement est assez pragmatique et efficace, avec seulement 120 députés (dont les Ministres) et une seule Chambre. Il y aurait matière à s’en inspirer pour nous autres Français, même si cette échelle réduite est plus simple à mettre en œuvre pour régir seulement 4 millions de kiwis, avec une histoire administrative « européenne » d’environ 150 ans.

Les trois bâtiments du Parlement

 

Autres incursions dans les coulisses de l’histoire néo-zélandaise, via les musées cette fois ! Te Papa, le principal musée national, est une mine d’informations sur les origines du territoire et de ses habitants. Section particulièrement intéressante : celle sur la genèse du Traité de Warangui, via lequel les Anglais ont obtenu l’accord de nombreux chefs Maoris d’administrer et d’exploiter la Nouvelle-Zélande, en échange du droit à continue d’utiliser leurs terres, de la protection de l’Empire, de la citoyenneté britannique et de l’assurance d’un maintien de la paix très attendue après des décennies de conflits inter-tribaux. La notion de propriété différant entre Anglo-saxons et Maoris, ce traité est aujourd’hui encore soumis à de nombreux arbitrages judiciaires. Sont présentées également l’évolution de la faune (calamar géant, oiseaux rares ou éteints, mammifères marins…) et de la flore (différents types de forêts primaires, pour certaines grandement clairsemées), un zoom sur la sismologie avec une maison mobile simulant les vibrations d’un tremblement de terre, ou encore de nombreux éléments de culture maori (maison commune grandeur nature ou marae) et l’histoire des différentes vagues de migration vers la Nouvelle-Zélande.

Autre pépite, le Musée de Wellington, découvert par hasard car la Galerie d’Art de la ville était fermée. Hétéroclite au possible mais intéressant, même si nous ne l’avons aperçu que 30-45 minutes – autant dire à la vitesse de la lumière pour nous qui pourrions passer des heures à lire des panneaux explicatifs ;-). La machine à remonter le temps et la tragédie des nombreux naufrages dans la baie de Wellington sont particulièrement marquants !

Une impressionnante porte maori 

 

Exposition sur la bataille de Gallipoli, lieu d’intervention néo-zélandaise durant la Première Guerre Mondiale

 

A la barre dans le Musée de Wellington !

 

Enfin, notre derrière plongée derrière la caméra est consacrée au cinéma, avec la visite de Weta Workshop. Ce nom ne vous dit sans doute rien, mais c’est à cette bande d’artistes de talents que nous devons les décors et équipements de films mythiques comme la Trilogie du Seigneur des Anneaux, Le Hobbit, Avatar, Warcraft, Les Aventures de Tintin, District 9, King Kong, Avengers, Spiderman et bien d’autres ! Weta, c’est l’histoire incroyable d’un couple passionné de design pour qui tout a explosé quand Peter Jackson les a contactés pour le premier opus du Seigneur des Anneaux, avec le succès que l’on connaît ! Nous sommes juste tous les 2 dans la dernière visite guidée de la journée, et avons ainsi droit à une explication privée interactive sur la procédé de fabrication d’automates, masques, prothèses, armes, casques, cottes de maille médiévales… en métal, plastique ou silicone ! Par exemple, il a fallu 9 semaines pour produire le fusil d’assaut de District 9 : design, impression 3D, moulage, reproduction en plastique, peinture et voilà ! Les personnages les plus importants et complexes sont parfois réalisés suivant la technique « Animatronics » (automates animés par électronique), selon les préférences des réalisateurs. Une immersion instructive sur le monde du cinéma, marchand de rêve reposant sur des centaines de métiers précaires et ingrats, pour un résultat artistique parfois spectaculaire, mais tellement éphémère !

Orque vs. Gollum : qui est le plus beau ?

 

De vrais pieds de Hobbit !

 

Notre visite de Wellington se termine, nous disons au revoir à Lynette et reprenons la route… sous le soleil ! Tant pis, nous n’aurons pas vu la capitale sous son meilleur jour, mais sommes néanmoins ravis des éclairages passionnants qu’elle nous a apporté sur des sujets vraiment variés.

Plus de photos de Wellington, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Trajet de Picton à Wellington : 3h30 de ferry entre les deux îles, via la compagnie Bluebridge. Bateau très spacieux, avec prises électriques, Internet, nombreux fauteuils confortables et bar à boissons & snacks. Coût de la traversée : 226 NZD pour deux personnes + une voiture.

Activités :

  • Parlement : visite guidée d’une heure gratuite. Passionnant pour comprendre le système démocratique des kiwis et pénétrer dans les lieux majestueux du pouvoir.
  • Musée Te Papa : un incontournable, que ce soit pour les adultes ou les enfants ! Muséographie très moderne, présentant des thèmes variés sur l’histoire de la Nouvelle-Zélande. Entrée gratuite, mais le challenge est de réussir à se garer aux alentours pour ne pas payer trop cher !
  • Musée de Wellington : entrée également gratuite, ce petit musée est une bonne surprise. Il se parcourt rapidement et offre un éclairage complémentaire à Te Papa, plus précisément sur l’histoire de la ville et du port.
  • Weta Workshop : l’entrée à la boutique incluant un court film introductif sur l’histoire du studio est gratuite. La visite des coulisses de production des décors et équipements dure 45 minutes et coûte 25 NZD par personne. Intéressant, mais il est préférable d’avoir vu et de connaître les films de Weta avant (et pas seulement le Seigneur des Anneaux) !

 

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