Pampas – En plein safari bolivien !

A peine sortis de notre incroyable volontariat de deux semaines au milieu des singes et coatis d’ONCA, nous décidons de nous embarquer pour le traditionnel tour de 3 jours / 2 nuits dans les pampas. Au programme de cette expédition dans les vastes plaines herbeuses semi-inondables au nord de Rurrenabaque : des animaux, des animaux et encore des animaux. Et on en redemande !

 

Les activités proposées par les différentes agences touristiques au départ de « Rurre » sont extrêmement standardisées : le choix se résume pour l’essentiel entre une aventure de type « jungle » ou « pampas ». Ayant déjà passé une quinzaine de jours dans la forêt amazonienne, nous ne sommes pas spécialement intéressés par cette première formule, et préférons continuer notre exploration de la faune locale dans la pampa ! Réveillés à l’aube, nous faisons nos adieux aux quelques lève-tôt d’ONCA et descendons en bateau-stop le court tronçon du Rio Beni qui nous ramène en ville. Notre jeep aux pneus fort dégonflés nous attend devant l’agence, et nous récupérons rapidement le reste de notre groupe, deux autres couples : Eden (Israélien) et Alejandra (Bolivienne), Roberto et Sacha (Chiliens). S’ensuit une route de 2h30 sur une piste de terre boueuse, rendue glissante par les récentes pluies, uniquement égayée par l’observation d’un paresseux qui se prélasse au creux des branches d’un arbre lointain. Un copieux déjeuner nous attend au village de Santa Rosa, l’occasion parfaite pour en apprendre un peu plus sur nos camarades. Après un court transfert, nous atteignons la zone d’embarquement, où barbotent de nombreuses pirogues pouvant accueillir une dizaine de personnes chacune. Ce ne sont pas les seules à flotter : l’organisation est de la partie, et nous patientons sans trop savoir pourquoi, alors que les groupes qui viennent de terminer leur tour repartent au compte-goutte.

Vient alors le moment de la rencontre avec notre guide Juan Carlos, qui arrive en sens inverse avec son groupe précédent. Le chargement de notre bateau s’effectue rapidement, puis c’est le début de la navigation sur le Rio Yacuma. Nous sommes en fin de saison sèche, juste avant la saison des pluies, et la rivière est au plus bas, une véritable aubaine pour nous : cela implique une concentration d’animaux hors norme sur un petit périmètre! Effectivement, il ne faut que quelques centaines de mètres pour voir défiler un nombre impressionnant d’espèces toutes plus exotiques les unes que les autres : alligators, caïmans, capibaras, grues, spatules, jabirus, oiseaux du paradis, hérons… On se croirait au moment de la trêve de la pluie du Livre de la Jungle, lorsque tous les animaux viennent profiter du peu d’eau disponible sans s’attaquer les uns les autres, un spectacle impressionnant !

Après plus de 2h de navigation, nous commençons à dépasser les lodges des différents prestataires touristiques de Rurrenabaque, chacun disposant d’un bout de terrain et du même type de gîte rustique sur l’une ou l’autre des rives : des bungalows et autres constructions de bois basiques sur pilotis, la rivière pouvant monter d’une quinzaine de mètres au-dessus de son niveau actuel en janvier ou février ! Nous arrivons à notre camp, et une fois installés dans nos quartiers, du popcorn nous requinque avant de reprendre la barque une vingtaine de minutes jusqu’à un site – doté d’un bar ! – pour observer le coucher de soleil, plutôt décevant à cause des nuages. Le retour nocturne nous donne par contre l’occasion d’allumer nos lampes frontales et d’observer les yeux rouges des alligators qui brillent intensément sous cet éclairage. Nous découvrons notamment des « nids » de dizaines de petits, bien cachés sous les branches à moitié immergées près de la rive, que nous n’avions pas vus dans la journée, mais qui ne peuvent plus se dissimuler à notre révélateur lumineux !

Notre paresseux, bien caché dans le feuillage !

 

Ribambelle d’ailes

 

Attention, ami capibara, tu te baignes à tes risques et périls…

 

Petits crocs deviendront grands

 

Le lendemain, un petit-déjeuner agréablement fruité fait suite à une nuit réparatrice. Les saïmiris jouent sur les toitures en tôle, à l’affût du moindre bout de nourriture laissé par inadvertance par les cuisinières du camp. Vient ensuite le choix crucial d’une paire de hautes bottes en plastique : la matinée est en effet consacrée à une « chasse » (pacifique) à l’anaconda ! Un petit coup de bateau à moteur, puis nous entamons une marche de 30 minutes à travers la plaine légèrement marécageuse de la pampa, sous un soleil écrasant. Arrivés sur le territoire des anacondas, nous nous joignons à un autre groupe, l’union (des guides) faisant la force pour tenter de repérer cet élusif serpent. Sur terre d’abord, nous scrutons les tâches d’ombres et les creux dans les troncs d’arbres, en vain. L’un des guides croit bien apercevoir un petit cobra à un moment, mais il est bien le seul, et toujours point d’anaconda. Nous tombons alors sur un ruisseau aux eaux peu profondes, que nous remontons, concentrés, un groupe sur chaque rive, pour tenter d’apercevoir l’objet de nos recherches.

Cela fait déjà 1hh30 que nous marchons, nos bottes se remplissent progressivement de sueur et notre optimisme commence à chuter. Nous faisons semblant de nous satisfaire de l’observation des innombrables alligators qui rechargent leurs batteries au soleil, partiellement recouverts d’eau, dans seulement quelques centimètres de profondeur. Nous marchons parfois à moins de 2 mètres d’eux avant d’entendre un discret « plouf », une vraie montée d’adrénaline ! Mais heureusement, ils sont (a priori) peu dangereux et surtout plus craintifs que nous, plongeant en sous-marin lorsque nous approchons trop près. Soudain, Juan Carlos s’arrête et crie « anaconda ! ». Nous ne voyons rien, mais notre guide plonge la main dans les hautes broussailles qui obstruent la vue du cours d’eau et semble lutter en s’accrochant à quelque chose. Jérémy arrive pour le seconder : c’est bien un animal à écailles ! Il met la main sur le serpent pour aider notre guide à tirer, mais la peur de contaminer l’animal avec de la crème solaire – autant que l’odeur pestilentielle qu’il dégage… – le font se rabattre sur l’arrachage des herbes dans lesquelles le reptile faisait la sieste. Ça y est, il est pratiquement hors de son trou ! Avec un petit sourire de triomphe, Juan Carlos appelle l’autre guide, et nos deux groupes se rejoignent de notre côté pour observer la bête : un serpent d’environ 1m50 de long, estimé à une douzaine d’années par l’œil expert de JC. Il existe en effet plusieurs espèces d’anacondas, les plus gros de 8 à 10 mètres des films d’horreur constituent un type de spécimen différent qui vit encore plus profond dans la pampa.

Mauvaise surprise, nous réalisons à ce moment précis que des dizaines de fourmis rouges nous piquent un peu partout : ces lâches, dont nous avons écrasé la galerie dans notre lutte acharnée avec l’anaconda, en ont profité pour nous dévorer ! Une fois débarrassés de ces visiteuses à l’humour acide, nous participons à la séance photos, puis à la libération de notre ami à écailles pas trop traumatisé. Le retour à la barque se fait avec un sourire aux lèvres, malgré la chaleur de midi. Une bonne sieste après le déjeuner nous aide à nous remettre de  nos émotions !

Tu es joli, mais ce n’est pas toi qu’on cherche…

 

… toi non plus !

 

Trouvé !

 

L’après-midi est consacrée à une autre activité plutôt amusante et unique : une pêche aux piranhas ! Mais là, c’est le drame : tout le monde semble se rendre compte au moment d’embarquer que nous n’avons pas de viande rouge pour attirer ces petits poissons carnivores ! Nous sommes en effet partis la veille de Rurrenabaque, un dimanche, raison pour laquelle l’approvisionnement en viande fraîche  n’a pas été possible. Juan Carlos commence à demander aux autres guides le long de la rivière si quelqu’un a le précieux appât : mouvements de tête négatifs, la plupart des autres groupes ont remis la session pêche au lendemain, attendant le prochain ravitaillement. Finalement, comme d’habitude, Juan Carlos – qui a l’air de toujours avoir un coup d’avance dans la pampa – trouve un local qui lui fournit un bout de viande. En le remerciant avec un peu d’ironie, il ajoute le précieux sésame… à son propre sac de viande (!) qu’il sort d’une poche intérieure, puis la partage avec l’autre guide de la même agence qui s’occupe de notre groupe-jumeau. Que la pêche commence !

La technique est en apparence enfantine : il suffit d’accrocher un petit bout de viande sur un hameçon en métal au bout d’un fil, puis de laisser l’appât glisser dans l’eau. Quand quelque chose tire sur la cordelette, il faut tirer plus fort et plus sec ! Mais nous reprenons vite conscience des raisons pour lesquelles nous ne pêchons quasiment jamais en temps normal : c’est beaucoup trop frustrant et aléatoire (traduction : nous ne sommes peut-être pas assez doués pour être couronnés de succès dans cette entreprise autant que nous le souhaiterions…) ! Nous ne parvenons à attraper que quelques bébés poissons, trop frêles, que nous devons aussitôt relâcher, alors qu’Eden aligne les piranhas jaunes et Juan Carlos enchaîne les rouges, encore plus gros. Mais la persévérance porte finalement ses fruits, et Jérémy attrape le plus gros poisson de la journée, luttant avec la bête d’un poids écrasant d’au moins… 100 grammes. La brochette de 10 piranhas est pleine, nous pouvons y aller ! Bon, nous avons probablement perdu une quantité de viande deux fois plus importante que le poids de nos prises, mais ce fut un bon moment ! Après un deuxième coucher de soleil un peu plus réussi que le premier, nous rentrons nous attabler devant nos victimes du jour : de beaux petits piranhas grillés, un succulent goût de poisson de rivière à la chair blanche !

La plus belle prise du jour !

 

Qui de Daphné ou d’un piranha est le plus vorace ?

 

Apéro au coucher du soleil pour souffler après une journée sportive !

 

Le troisième et dernier jour commence… à 5h20 pour aller observer le lever du soleil. Les yeux encore dans le vague, nous montons le long d’une berge glissante pour déboucher sur un vaste champ herbeux. Le ciel rougeoie progressivement, superbe sur la pampa encore nappée dans la brume. Dans les grands arbres, un groupe de singes hurleurs fait retentir son bruit rauque impressionnant. Nous revenons au camp pour un petit-déjeuner de roi, avec une énorme pile de pancakes au manjar (ou confiture de lait). Ensuite, nos deux groupes repartent sur la rivière pour la capture amicale d’un caïman (environ 80 cm et 15 ans d’âge) et une séance pédagogique sur la protection de cette espèce. Nous ne publierons pas de photos ici, ne souhaitant inciter personne à chasser ces animaux protégés. Enfin, la dernière attraction au programme est une courte nage dans le Rio Yacuma avec les fameux dauphins roses… en faisant abstraction des autres reptiles et poissons aux dents pointues que l’on y observe en grande quantité depuis 3 jours ! Les mammifères sont toutefois peu nombreux en cette saison, préférant voguer vers des trous d’eau plus profonds, et l’on apercevra seulement un ou deux ailerons, jamais à moins de 15 mètres de nous quand nous sommes dans l’eau. Le trajet retour vers Santa Rosa s’effectue à toutes berzingues car certains de nos compagnons ont un vol à prendre : seulement 1h20 de bateau (sans arrêt et dans le sens du courant, ça va plus vite !) puis 2h30 de voiture et nous voilà de retour à Rurrenabaque en milieu d’après-midi. Juste le temps pour nous de faire quelques emplettes avant le « bus de la mort – le retour », une quinzaine d’heures au bord de précipices jusqu’à La Paz…

Ça valait quand même la peine de mettre son réveil

 

Dernier oiseau du paradis sur le chemin du retour

 

Salut, petites tortues !

 

Plus de photos de notre tour des Pampas au nord de Rurrenabaque, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport : de Rurrenabaque à La Paz, tous les bus partent le soir entre 18h et 21h, du terminal de transport de Rurre (situé à 3 km du centre-ville, 5 BOB le trajet en moto-taxi pour s’y rendre). Nous avons pris la compagnie Trans Totaï, très similaire à Vaca Diez, avec un départ 18h. Coût du trajet de 70 BOB si acheté directement au terminal, 80 BOB si une agence vous fait la réservation. Prévoir la taxe de terminal additionnelle de 1,5 BOB par personne.

Hébergement : notre bungalow sur pilotis dans la pampa était inclus dans le prix du tour, dans le lodge de la compagnie Fluvial Tours.

Tour Pampas 3D/2N : réservé via la compagnie Fluvial Tours, recommandé dans notre guide de voyage. Il faut savoir qu’un total de 22 agences propose ce tour classique à Rurrenabaque. Le prix minimal théorique est fixé par le gouvernement à 1200 BOB par personne, mais de nombreuses agences l’offrent à un tarif réduit pour des prestations similaires. L’entrée du parc des pampas à payer séparément coûte 150 BOB par personne. Programme classique du tour 3D/2N :

  • Jour 1 : route de Rurre à Santa Rosa de Yacuma, déjeuner sur place puis navigation sur le rio pour rejoindre le lodge (environ 2h30 à 3h). Coucher de soleil.
  • Jour 2 : recherche d’anaconda, pêche au piranhas, coucher de soleil.
  • Jour 3 : lever de soleil, capture de caïman, nage avec les dauphins, déjeuner au camp, puis trajet retour en sens inverse jusqu’à Santa Rosa puis Rurre. Arrivée en ville vers 16h.

 

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