McDonnell Ranges & Kings Canyon – Cette eau qui façonne les déserts

Après un jour et demi de route depuis Darwin, nous arrivons à Alice Springs pour le déjeuner et profitons du jardin botanique pour notre pique-nique. A peine sommes-nous assis que deux kangourous (une maman et son petit) détalent devant nous, effrayés par un promeneur avec son chien. Créée en 1872 en tant que relais majeur sur la ligne de télégraphe transaustralienne, Alice Springs est aujourd’hui la base principale du tourisme dans « le centre rouge », en plein milieu de l’Australie. Cette région comprend le célèbre Uluru, que nous découvrirons plus tard, mais aussi d’autres merveilles géologiques qui valent le voyage ! J’ai nommé : la chaîne montagneuse des McDonnell Ranges et le Kings Canyon.

 

West McDonnell Ranges

La chaîne des McDonnell Ranges s’étend sur plus de 650 km, point de repère immanquable dans le paysage du centre rouge. La ville d’Alice Springs s’est construite à ses pieds, au niveau d’une brèche qui permet de traverser d’un côté à l’autre. Nous partons à l’aube de la ville et roulons vers l’ouest à la découverte de certains sites emblématiques. La route en elle-même vaut déjà le détour : gentiment vallonnée, elle sillonne entre deux barres rocheuses orientées est-ouest, et les couleurs de la végétation et des roches au petit matin sont sublimes.

Après 1h30 de route, nous atteignons Glen Helen Gorge, et découvrons tout d’abord… un gigantesque camping, prisé des vacanciers en caravane tirées par des 4×4. Il faut dire que la cadre est fantastique, en pente douce au-dessus du lit de la rivière, au pied d’une grande falaise rouge. Quelques minutes de marche nous conduisent via un chemin rocailleux au trou d’eau permanent, là où la rivière a fini par séparer la falaise en deux. Il paraît que les orgues de pierre situées de l’autre côté sont magnifiques : la température et l’aspect peu engageant de l’eau ne nous incite guère à traverser à la nage dès 8h30 du matin, tant pis ! Non loin de là, le point de vue du Mt Sonder permet de bien apprécier la richesse de la vallée, sillonnée de lits de rivières asséchées, et la présence imposante des chaînes montagneuses de part et d’autre. Des photos prises pendant la saison humide montrent la vallée complètement inondée : difficile à imaginer dans cet environnement si sec aujourd’hui !

 

Réflexions à Glen Helen Gorge

 

Sur la route, notre premier dingo sauvage !

 

Nous nous arrêtons ensuite à Ormiston Gorge et suivons le chemin du « Ghost gum loop » (boucle de l’eucalyptus fantôme) : nous commençons par une montée à flanc de colline très exposée qui doit être un calvaire en été, pour atteindre une plateforme qui domine la vallée. D’ici on perçoit très bien le cours de la rivière et la gorge qu’elle a creusée, les plages qu’elle a formées, érodant peu à peu la roche rouge… Et près de la plateforme, l’arbre qui donne son nom à la randonnée, un superbe eucalyptus, très grand par rapport à la plupart des spécimens que l’on trouve dans les alentours : c’est que ses racines ont dû aller puiser l’eau très bas, tout au fond du canyon, en se frayant un chemin à travers la roche ! Nous continuons notre route à flanc de coteau, longeant la gorge qui plonge à notre droite. Encore 15 minutes et le canyon  se fait moins profond, le sentier descend alors du bord vers le fond, et nous revenons au parking en suivant le cours d’eau, passant de rochers en plages et manquant de nous mouiller les pieds à plusieurs reprises.

 

L’eucalyptus géant qui donne son nom au sentier du Ghost Tree

 

Ormiston Gorge sous le soleil !

 

Ellery Creek sera notre dernier arrêt : nous faisons un pique-nique tardif prêt du trou d’eau. Sa configuration est similaire à elle de Glenn Helen, avec un lac permanent entre deux morceaux de falaises, mais son orientation et la lumière y sont très différentes. Mais des effluves nauséabonds nous coupent bientôt l’appétit et nous découvrons que sur les berges de l’étang, les scintillements que nous avons pris pour des feuilles sont en fait… des centaines de poissons morts ! Heureusement, un panneau explicatif nous rassure sur la normalité du phénomène : il se produit périodiquement quand la population de poissons devient trop nombreuse pour la nourriture présente dans les eaux. Sympa la famine générale… Et nous qui avions prévu de nous baigner, dommage !

 

Ellery Creek (cadrage judicieux évitant les poissons morts !)

 

Au hasard des chemins, nous croisons des panneaux indiquant le « Larapinta Trail ». C’est une randonnée de 12 à 15 jours qui suit les West McDonnell Ranges et croise les sites que nous avons visités dans la journée, et beaucoup d’autres. La saison est parfaite pour cet exercice : grand ciel bleu et temps sec mais pas trop chaud, voire presque frais quand le vent se lève. Les paysages sont sublimes et la randonnée à l’air parfaitement balisée et organisée, des panneaux informatifs très bien faits marquent chaque début de section : nous manquons de temps (et d’anticipation) pour cette aventure, mais il n’est pas dit que nous ne reviendrons pas un jour !

Nous repassons par Alice Springs : il est en effet possible de rejoindre Kings Canyon depuis les West McDonnell Ranges par la route à l’ouest, mais uniquement avec un 4×4. C’est donc un frustrant détour de quelques centaines de kilomètres qui nous est imposé, et nous campons dans un relais sur la route, vraiment au milieu de nulle part.

 

Petit matin dans l’Outback

 

Et au fond du camping, on trouve le cimetière !

 

Kings Canyon

Le lendemain, nous partons tôt le matin pour Kings Canyon : l’endroit est connu pour ses températures élevées, même en plein hiver, et mieux vaut commencer à randonner tôt. Nous commençons avec une petite balade dans le fond de la gorge : le chemin plat passe entre deux hautes falaises rouges, ombragé par la végétation riche qui croît à la faveur de l’humidité du fond de la gorge. La petite forêt abrite également une vie animale riche, et nous entendons de nombreux oiseaux chanter, même si nous ne les apercevons pas forcément. Après une vingtaine de minutes, nous atteignons déjà la fin du chemin : plus loin se trouve un trou d’eau permanent mais son accès est inaccessible depuis un peu plus d’un an, quand plusieurs énormes rochers se sont décrochés de la falaise pour venir s’écraser sur le sentier… C’est un peu moins serein que nous revenons sur nos pas pour trouver le début du deuxième sentier.

 

Camouflage

 

Dégradé de strates

 

Marche la plus emblématique du site, la « Rim Walk » (marche du pourtour) démarre également du fond de la vallée, et commence par une raide montée d’une centaine de mètres de dénivelé. En plein été, les nombreuses marches en plein soleil doivent être un véritable calvaire, mais nous arrivons assez vite en haut et profitons déjà d’un point de vue différent sur le canyon : d’ici, on perçoit bien les deux couches de grès rouge qui forment le plateau, au milieu duquel les écoulements d’eau ont façonné le paysage, petit à petit. Nous commençons à longer le canyon sur son bord occidental et trouvons plusieurs formations rocheuses : des « piles de crêpes » rouges, des crevasses, des zones à la texture semblable à des petites langues de sable, sans doute témoins d’un ancien fond marin… Un petit aller-retour additionnel via une passerelle  permet d’accéder à un promontoire dont l’équilibre semble précaire, mais il tient bon depuis que le canyon a été cartographié par les Européens, alors nous parions sur le fait qu’il tiendra bien quelques minutes de plus. Un peu plus loin, le plateau est ponctué de dômes rocheux assez réguliers. Les légendes aborigènes racontent que ce sont des guerriers qui montent la garde sur ce lieu exceptionnel.

 

Végétation éparse

 

Panorama sur Kings Canyon

 

Nous atteignons bientôt le point le plus lointaine de la boucle, et il est possible de descendre dans la gorge à cet endroit. La topographie concentre les maigres précipitations annuelles dans cette vallée, et la richesse de sa végétation lui vaut le surnom de « Jardin d’Eden ». Nous suivons cette ligne jusqu’à un trou d’eau permanent entouré de hautes falaises : il y fait frais et une odeur humide mais plutôt agréable s’en dégage. A plusieurs reprises, nous croisons des groupes de colombines plumifères (spinifex pigeons), qui arborent fièrement une crête de plumes sur la tête et semblent parfaitement familiers avec les visiteurs humains ; nous les surnommons les petits punks. Nous remontons alors sur l’autre côté du canyon, et commençons à nous rapprocher de notre point de départ. Le bord oriental semble plus plat, et le soleil maintenant haut dans le ciel nous darde de ses rayons : heureusement que nous sommes couverts de crème solaire et que nous avons amené de l’eau en quantité. Encore une heure de marche et nous commençons à redescendre dans une vallée parallèle au canyon, pour finalement rejoindre le parking. Quelle superbe randonnée à la demi-journée !

 

« Petit punk » (colombine plumifère de son vrai nom)

 

Plus de photos de McDonnell Ranges & Kings Canyon, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • De Alice Springs aux McDonnell Ranges : les principaux lieux d’intérêts sont situés entre 50 et 150 km d’Alice Springs. Compter entre 1h30 et 2h pour rejoindre Glen Helen Gorge (pour nous le point le plus lointain, puis nous sommes doucement revenus vers Alice Springs au cours e la journée).
  • De Alice Springs à Kings Canyon : 6h et 470 km avec un véhicule conventionnel. Environ le même temps mais moins de kilométrage avec un 4×4 en passant par les McDonnell Ranges.

Hébergement :

  • Alice Springs : Gap View Hotel, grand terrain de camping à l’arrière de l’hôtel. Installations sanitaires vieillissantes mais bonne situation et peu cher pour la ville : 11 AUD par véhicule (et/ou tente) !
  • Mt Ebenezer Roadhouse : installations rustiques, terrain sablonneux, suffisant pour une nuit. 5 AUD par personne.

Visites / activités :

West McDonnell Ranges :

  • Glen Helen Gorge : environ 15 minutes de marche aller-retour depuis le parking. Pour les plus courageux, baignade possible et traversée de l’étang pour voir les orgues de pierre.
  • Ormiston Gorge : plusieurs sentiers de randonnée partent du parking, nous avons opté pour « ghost gum loop », qui passe à flanc de coteau puis dans le fond de la gorge, offrant une bonne impression globale (environ 1 heure).
  • Ellery Creek : accès par une route non bitumée de 2 km assez cahoteuse. Seulement 5 minutes de marche depuis le parking, baignade possible en théorie (eau peu engageante en pratique lors de notre passage).

Kings Canyon : l’accès au canyon est gratuit, plusieurs randonnées sont possibles :

  • Rim Walk : Difficulté moyenne mais très exposé ; prévoir chapeau, crème solaire et beaucoup d’eau. Sentier fermé après 9h si la météo prévoit plus de 36°C par sécurité. Environ 3h30 de marche pour nous, incluant la pause pique-nique et les deux allers-retours au point de vue et au Jardin d’Eden.
  • Valley Walk : 40 min aller-retour, accessible à tous.

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