Zipaquira et Villa de Leyva – Petits villages et démesure

Nous quittons Bogota pour partir à la découverte du reste du pays, en commençant par ses environs proches, juste au nord. Zipaquira et sa fameuse cathédrale de sel sont facilement accessibles pour une excursion à la journée, et Villa de Leyva, un peu plus loin, peut s’explorer sur deux jours depuis la capitale. Pour nous, c’est le début de notre chemin vers la côte caribéenne !

Zipaquira

A la descente du bus, nous sommes d’abord agréablement surpris par l’ambiance qui règne à Zipaquira en ce dimanche : certaines rues sont fermées aux voitures et les piétons et vélos se les sont bien appropriées ; la population se regroupe sur la place centrale devant l’église, pour discuter ou jouer au ballon. Après un rapide repas d’empanadas (chaussons frits fourrés au riz et à la viande), nous apprécions la vingtaine de minutes à pied à travers le village pour rejoindre le site de la cathédrale.

 

Les toits de Zipaquira

 

Deuxième surprise, le site est bien plus développé que nous l’imaginions ! Des guichets très modernes délivrent des cartes magnétiques, la signalisation bilingue est très claire et nous attendons sagement dans une sorte de sas le départ de la prochaine visite guidée. Il faut dire que la cathédrale de sel peut recevoir jusqu’à 6000 visiteurs par jour, mieux vaut que l’organisation soit à la hauteur ! Nous entamons la visite par une longue rampe inclinée qui nous conduit sous terre : la cathédrale actuelle se situe entre 100 et 180 mètres de profondeur, une profondeur suffisante pour assurer sa pérennité ; la cathédrale originale creusée dans le roc trop proche de la surface a en effet été fermée en 1992 car les infiltrations d’eau avaient trop fragilisé la structure. La cathédrale a été aménagée dans les chambres et couloirs d’anciens niveaux d’une mine de sel, creusée dans la « roche de sel » : le plus incroyable est que la mine continue d’être exploitée à des niveaux bien plus profonds, quelques centaines de mètres sous nos pieds ! Troisième surprise, la cathédrale de sel n’est pas blanche comme nous l’imaginions, en effet le roche de sel est composée à 85% de sel mais les autres composants et l’exposition à l’air lui donne un aspect noir marbré de blanc. Le long couloir débouche enfin sur une série de chambres et d’alcôves: sur la gauche les creux sont peu profonds, alors que sur la droite ce sont de gigantesques salles vides, anciennes carrières de sel, d’environ 30 m de haut, 15 m de large et 200 m de long. Chaque station est illustrée par une sculpture de croix symbolisant les différents épisodes de la Passion du Christ de manière épurée : seules des croix sont sculptées, de différentes manières, mais aucune n’est figurative.

 

Croix, croix, croix …

 

Nous débouchons ensuite sur une plateforme dominant le cœur principal de la cathédrale : c’est un vrai « effet waouh », le volume de l’ensemble et les éclairages somptueux sont à couper le souffle. Dans le mur opposé, une croix géante brille, du sol au plafond et sur toute la largeur du mur, la guide tente de nous faire deviner son poids, impressionnant ! Nous descendons quelques volées de marche via trois escaliers parallèle et la guide nous explique que selon le chemin que nous avons choisi spontanément, nous sommes des âmes pures, petits pécheurs ou grands pécheurs : parmi nous deux, il y a donc un petit pécheur et un grand pécheur, mais nous ne dévoilerons pas qui est qui ! Nous voici donc descendus dans la nef, que nous apprécions sous un angle différent : la grande croix du fond est en fait creuse, une sorte de trompe-l’œil. Deux autres salles de taille identique succèdent au cœur et toute trois représentent la naissance, la vie et la renaissance de Jésus.

 

Giga-croix !

 

Et c’est là que les choses se gâtent : nous arrivons dans la partie dite « commerciale » qui comprend de nombreux magasins (d’objets religieux, d’artisanat, d’émeraudes, et j’en passe…), un « miroir d’eau », un musée de l’émeraude bien pauvre, un spectacle son & lumière et un film 3D. Ces deux derniers ne sont pas inintéressants : le film repasse l’histoire de la mine et de la cathédrale, depuis les populations indigènes jusqu’à aujourd’hui, et le spectacle son et lumière consiste en un tapis de LED au plafond d’une grande salle rectangulaire, accompagné de musique électronique, pour le moins divertissant à défaut d’être enrichissant. Mais l’ensemble donne une ambiance ultra-touristique et artificielle au lieu qui était initialement dédié au culte et recueillement. Nous ne nous attardons pas et remontons à la surface où le soleil est déjà bien descendu : on pourrait perdre la notion du temps là-dessous, nous sommes restés près de 2 heures et demie !

 

Villa de Leyva

Après l’agitation de la capitale, la calme Villa de Leyva offre un contraste bienvenu. Fondée dans une jolie vallée entourée de montagnes au climat plus clément, la ville a un classique plan colonial espagnol, organisé en rues perpendiculaires. La taille de la Plaza Mayor (place centrale) surprend néanmoins : pas moins de 120 mètres de côté, entourée de bâtiments ayant au plus 2 étages ; la place semble disproportionnée et prévue pour une agglomération à la population 100 fois plus nombreuse. Dans le reste de la ville, les rues sont étroites et bordées de maisons coloniales à balcon et aux murs blanchis à la chaux. Il est facile d’imaginer les chevaux dans ces rues aux siècles précédents ; d’ailleurs, certaines rues sont interdites au stationnement et/ou circulation des voitures, ce qui préserve le charme du village.

 

C’est une grande grande place

 

De retour de l’école

 

Villa de Leyva attire paraît-il les foules de Bogotanos le week-end, mais en semaine il fait bon s’y balader presque seul. D’anciennes maisons à patio ont été rénovées et transformées en musées, restaurants, hôtels ou magasins (de souvenirs…). Parmi celles-ci, l’ancienne résidence de l’artiste Luis Alberto Acuña. Ce peintre et sculpteur, après avoir grandi en Colombie, poursuivit sa formation en France avant de créer le mouvement Bachué, s’inspirant de l’art précolombien mélangé à des courants plus modernes. Il s’intéressa aussi à l’anthropologie et aux mythes fondateurs indigènes et s’essaya à la poésie ; le musée est petit mais intéressant et ses pièces joliment disposées autour d’un patio. Une autre maison retrace le parcours d’Antonio Nariño, l’un des pères de la nation colombienne, qui eut entre autre l’outrecuidance de traduire en espagnol la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de la Révolution Française (et se vit condamné lourdement par la Monarchie Espagnole pour ce fait).

 

Patio et fresques de Luis Alberto Acuña

 

Dans les alentours de la ville, de nombreuses excursions sont également possibles. Nous nous contenterons de deux : une petite marche jusqu’au point de vue «  El Santo » et une visite au « pozos azules ». La balade jusqu’à la statue de saint qui domine la ville ne prend que deux heures, mais le sentier abrupte est complètement exposé, et le soleil tape fort sous ces latitudes, nous descendons des quantités d’eau et prenons de légers coups de soleil malgré la crème ! En haut, nous profitons de la brise qui nous rafraîchit et jouissons d’un beau panorama sur la ville et son emplacement privilégié entre deux chaînes de montagnes. Deux chiens nous accompagnent tout au long de notre aller-retour, et nous suivrons même jusqu’à notre hôtel ensuite, étonnant ! Après un roboratif déjeuner du jour dans un petit restaurant, nous nous rendons aux « pozos azules » (les puits bleus), un ensemble d’étangs d’une jolie couleur bleu-vert. Le contraste avec la terre jaune orange brulée par le soleil est assez saisissant, mais la topographie de l’ensemble laisse à penser que ces « puits » ne sont pas vraiment naturels (même si la couleur de l’eau peut effectivement provenir d’une source à la teneur particulière en certains composés chimiques comme le sulfate de cuivre).

El Santo domine la ville

 

L’eau bleue des pozos azules

 

Dans un joli cadre !

 

Chaudement recommandé pour sa cuisine colombienne fusion et originale, le restaurant « Mercado municipal » nous a en effet laissé un souvenir impérissable ! Nous nous sommes essayés à des travers de porc cuits sous terre pendant 10 heures, ce qui les rend fondants, juteux et croustillants au bon goût fumé en même temps ; un risotto d’avoine accompagné d’asperges et champignons ; et en dessert, nous avons craqué pour une « tarte nue «  (torta desnuda) alternance de biscuit et crème, nappé de chocolat et confiture de lait (arequipe) et une tarte de coco moelleuse à souhait. Sans doute l’un des meilleurs repas de tout notre voyage !

 

Travers de porc cuits sous terre, un régal !

Villa de Leyva s’endort

 

Plus de photos de Zipaquira et Villa de Leyva, c’est par ici !

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Infos pratiques

Transport :

  • De Bogota à Zipaquira : des bus réguliers partent du Terminal del Norte, 35km, durée 1h, coût 5000 COP par personne.
  • De Bogota à Villa de Leyva : bus toutes les heures du terminal principal, qui passent environ 45 minutes plus tard par le Terminal del Norte. Durée 4 h, coût 25 000 COP par personne.

Hébergement :

  • Hostel Family Host World à Villa de Leyva : auberge de jeunesse toute proche de la gare routière, une adresse simple et propre avec une petite cour agréable. Coût : 40 000 COP la chambre double avec salle de bain commune.

Visites / activités :

Zipaquira

  • Cathédrale de sel : lors de notre passage, 4 « package » différents étaient possibles. En sus de l’admission à la cathédrale proprement dite, plusieurs attractions annexes sont proposées. L’admission seule coûte 50 000 COP par personne. Malgré le côté « Disneyland », un ensemble architectural impressionant, présenté par des guides de qualité.

Villa de Leyva

  • Marche de « El Santo » : quitter la ville par la calle 12 vers le Sud-Est, passer un terrain de football sur la droite et entamer la montée. Le chemin n’est pas fléché mais très clair, et on voit assez vite le point de fin : une statue de Saint blanche dominant la ville. D’en haut, joli panorama sur la ville et ses environs. Compter deux heures aller-retour.
  • Musée d’Antonio Nariño: retrace le parcours de l’un des pères de la nation, dans la maison où il passa sa fin de vie. Gratuit.
  • Musée Acuña : intéressant petit musée sur l’artiste peintre, sculpteur, poète, anthropologue et collectionneur, dans son ancienne maison. 6 000 COP par personne.
  • Pozos Azules : à environ 30 minutes de la ville, en partant par la Carrera 12 vers l’Ouest. Baignade interdite, 8 000 COP par personne.

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