Uluru & Kata Tjuta – De sacrés rocs !

Vous l’attendiez depuis le début de notre voyage en Australie : ça y est, nous y sommes presque ! Après plus de 9 000 kilomètres parcourus depuis Sydney dans notre fidèle voiture de location, LE monstre sacré de l’Australie se dresse enfin sur notre route : Uluru, ou Ayer’s Rock pour nos amis Britanniques. Nous aussi avions tellement hâte d’apercevoir le fameux rocher à l’horizon que nous l’avons même confondu avec le Mont Conner, une autre formation située une centaine de kilomètres plus à l’est ! Erreur rapidement corrigée, une fois à portée de regard de l’original, dont la forme si reconnaissable arbore sur sa surface les trésors des légendes aborigènes…

 

Parc National d’Uluru et de Kaka Tjuta

Mais commençons par le commencement : qu’est-ce que ce lieu si célèbre et pourquoi est-il mondialement connu ? Uluru et de Kata Tjuta sont tout d’abord deux curiosités géologiques, d’énormes blocs rocheux qui semblent posés au milieu de nulle part. Mais au-delà de leurs caractéristiques physiques impressionnantes, ces imposantes masses pierreuses ont surtout une signification culturelle profonde pour leurs « propriétaires traditionnels », plusieurs tribus aborigènes qui se définissent eux-mêmes sous le terme unique Anangu. Après une bataille judiciaire de longue haleine, les Aborigènes ont officiellement récupéré la possession de ces terres en 1985, lorsque le Premier Ministre Australien Bob Hawke est venu personnellement dans le Centre Rouge les restituer aux tribus locales. Depuis, le site a été déclaré Parc National, et, à l’instar de Kakadu, est cogéré ente Anangu et Australiens non-Aborigènes qui se partagent les sièges au Conseil d’Administration.

Nous nous levons tôt et quittons notre camping de Curtin Springs, sur la Lasseter Highway, peu après l’aube. Excités comme des puces, nous roulons vers l’ouest au petit jour pour disposer du maximum de temps une fois sur place ! Nous sommes encore à plus de 15 kilomètres lorsque nous l’apercevons pour la première fois. Nous réfrénons pourtant notre envie quasi-irrépressible de nous précipiter à ces pieds pour nous arrêter d’abord au Centre Culturel du Parc, pour une introduction aux lieux fortement recommandée. Là, une première série d’explications des légendes de la Création – ou tjukurrpa – et autres éléments de culture aborigène nous sont présentés. Une fois ce précieux bagage théorique en poche, nous nous hâtons vers le rocher lui-même…

Nous devant Uluru, on vient d’arriver et on est contents !

 

Uluru (Ayer’s Rock)

La première chose qui nous frappe à l’approche d’Uluru, c’est avant tout sa taille : plus de 3,6 km de long et 350 mètres au-dessus du désert environnant, dont il est le seul roc à dominer majestueusement de toute sa hauteur. On a beau l’avoir vu et revu en image, rien ne prépare vraiment à la rencontre grandeur nature avec ce monolithe. Et dire qu’environ deux tiers du rocher sont invisibles, enterrés sous la surface terrestre ! La seconde impression marquante qui lui succède est en général la couleur lumineuse de la pierre ocre. Malheureusement pour nous, nous avons consommé tout notre quota de rayons de soleil la veille à Kings Canyon, et l’aspect d’Uluru sous le ciel triste reste désespérément terne.

La meilleure façon de prendre la mesure de l’importance spirituelle d’Uluru est de suivre une marche guidée qui parcourt les différents sites sacrés autour du rocher. Nous partons donc en compagnie de Nick le Ranger et une trentaine d’autres touristes pour la Mala Walk, courte balade d’environ 2 kms aller-retour le long du flanc nord-ouest. Nous passons devant un certain nombre d’anfractuosités dans la roche, toutes avec une fonction particulière : la Grotte « Ecole » et ses peintures rupestres pour les enfants, la Grotte des Hommes, une zone sacrée où il est interdit de prendre des photos, puis la Grotte Cuisine et la Grotte des Anciens. Nick nous transmet les légendes aborigènes que les Anangu lui ont progressivement apprises. Ces histoires mythiques ont toutes plusieurs niveaux de lecture, dont les plus détaillés et les plus profonds sont accessibles aux seuls chefs spirituels Anangu. Nick nous raconte donc l’équivalent des contes pour enfants aborigènes, les seuls autorisés pour les touristes lambda (et peut-être aussi pour lui-même !). La principale légende du lieu relate comment une tribu locale, n’ayant pu répondre positivement à l’invitation d’un village voisin pour cause de propre cérémonie en cours, fut pourchassée par un Être Mythique de la Création mécontent de l’offense, dont seules quelques personnes échappèrent à la fureur vengeresse en se glissant dans un étroit passage au niveau de la cascade principale. Des traces de tous ces évènements immémoriaux sont inscrites dans les imperfections de la roche, sorte de livre géant à ciel ouvert pour les Anangu. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que ces légendes sont géo-localisées : elles ne peuvent être entendues que sur le lieu où elles se sont produites ! Si nous entendons donc la suite de certaines histoires esquissées à Kakadu, il nous faudrait poursuivre plus au sud pour savoir comment s’est terminée la chasse en question !

Nous profitons d’une éclaircie pour un pique-nique rapide, puis nous attaquons à la Base Walk, qui fait le tour complet d’Uluru, soit environ 11 kilomètres ! La succession de « faces » du rocher ovaloïde et de la nature environnante est étonnamment variée, et présente des distinctions physiques particulières : ici une bouche géante, là une constellation de trous circulaires, ici encore un îlot dont la pente douce arrive jusqu’à nos pieds. Certains tronçons spécifiques nous initient à d’autres légendes, comme la Kuniya Walk et la bataille féroce entre deux Dieux-Serpents ou la Lungkata Walk et les mésaventures d’un voleur d’émeu poursuivi par les deux chasseurs du volatile. Nous reprenons le volant, et c’est en voiture que nous enchaînons un deuxième tour du monolithe, histoire de bien fixer les images. Le jour commence à tomber, et nous nous hâtons vers deux plateformes construites pour admirer le coucher du soleil. Malgré le temps couvert, nous aurons quand même le plaisir d’observer de (faibles) variations de couleurs sur Uluru !

Nick le Ranger, presque habité quand il évoque les légendes Anangu

 

On est bien à l’abri dans la Grotte-Cuisine !

 

Ces cercles concentriques ? L’emplacement des puits expliqués aux enfants Aborigènes

 

Seul rayon de soleil de la journée sur Uluru, il fallait déclencher vite !

 

A défaut de les observer en vrai, nous avons créé nous-mêmes nos variations de lumière !

 

Kata Tjuta (The Olgas)

Beaucoup moins connu, pas beaucoup moins impressionnant, Kata Tjuta, qui signifie « nombreuses têtes » en langue Anangu, est une autre formation rocheuse de grande importance tjukurrpa. Située à environ 50 km d’Uluru par la route, nous la découvrons au lever de soleil depuis un point de vue méridional. Malgré le temps toujours maussade, l’éclairage progressif des Kata Tjuta, ainsi qu’Uluru qui scintille à 90° vers l’est, est un spectacle impressionnant ! Cette formation est constituée d’un ensemble de gros rochers en forme de dômes, qui forment des gorges et des vallées propices à la randonnée. Le plus gros rocher est environ 200 mètres plus haut qu’Uluru, ce qui donne une idée de la taille du site !

Nous parcourons ainsi la Vallée des Vents, une boucle de 7,4 km entre les Kata Tjuta le long d’un sinueux chemin de gorge. En dépit de l’environnement désertique et de l’escarpement, une nature incroyable prospère dans les failles des rochers ! Le climat est fidèle à la promesse : venteux et pluvieux, et les couleurs en sont rendues un tantinet ternes. On se repose donc sur notre imagination pour se figurer les possibilités de rougeoiement sous le soleil et le ciel bleu ! De nombreux petits oiseaux accompagnent notre marche d’environ 3h, pendant laquelle nous commençons à réviser note espagnol en vue de l’Amérique du Sud ! Encore un pique-nique depuis un point de vue grandiose, puis nous parcourons rapidement la Walpa Gorge, un court aller-retour entre deux barres rocheuses jusqu’à une oasis de verdure en plein désert. L’écosystème d’animaux est là encore étonnamment riche et une végétation luxuriante résiste à la chaleur grâce aux trous d’eau.

Douchés par les nuages, nous concluons nos deux jours dans le Parc là où nous l’avions commencé, au Centre Culturel, et la boucle est bouclée. Nous finissons notre instruction Anangu grâce au film projeté sur place et à l’achat d’une peinture aborigène pour emporter avec nous un petit bout d’art local… Malgré les conditions climatiques contraires comme rarement, cette découverte d’Uluru et des Kata Tjuta restera indéniablement comme un moment marquant de notre road-trip, moment sans lequel toute découverte du continent australien ne saurait être complète !

La chaîne des Kata Tjuta dans toute sa longueur

 

Uluru au petit matin depuis les Kata Tjuta, impressionnant même sous le ciel couvert !

 

Kata Tjuta, des bosses et encore des bosses

 

« Ils vont marcher dans la gorge, on les accompagne ? »

 

Ça valait le coup de grimper

 

Plus de photos du Parc National de Uluru et Kata Tjuta, c’est par ici !

 

Notre dernière vue sur Uluru, le petit nuage en prime !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • De Kings Canyon à Curtin Springs : ce tronçon de route mesure 220 km de long et nous aura pris environ 3h. Cela revient à revenir sur nos pas, dommage que nous n’ayons pas eu un 4×4 pour accéder à Kings Canyon depuis le nord !
  • De Curtin Springs à Uluru : environ 100 km avalés en 1h-1h15, excitation oblige !
  • Entre Uluru et Kata Tjuta : route en parfaite condition de 53 km, qui prend environ 45 min compte-tenu des nombreuses courbes.

Hébergement :

  • Curtin Springs : aire de camping gratuite au bord de la Lasseter Highway. Parfait camp de base entre Uluru et Kings Canyon, nous y passerons deux nuits (une avant et une après). Bloc douche & WC basique mais pour ce non-prix, on ne peut pas se plaindre !
  • Ayer‘s Rock Resort (Yulara Village) : seul hébergement du Parc National pour les touristes, ce camping est malheureusement bien trop cher pour ce qu’il offre comparé au reste de l’Australie. De simples pelouses où planter la tente, des aires de cuisine peu outillées dont la plupart des prises électriques ne sont pas alimentées… Grandes douches et sanitaires, mais même avec les animations proposées en journée (plutôt à destination des familles qui passent une semaine sur place), l’addition est salée : 42,50 AUD pour un « site » sans électricité…

Visites / activités :

  • Parc National Uluru-Kata Tjuta : entrée à 25 AUD par personne, valable 3 jours.
  • Uluru
    • Centre Culturel : ouvert de 7h à 18h, il offre une bonne introduction à la culture Anangu. Possibilité de shopping d’art aborigène sur place.
    • Mala Walk : 2 kms aller-retour, accessibles à tous. Ne pas manquer la visite guidée par l’un des Rangers du Parc, généralement à 10h le matin.
    • Base Walk : tour du rocher qui fait 10,6 kms de long. Une longue promenade, mais qui vaut le coup pour prendre conscience de la taille du monolithe !
    • Note importante : l’ascension jusqu’au sommet d’Uluru, anciennement une expérience indispensable à toute visite du site, est fortement déconseillée et réprouvée par les Anangu, qui ne montent jamais là-haut. Dans notre cas, le chemin d’accès était fermé pour cause de précipitations augmentant le risque d’accident – mais nous avions de toute manière décidé de ne pas grimper pour respecter la culture aborigène 🙂
  • Kata Tjuta
    • Valley of the Winds : le circuit complet mesure 7,4 kms et est assez exigeant car escarpé. Il est toutefois possible de n’aller que jusqu’à l’un des 2 points de vue, puis de revenir sur ses pas, ce qui permet de limiter la marche à 2,2 km ou 5,4 km respectivement. Mais le circuit complet vaut le coup !
    • Walpa Gorge : courte marche de 2,6 km aller-retour qui monte légèrement à l’aller. Pas forcément indispensable si vous avez visité la Valley of the Winds, mais si vous avez le temps…

 

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