Kaikoura – Villégiature de cachalots et pouponnière d’otaries

Le séisme de novembre 2016 a fortement endommagé l’autoroute côtière SH1, rendant une escapade à Kaikoura plus complexe que normalement, quand cette ville se situe simplement sur l’itinéraire privilégié pour rejoindre le nord de l’île Sud vers lequel nous nous dirigeons. Mais Kaikoura a le privilège d’une situation géographique presqu’unique : le plateau continental plonge à moins de 3 kilomètres de la côte dans un canyon sous-marin regorgeant de vie, apportant à la péninsule et ses eaux côtières une faune extraordinaire, et nous ne pouvions pas rater cela !

Nous avons quitté Christchurch et nos sympathiques hôtes de couchsurfing ce matin et avons l’impression de trainasser sur la route, la fermeture de la SH1 supposant un grand détour par l’intérieur des terres et de multiples chantiers de réparation de cette autre détour provoquant des ralentissements sensibles en limitant la vitesse ou imposant des circulations alternées. Nous sommes néanmoins agréablement surpris de voir tous les chargés de circulation souriant et disant bonjour, et apprécions l’organisation des travaux qui limite au maximum l’impact sur les usagers : quel travail que de réhabiliter ces dizaines de kilomètres de voie après les dégâts liés au tremblement de terre ! Nous arrivons en fin de matinée à Kaikoura et filons pique-niquer face à la mer.

Nous commençons par parcourir à pied l’extrémité de la péninsule : sur les rochers, une colonie d’otaries a élu domicile, et nous nous approchons sans bruit. L’accès est interdit après une certaine distance : c’est en effet là que les femelles élèvent leurs petits ! Une piscine naturelle d’eau de mer permet aux jeunots de s’entraîner à nager et ils font des cercles en battant des nageoires, sautent, se tournent autour ; puis ils remontent sur les rochers et jouent avec leurs congénères, font leur toilette ou simplement la sieste, avec ou sans maman ! Nous restons de longues minutes à les observer, ils sont très mignons et font vraiment penser à des chiots dans leurs jeux et attitudes : dès tous jeunes, ils essayent de s’impressionner les uns les autres, se courent après et jappent. Des otaries mâles adultes dorment à quelques dizaines de mètres de là, se chauffant aux rayons du soleil sur les rochers : ils se reposent après plusieurs jours passés en mer à chasser.

 

Bébé et maman otarie prennent un bain

 

Bébé otarie sur son piton rocheux

Non loin de là, les mâles adultes font la sieste par dizaines

Petites criques se succèdent

 

Nous suivons le sentier côtier qui grimpe à flanc de falaise pour offrir un beau panorama sur la côte en contrebas. La péninsule est assez découpée et ses anses abritent encore d’autres animaux marins : cormorans, mouettes, goélands, et beaucoup d’autres otaries. Mais ce lieu est également chargé d’histoire : des restes archéologiques montrent que les maoris utilisaient ces collines comme places fortes, protégées sur 3 côtés par le précipice et montant une palissade sur le quatrième côté, pour prévenir les attaques de bandes rivales. Au 19è siècle, les chasseurs de phoques s’installèrent eux aussi dans la région, vite suivi par les chasseurs de baleines : les criques offraient de parfaits abris naturels aux bateaux et les eaux riches en cétacés semblaient à l’époque inépuisables.

Aujourd’hui, un autre genre de chasseurs de baleines se pressent à Kaikoura et nous grossissons leurs rangs : une compagnie spécialisée organise des excursions pour observer les fameux mammifères marins en bateau ! Nous avions réservé quelques jours auparavant et après un enregistrement fluide, nous attendons devant un très beau film présentant la faune marine locale. Alors que nous sortons prendre le bus qui rejoint le quai, la pluie se met à tomber : la malédiction des croisières qui veut que pluie et nuages soient toujours au rendez-vous pour nous se poursuit… Nous embarquons sur un bateau rapide avec une cinquantaine d’autres passagers et sommes accueillis par un charismatique commentateur qui nous rappelle les consignes de sécurité et nous explique les étapes à venir. Le bateau file d’abord tout droit au-dessus du canyon sous-marin, dans une zone où des baleines ont été aperçues récemment, et alors que nous avançons, un grand groupe de dauphins (Dusky Dolphins) sautent de part et d’autre, semblant jouer avec notre embarcation !

Soudain, le capitaine stoppe le bateau et nous pouvons sortir sur le pont observer… la mer et les oiseaux marins, tandis que l’équipage écoute le fond de la mer avec un amplificateur sonore. Une fois le cétacé repéré, nous allons nous rasseoir à l’intérieur et le bateau se déplace dans la direction définie par le son. Le processus se répète 2 ou 3 fois jusqu’à ce que l’équipage nous dise qu’ils n’entendent plus rien : c’est le signe que la baleine est en train de remonter à la surface pour respirer, elle n’a plus besoin d’écholocalisation. Et en effet, quelques minutes plus tard, « elle souffle ! » comme auraient dit les baleiniers, et le jet d’eau correspondant à sa respiration permet de la repérer parmi les vagues.

C’est un cachalot ! Sa grosse tête tubulaire flotte à la surface et son jet simple incliné à 45 degrés (contre un jet double vertical pour d’autres espèces) se répète toutes les 20 à 30 secondes. Le temps semble suspendre son vol et nous naviguons quelques minutes à ses côtés, imaginant la masse de son corps immergé alors que la « petite » partie que nous voyons à la surface est déjà énorme, tête et nageoire dorsale ronde font environ 10 mètres de longueur ! Ayant bien respiré, il est temps pour notre ami de retourner chasser, sa tête remonte alors légèrement pour une dernière inspiration puis coule verticalement, son dos s’arrondit, et la queue sort dans un arc parfait, avant de disparaître. Quel moment magique ! 🙂

Embarquement pour la chasse aux baleines !

 

Et voici le cachalot qui souffle !

 

C’est l’heure de retourner chasser en profondeur, bye bye !

 


*** Intermède : les baleines pour les nuls ***

Quelques faits sur le cachalot :

  • C’est le plus gros mammifère marin à dents (la baleine bleue détenant le record pour ceux à fanons) et chacune de ses dents fait 25 cm et 1 kg
  • Il a une petite langue et une large gorge lui permettant d’avaler des proies conséquentes entières (contrairement aux baleines qui ont une très grosse langue et une gorge d’à peine 10 cm de diamètre): les légendes de baleines avalant des marins (ou Pinocchio) concernaient donc plutôt… des cachalots !
  • La tête du cachalot renferme une cavité qui contient 2,5 tonnes d’une huile très pure. Elle lui servirait comme amplificateur pour l’écholocalisation et d’instrument de flottaison, durcissant à l’air froid pendant les respirations ce qui permet de couler plus facilement, plus se liquéfiant sous le passage du sang lors de l’activité physique en profondeur ce qui permet de remonter aisément. Notons au passage que les premiers marins anglophones ayant découvert l’espèce, trouvant cette quantité de liquide blanc, l’ont nommé « spermwhale » (baleine à sperme). Super classes et nuls en anatomie !

 

Le tour en bateau se finit alors que la nuit tombe et nous reprenons la route en sens inverse jusqu’à un camping près de Culverden. Il pleut, il y a du brouillard et les marquages absents de la chaussée récemment refaite rendent les nombreux virages traîtres, ce n’est pas le meilleur moment de la journée, mais qu’importe, nous avons vu un cachalot, et ça, ça n’arrive pas tous les jours ! 🙂

 

 

Plus de photos de Kaikoura, c’est par ici !

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Infos pratiques

Transport :

  • De Christchurch à Kaikoura : suite au séisme de fin 2016, l’autoroute SH1 est fermée au sud et au nord de Kaikoura, imposant un important détour par l’intérieur des terres (Waiau). Il nous a fallu 3h30 pour rejoindre Kaikoura avec les nombreux ralentissements liés aux travaux de réparation sur la route
  • De Kaikoura à Abel Tasman National Park : 7h de route par l’intérieur (Springs Junction).

Hébergement :

  • Balmoral Recreation Reserve : à Culverden, sur la route en revenant de Kaikoura vers Springs Junction, grand terrain arboré avec toilettes propres, barbecues et points d’eau, beaucoup de place. Prix : 5 NZD par tente / campervan.

Visites / activités :

  • Whale Watch : croisière en bateau rapide de 2h30 pour observer les baleines. Remboursement de 80% du prix si pas de baleines vues. Prix : 150 NZD / pers.

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