Abel Tasman – Le long des sables d’or

Le Kepler Track était extraordinaire : nous voulons faire encore mieux avec notre deuxième « Great Walk » ! Fort de notre première expérience réussie, nous relevons de nouveau le défi de randonner pendant 3 jours et plus de 60 kilomètres en autonomie. Notre terrain de jeu cette fois-ci : le Parc National d’Abel Tasman, dans le nord de l’île du Sud. Au programme : chemins côtiers, longues plages de sable blond… et quelques collines. Ah, une fenêtre météo favorable à l’air de s’ouvrir : à vos chaussures, prêts, partez !

 

Abel Tasman Coast Track – Jour 1 : De Totaranui à Awaroa en passant par la boucle nord

  • Distance : ~24 km ; Dénivelé positif : ~800 m ; Dénivelé négatif : ~800 m
  • Durée de marche effective : 7h ; Durée totale sur le chemin : 8h

Si les Great Walks sont faciles à suivre une fois sur les pistes, on ne peut pas en dire autant des liaisons pour rejoindre le début du trail… L’Abel Tasman Coast Track n’étant pas un circuit en boucle mais un point-à-point, nous avons besoin de garer notre voiture à une extrémité, puis nous faire déposer à l’autre bout pour revenir tranquillement en randonnant. Ce Jour 1 est donc une journée à enjeux : d’abord, assurer ce transport initial pour commencer à marcher assez tôt ; ensuite, bien calculer notre vitesse de déplacement sur ce terrain inconnu… puisqu’une partie du trek dans l’une des baies ne peut s’effectuer qu’à marée basse ! On espère ne pas s’être plantés dans le calcul… 🙂

Pour rejoindre notre point de départ, deux principales options s’offrent à nous : le bus ou le bateau. Bien que moins économique, l’option maritime nous séduit afin de pouvoir admirer la côte du parc national depuis la mer, avant de l’arpenter sur la terre ferme. Nous laissons notre véhicule sur le parking d’Aqua Taxi et embarquons sur le bateau… depuis ce même parking ! Nous sommes tractés jusqu’à la plage de Marahau, le sourire aux  lèvres : un grand ciel bleu s’étend au-dessus de nos têtes.

Autre bonne surprise : notre petite embarcation 12 places ne se contente pas de faire « taxi » : nous profitons donc de plusieurs arrêts sympas en début de  navigation : un rocher en forme de pomme fendue (Split Apple Rock), une colonie de bébés otaries qui jouent sur l’Île Adele, etc. Ensuite, nous nous passons les baies principales que nous re-déroulerons un peu plus tard à pied, en déposant d’autres touristes au passage : Anchorage, Torrent Bay (où nous apercevons de nombreuses raies et oiseaux marins, dont un mignon pingouin bleu qui nage !), Bark Bay, Onetahuti Bay, Awaroa Bay (où nous repérons à marée haute l’estran que nous devrons franchir à marée basse en fin de journée).

Nous arrivons à Totaranui à 10h45, un peu en avance : c’est parfait. Toutefois, le problème du site de Totaranui est qu’il n’est pas vraiment au bout du trek. Ne voulons pas faire une croix sur le premier quart de la route, nous choisissons une option un peu osée : gravir la colline la plus proche via un bout de rando complémentaire ne faisant pas partie du trek principal, pour nous rapprocher du « vrai » début de la « tramp » (mot néozélandais pour « rando »). Cet échauffement par Gibbs Hill et ses 400m de dénivelé positif est dur pour les jambes ! De plus, des wekas peu farouches rôdent, à l’affût pour voler de la nourriture : planquons nos barres de céréales 😉

Nous atteignons l’embranchement du sentier arrivant de Mahui Bay (début réel du trek) après environ 2h : nous pouvons enfin continuer sur l’Abel Tasman Coast Track, après avoir zappé seulement 5-10% du tracé officiel, mais avec l’ascension de la colline de Gibbs et un beau panorama en bonus ! La pente descendante est douce jusqu’à Whariwharangi, via une forêt ombragée dont les arbres-fougères vraiment impressionnants. On comprend pourquoi la Nouvelle-Zélande en a fait l’un de ses emblèmes ! Le pique-nique sur la plage de Whariwharangi nous requinque, et nous donne même l’occasion de photographier un groupe de cormorans : génial !

Il fallait un bon coup de couteau pour fendre Split Apple Rock !

 

Vie sauvage de gauche à droite : bébés otaries, oiseau marin non identifié, pingouin bleu

 

Mahui Bay, le véritable début de la Track

 

Pause bien méritée à Whariwharangi

 

Le début d’après-midi a pour objectif de revenir vers Totaranui où nous avons débarqué, pour compléter notre boucle initiale. Le chemin alterne plusieurs grimpettes (50 à 100 mètres de D+) et redescentes au niveau de la mer. Cela nous permet d’apercevoir une ribambelle de magnifiques plages de sable blond, puis de les traverser à pied ! 🙂 Notre préférence à Mutton Cove, avec la mention « plage paradisiaque », même si Anapai Bay n’est pas loin derrière 🙂 Juste avant Totaranui, nous choisissons d’effectuer un premier passage dans la baie à marée basse, pieds nus dans l’eau glacée sur quelques mètres : très marrant ! Il est 17h, et nous sommes toujours dans les temps : le dernier tronçon jusqu’à Awaroa est supposé ne prendre que 1h30. Et là, c’est le drame : une partie du trail s’est effondré il y a plusieurs mois dans un glissement de terrain, et tous les panneaux indicatifs n’ont pas répercuté cette information. Le sentier qui contourne l’éboulement existe… mais il est raide, tortueux et beaucoup plus long ! Après 6h de marche, cet effort supplémentaire non anticipé fait mal au mollets et au mental…

Heureusement, les sacs allégés d’une partie de la nourriture et de l’eau sont plus supportables, et la pression de la marée nous motive. Nous arrivons finalement devant l’obstacle final : le lagon d’Awaroa à 18h40 pour une marée basse… à 18h41 ! Ça sert d’avoir fait des études d’ingénieurs, et même si le résultat est un peu chanceux, nous aurions difficilement pu faire mieux ! Nous sortons les tongs, mais celles-ci collent et font flip flop dans la vase, donc nous continuons pieds nus… puis bientôt jambes nues, car la rivière qui rejoint la mer à cet endroit comprend de nombreux petits rus qui ne s’assèchent jamais  vraiment. Ce barbotage est ludique au début, jusqu’à ce que la luminosité baisse, que les mouches de sable nous assaillent et qu’on se rende compte qu’on avance effectivement beaucoup moins vite pieds nus ! Après une demi-heure d’effort, l’arrivée au camping est un soulagement … Crevés, nous trouvons la force de monter la tente et faire chauffer l’eau pour les nouilles instantanées. On ne fera pas de vieux os ce soir…

Mutton Cove, idyllique !

 

Une eau cristalline, la caractéristique principale de la côte d’Abel Tasman !

 

« Bon, bah y’a plus qu’à traverser l’estran de Totaranui ! »

 

Abel Tasman Coast Track – Jour 2 : De Awaroa à Torrent Bay

  • Distance : ~21 km ; Dénivelé positif : ~500 m ; Dénivelé négatif : ~500 m
  • Durée de marche effective : 6h ; Durée totale sur le chemin : 7h45

Au programme du deuxième jour, une bonne journée de 8h de marche estimée jusqu’à Torrent Bay par la brochure du DOC, mais pas de traversée à marée basse imposée. Nous sachant un peu plus rapides que les estimations officielles, nous nous permettons le luxe de laisser la lumière du jour nous réveiller, et décampons sans pression vers 9h. Le temps est couvert, les jambes lourdes, et un léger manque de motivation nous gagne après la journée géniale de la veille. Nous avons (à tort) un peu l’impression d’avoir déjà réussi notre trek, mais nous n’en sommes qu’au tiers !

Le premier tronçon du jour doit nous amener jusqu’à Bark Bay. Nous avançons tranquillement, passons encore une fois par quelques belles plages, notamment Onetahuti après 2h30 d’effort, mais le manque de soleil ternit quelque peu ce tableau sans doute éblouissant par beau temps, le faisant souffrir de la comparaison avec la veille.

13h sonne à notre arrivée à Bark Bay. Un coup d’œil rapide au panneau indiquant Torrent Bay : 2h30 seulement, alors que notre carte prévoyait 4h ! Décidemment, cette journée est labélisée « sans pression ». Il fait un peu frais pour pique-niquer sur la plage, mais nous n’y résistons pas, et puisqu’on a le temps, on passe une grosse heure à manger et regarder les groupes de kayak accoster et repartir : encore une façon de profiter de la côte incroyable du Parc National. Nous repartons doucement vers Torrent Bay, nous permettant trois écarts supplémentaires par rapport au chemin principal : un aperçu de Medland Beach (galette de sable entourée d’un petit lagon), le belvédère décevant de Skinner Point et la jolie langue de sable de Sandfly Beach.

Arrivés vers 16h45, le camp est vite monté, et nous faisons une tentative de baignade… infructueuse, nos pieds nous indiquant que l’eau ne dépasse pas les 15°C… Nous cuisinons un peu de semoule pour une fois à la lumière du jour et avons même le temps de trier quelques photos. Après avoir ramassé notre vaisselle éparpillée par les wekas fouineurs, nous allons nous coucher face à l’estran suivant qui mène à Anchorage.

Dernier aperçu de la baie d’Awaroa à marée basse

 

Quelles couleurs !

 

Jolie langue de sable de Sandfly Beach

 

Abel Tasman Coast Track – Jour 3 : De Torrent Bay à Marahau

  • Distance : ~22 km ; Dénivelé positif : ~400 m ; Dénivelé négatif : ~400 m
  • Durée de marche effective : 6h ; Durée totale sur le chemin : 7h

La dernière journée s’annonce plus belle qu’espérée, et cela nous remotive ! Autre bonne nouvelle : nous avons gagné une heure pendant la nuit avec le passage à l’heure d’hiver néo-zélandaise, alors que nous pensions en perdre une !

La mer est basse, donc on recommence par traverser la baie sablonneuse de Torrent Bay à pied, en diagonale vers le chemin annexe (hors trek principal) qui mène à la Piscine de Cléopâtre (Cleopatras Pool). Ce mini-détour sympa nous fait découvrir une belle vasque naturelle entre les rochers mais qui reste très ombragée, le soleil n’étant pas encore haut dans le ciel.

Cet aller-retour supplémentaire, anodin en lui-même, nous oblige à suivre le chemin côtier au lieu de traverser l’estran beaucoup plus direct vers Anchorage, que nous rejoignons donc seulement à 10h. Les jambes sont bonnes, donc nous décidons de rajouter une autre boucle bonus à notre itinéraire. Celle-ci passe par un belvédère et la plage de Pukatea Bay… La forêt de fougères et de hêtres est très agréable, bien qu’escarpée. Si le point de vue se révèle assez décevant, n’offrant pas un meilleur angle sur Torrent Bay que depuis le tracé principal, la plage de Pukatea est elle superbement photogénique ! On croise un groupe d’écotouristes et apprenons en écoutant leur guide que le « verso » des fougères, de couleur argent, est en fait réfléchissant et permettait aux tribus maoris de se repérer dans la pénombre ! Encore un atout non négligeable pour ce symbole national !

Dernière traversée d’estran, entre Torrent Bay et Anchorage

 

Cléopâtre et sa piscine

 

L’anse de Pukatea, notre préférée !

 

De retour à Anchorage vers 11h, nous nous accordons une petite pause, puis on attaque le gros de la difficulté : les 4h30 qui doivent nous ramener à Marahau, point final de cette Great Walk. La montée à découvert sur une crête, assez unique sur ce parcours, nous expose à nos premières gouttelettes de pluie. Cette section est vraiment différente des deux premier jours, puisque nous suivons beaucoup moins la côte mais évoluons en hauteur, plus à l’intérieur des terres, sur un sol de terre claire et dure qui n’est pas sans nous rappeler nos randonnées hongkongaises…

Côté physique, survient un début de crampe au mollet, qui n’a il est vrai pas été épargné ces 3 derniers jours. Notre GPS nous indique un point de vue 2kms plus loin (Yellow Point Lookout) : ce sera notre troisième et dernière « table » de pique-nique ! Le site se révèle un cap rocailleux assez étroit, mais cela fait l’affaire ! Peu de temps après, Apple Tree Bay nous invite à une pause sur le sable, mais nous ne trouvons pas le courage de nous jeter à l’eau en entier, conscient des quelques heures de marches restantes…

Le ciel s’obscurcit, la fatigue s’accumule et nous sentons l’écurie : nous hâtons un peu le pas, pressés d’en finir et de nous reposer dans notre chère et tendre voiture qui nous attend sur le parking 😉 Nous savourons tout de même les derniers panoramas sur l’île d’Adele, puis le dernier long ponton au-dessus  la rivière. Ca y est : une deuxième « tramp » néozélandaise mythique à notre actif !

Alors, quel est le meilleur : Abel Tasman ou Kepler ? Cette randonnée dans le parc d’Abel Tasman a indéniablement marqué des points : parcours linéaire varié en sens unique, vues côtières où l’atout maître est la beauté des plages, passage d’estrans ludiques, un peu moins de dénivelé au total. Toutefois, le chemin est beaucoup plus fréquenté à cause des nombreuses possibilités d’excursions à la journée permises par les bateaux-taxis, surtout en ces jours de week-end. Nous aurons donc été moins isolés en pleine montagne, seuls face à la nature comme au Kepler, qui  nous avait vraiment fait nous sentir privilégiés. Au final, ces deux treks sont très différents et complémentaires : nous ne pouvons que recommander de s’attaquer aux deux, même si nos jambes et notre dos ne sont pas forcément du même avis 😉 Et le plus important aura été de choisir notre jour de départ en alignement avec une météo prometteuse, ce qui fait une énorme différence !

Ça donne envie d’y tremper les pieds !

 

Apple  Tree Bay, dernière plage paradisiaque sur notre parcours !

 

Palmiers ? Cocotiers ? Non, juste des arbre-fougères néo-zélandais !

 

Plus de photos du Parc National d’Abel Tasman, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Hébergement :

  • Sur l’Abel Tasman Coast Track, tous les hébergements doivent être réservés à l’avance sur le site du DOC (Department of Conservation) et peuvent se remplir rapidement durant la haute saison (décembre – février).
    • Awaroa Campsite : 14 NZD / personne. Juste après l’estran critique qui ne se traverse qu’à marée basse, donc pratique ! Nombreux emplacements abrités par les arbres, grand abri pour la cuisine et la vaisselle, toilettes propres et modernes : globalement que du positif !
    • Torrent Bay Campsite : 14 NZD / personne. Jolis emplacements sur l’estran qui fait face à Anchorage. Toilettes sèches, point d’eau basique, site parfait pour planter une tente. Proche du vrai village de Torrent Bay cependant, ce qui diminue malheureusement le sentiment d’être au milieu de nulle part.
  • Avant et après la tramp : camping de Marble Hills à Marahau. Superbe rapport qualité / prix : douches chaudes, machine à laver à 2 NZD, magnifique pelouse pour planter la tente, calme parfait… tout ça pour 10 NZD / personne. Tellement bien que nous y sommes retournés une deuxième fois, fait unique durant notre road-trip !

Abel Tasman Coast Track

Jour 1 :

  • Itinéraire : De Totaranui à Awaroa Campsite en passant par la boucle nord
  • Distance : ~24 km ; Dénivelé positif : ~800 m ; Dénivelé négatif : ~800 m
  • Durée de marche effective : 7h ; Durée totale sur le chemin : 8h

 

Jour 2

  • Itinéraire : De Awaroa Campsite à Torrent Bay Campsite
  • Distance : ~21 km ; Dénivelé positif : ~500 m ; Dénivelé négatif : ~500 m
  • Durée de marche effective : 6h ; Durée totale sur le chemin : 7h45

Jour 3

  • Itinéraire : De Torrent Bay Campsite à Marahau
  • Distance : ~22 km ; Dénivelé positif : ~400 m ; Dénivelé négatif : ~400 m
  • Durée de marche effective : 6h ; Durée totale sur le chemin : 7h

 

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