Trek de Santa Cruz – Une cordillère de cinéma !

Après 2 jours d’acclimatation à la Laguna Churup et aux ruines de Chavin, nous sommes fin prêts à nous attaquer à notre objectif principal : le trek de 4 jours de Santa Cruz. La principale difficulté de cette randonnée réside en effet dans son élévation : entre 2900 et 4750 mètres d’altitude. Ce détail mis à part, parcourir les quelque 60 kilomètres des vallées de Santa Cruz et de Huaripampa en 4 jours est supposé relativement abordable. C’est parti pour la mythique traversée de la Cordillère Blanche !

 

Jour 1 : de Coshapampa à Llamacorral, 10 kms, 4h de marche effective

Nous nous réveillons avant l’aube pour ne surtout pas rater notre minibus qui passe nous chercher à l’hôtel dès 6h15 ! Le temps de récupérer nos compagnons marcheurs aux quatre coins de la ville, puis nous regardons défiler le paysage depuis les fenêtres du van, toujours un peu somnolents. Immobilisation du véhicule : il est environ 9h lorsque nous arrivons au petit village montagnard de Coshapampa, 2900 mètres d’altitude et ligne de départ officielle de notre trek ! Nous prenons des forces avec un petit-déjeuner costaud et le traditionnel mate de coca, supposé donner de l’énergie pour combattre les hauteurs andines. Puis l’attente commence, sans que l’on sache trop pourquoi… Nous ne connaissons pas notre heure de départ, mais cela nous donne l’occasion de briser la glace avec le reste du groupe…

Nous sommes 12 en tout, incluant nous : Simon et Eléonore (Parisiens, internes en médecine), Natalia et Oriol (Catalans habitant à Lyon, kinés), Victoria et Mattias (Allemands de Munich, ostéopathe et architecte), John (Anglais, professeur de maths à Manchester), Johnny (Anglais, avocat de Londres), Adam (Australien, électricien) et Guy (Israélien, sorti du service militaire). A 11h, notre guide Margarita arrive…. avec son groupe précédent, achevant le trek dans l’autre sens ! Il est en effet possible d’effectuer cette rando indifféremment depuis Coshapampa ou Vaqueria, même si notre itinéraire à nous est supposé un peu plus corsé, avec plus de dénivelé positif. Finalement, le top départ est donné à midi, avec notre lunch box mais sans notre guide, qui nous « rattrapera plus tard ». Ce début d’aventure sera à l’image du reste du trek : un groupe proactif avec un bon rythme, avec une guide… plutôt absente !

Après l’enregistrement à la cabane du garde-forestier régulant l’entrée dans le parc, nous abordons une montée assez raide et poussiéreuse dans une étroite vallée. La gorge, coincée entre deux montagnes, est splendide, et nous la remontons sur la rive gauche de sa rivière. La chaleur est oppressante sur ce chemin en lacet, et la fraîcheur offerte par une petite cascade est la bienvenue. Le groupe, échelonné depuis le départ à cause du (lent) processus d’enregistrement, se regroupe pour déjeuner près du ruisseau dans une tâche d’ombre. Les sandwiches, bananes et autres biscuits sont vite avalés. La suite du parcours du jour est presque plate, via une grande vallée en U. La marche et la discussion sont aussi agréables l’une que l’autre. Nous arrivons en douceur au camp de Llamacorral à 3700 mètres d’altitude, une jolie plaine arrosée de deux rivières. A l’est, les pics enneigés impressionnent ; à l’ouest, plusieurs chaînes de montagnes sont désormais dans notre dos. La fin de journée est à l’européenne, avec tea time pour nos amis Anglais (incluant les biscuits), puis dîner d’une soupe de pâtes et d’un schnitzel de poulet en l’honneur de nos camarades Allemands. Juste le temps d’apercevoir la Voie Lactée et un magnifique ciel étoilé, puis tout le monde va se coucher à 20h30, plus épuisé par la longue journée démarrée avant l’aube que par la marche elle-même.

A notre base de départ de Coshapampa

 

Ça y est, c’est parti !

 

Douce arrivée sur notre lieu de camp le premier soir…

 

Jour 2 : De Llamacorral à Taullipampa, 25 kms, 5h30 de marche effective

5h30 : le réveil sonne et déclenche le rangement des sacs. La nuit a été moins froide qu’escomptée, et nous bénissons nos matelas et sac de couchage pour le (relatif) confort prodigué, notamment par rapport aux autres avec leur matériel de location. Tout le monde se regroupe dans la tente commune pour un petit-déjeuner à base de boisson chaude et de pain-confiture. Il est 7h15 quand nous levons le camp et débutons notre marche dans la vallée, plein est. Grand soleil et ciel bleu sont au rendez-vous ! Nous partons avant Margarita, qui nous demande de l’attendre au niveau du prochain grand lac ; nous atteignons cette lagune Jatuncocha en un peu plus d’une heure. L’eau glaciale refroidit nos ardeurs de baignade. Nouvelle série de snacks, discussions passionnées, puis longue attente… Le cadre est magnifique, mais nous espérons juste que ce « retard » à l’allumage ne nous sera pas préjudiciable plus tard si les nuages se lèvent.

Peu après 9h30, Margarita arrive enfin, en compagnie de Freddie, notre cuisinier. Initialement surpris du mode de fonctionnement et de la gestion du timing de notre guide, nous découvrirons ultérieurement que son rythme n’est certes pas aussi rapide que le nôtre, mais surtout qu’elle préfère passer la journée à marcher en compagnie de son petit-ami cuisinier plus qu’avec son groupe de touristes ! Le paysage se transforme en plaine alluvionnaire, encadrée de hauts sommets enneigés, avec au premier plan le Quitaraju et ses 6036 mètres, imposant, sur notre gauche. Nous arrivons ensuite à la première – et quasiment la seule – bifurcation du parcours. Le paysage est désertique, et un squelette bien conservé d’un cheval emporté par la crue à la saison des pluies nous accueille lugubrement. Tout droit, le camp du soir est à moins d’une heure. A gauche, une raide montée permet de rejoindre un point de vue, puis un lac d’altitude. Sans surprise, tout le groupe se jette à l’assaut de ces lacets, et nous rejoignons vite un petit surplomb. Au sud, l’Artesonraju (6025 mètres) aussi connu sous le nom de Paramount Mountain pour avoir inspiré le logo de la firme cinématographique américaine ; au nord, l’Alpamayo (5947 mètres), élue à une époque plus belle montagne du monde. Le paysage est à couper le souffle, au sens propre comme au sens figuré !

Une section plate dans cette vallée perchée nous emmène jusqu’au camp de base de l’Alpamayo, puis c’est de nouveau la grimpette. Il est 12h30 quand nous atteignons enfin le Lac Arhuaycocha. Comment le décrire ? Eh bien, par une couleur bleu turquoise intense, le glacier Jancarurish (5578 mètres) les pieds dans cette eau limpide, et des pics enneigés sur 180°… L’endroit est tout simplement sublime, probablement l’un des plus beaux paysages que nous ayons eu la chance d’observer dans notre vie. Le déjeuner sur ce site spectaculaire, avec des yeux d’enfants et d’interactives discussions en groupe, constitue un très beau moment. Après une longue pause, nous rechignons à quitter ce lieu magique, mais finissons par rebrousser chemin jusqu’au mirador, avant de couper vers l’est à flanc de montagne jusqu’au camp Taullipampa. Si notre bivouac de la veille était déjà spectaculaire, celui-ci est encore plus impressionnant. Une sorte d’île semble posée entre plusieurs ruisseaux, les chevaux broutent paisiblement, les pics admirés plus tôt dominent l’ouest de la vallée, alors que d’autres montagnes la bloquent l’est, annonçant les difficultés du lendemain avec le point culminant du trek, la passe de Punta Union.

En attendant, nous profitons du popcorn et du thé chaud, commençons une partie de cartes, puis nous rapatrions dans la tente commune alors qu’une courte averse de grêle nous assaille. Nous baptisons notre jeu « Santa Cruz », puisque tout le monde le connaît sous un nom et un format différents, et finissons par inventer nos propres règles. Le dîner arrive, bienvenu, puis une longue veillée jusqu’à 20h30 (!) nous conduit à nos couchages…

Traversée du désert dans la plaine alluvionnaire

 

Paramount Mountain vs. Artesonraju : convaincus ?

 

L’incroyable panorama du Lac Arhuaycocha

 

On a bien mérités une petite pause !

 

Lieu de bivouac du deuxième soir, pas mal non plus…

 

Jour 3 : De Taullipampa à Huaripampa, 18 kms, 6h30 de marche effective

Ce matin est plus frais, le ciel est couvert. Nous sommes peu pressés de ranger nos affaires, sachant de toute manière que notre guide partira avec un wagon (de mules) de retard. Bonne surprise du petit-déjeuner, de l’avocat vient compléter nos bouchées habituellement plus sucrées. La motivation du groupe est au top alors que nous débutons la marche vers la passe, sous des cieux toujours menaçants. La pente, douce au départ, se raidit rapidement en de sinueux lacets. Fait rare, les plus rapides attendent régulièrement les plus lents, encore un signe de la solidarité et excellent entente du groupe ! Au détour d’un virage, le lac Taullicocha, magnifiquement turquoise sous les premiers rayons de soleil du jour, se découvre à notre regard. Le temps d’une photo de groupe et d’un snack, puis c’est parti pour l’assaut final de la passe. Un dernier effort, puis nous « gravissons » Punta Union, 4750 mètres au-dessus du niveau de la mer !

Une fois notre guide arrivée, nous redescendons du côté de la vallée de Huaripampa. Le paysage est plus sec, rocailleux, un petit air de Mordor avec de sombres lagunes en plus. Notre traditionnel pique-nique-déjeuner s’effectue aujourd’hui encore près d’un lac d’altitude. Repus, nous continuons la descente, voyant à peine passer le paysage au fil de nos discussions variées : politique, voyages, études, rencontres, etc. Une agréable clairière nous offre un dernier répit au soleil, puis nous traversons une vallée herbeuse exagérément verte, où vaches et chevaux broutent tranquillement à l’aplomb de la majestueuse cordillère. Arrivés au camp de Huaripampa, deux bonnes surprises nous attendent : le coude d’un petit ruisseau offre une occasion rêvée de se débarbouiller le visage après 3 jours de marche, et cerise sur le gâteau, des vendeuses locales nous approvisionnent en bière Cusqueña, que nous nous offrons à prix d’or, jugeant que nous méritions bien cette récompense 😉 S’ensuit une nouvelle soirée sympathique, à base de jeu de cartes qui nous emmène jusqu’à 21h30 cette fois : record battu !

Ciel orageux mais décor toujours aussi incroyable pour un trek !

 

Courage petit âne, tu y es presque !

 

Franchissement du col à 4750 mètres d’altitude !

 

Barmaid version péruvienne !

 

Jour 4 : De Huaripampa à Vaqueria, 7 kms, 1h45 de marche effective

La dernière journée est une formalité. Réveillés à 6h30 par la lumière naturelle, nous profitons d’un dernier petit-déjeuner de fête avec pancakes au manjar (aka dulce de leche ou lait concentré version sud-américaine). Le ciel, clément sur les 3 premiers jours, se déchaînent, et les chevaux sont chargés sous une pluie battante. Une fois n’est pas coutume, touristes, guide, cuisinier, aide de camp et montures à quatre pattes démarrent ensemble. Nous slalomons entre les villages de montagne dans cette partie plus habitée. Après une heure de descente puis la même durée en montée, nous atteignons rapidement Vaqueria : fin du trek de Santa Cruz ! Nos derniers snacks et une assiette de chocho (haricots blancs, oignons, tomates version picante) nous font patienter jusqu’à 12h15, lorsque le bus avec le groupe suivant qui repart vers Coshapampa arrive et que nous pouvons reprendre la route.

Et là, c’est le drame… ou plutôt une succession de rebondissements dignes d’un film comique hollywoodien ! Victoria et Mattias avaient dû se débarrasser d’un de leurs gros sacs à dos, trop lourd pour les mules, au début du trek. Ils avaient demandé à le récupérer à Vaqueria pour pouvoir s’arrêter sur le chemin retour, sans repasser par Huaraz. Margarita leur ayant indiqué que cela n’était pas possible, ils avaient dû réviser leurs plans et n’y pensaient plus… Mais 30 minutes après être partis, notre guide arrive enfin à reconnecter son téléphone et apprend que ledit sac à dos a finalement bien été envoyé à Vaqueria ! Demi-tour… Tout le monde commence à craindre pour son bus de nuit du soir, qu’il soit à destination de Lima ou Trujillo… Encore plus fort, le modèle d’organisation péruvienne nous étonne une nouvelle fois quand nous arrivons au village et découvrons que le sac n’est pas là : il est parti avec le groupe suivant sur le chemin du trek, à dos de mule, direction Coshapampa !! Ne reste plus qu’à les rattraper ! S’ensuit une course-poursuite vertigineuse et chaotique en minibus, à pleine vitesse dans les lacets qui redescendent vers les hameaux traversés plus tôt. Et là, comme toujours dans ce type de pays, on ne comprend pas trop comment mais cela finit par marcher : nous rattrapons les mules, les Allemands reconnaissent leur sac, tout le monde rigole bien, et nous reprenons la route de Huaraz. Les 5 heures de trajet passent lentement dans une atmosphère somnolente, uniquement rompue par un arrêt pour observer la Laguna Llanganuco vue d’en haut.

Arrivée à Huaraz, tout le monde se sépare pour une douche chaude (pour les chanceux) tant attendue. Nous réorganisons nos sacs, achetons de quoi nous concocter un dîner rapide, réservons en ligne nos billets de bus pour Puno et confirmons notre volontariat en Bolivie : ouf ! Encore nostalgique des 4 jours passés ensemble, la grande majorité du groupe se rejoint pour une dernière bière dans le centre de Huaraz : un ultime bon moment avant que chacun reprenne sa route dans une direction différente. Pour nous, direction Lima, la capitale, pour y retrouver des amis péruviens de longue date !

Dernière matinée de marche à travers les villages de montagne

 

Photo finish à Vaqueria !

 

Ainsi, notre expérience de ce trek fut vraiment géniale ! Le chemin est simple, en ligne quasi-droite, et il est pratiquement impossible de se perdre (même avec un guide aux abonnés absents !), grâce aux panneaux et autres groupes rencontrés en route. Cela le rend relativement aisé à organiser en indépendant, et nous avons croisé plusieurs personnes démarrant seuls depuis Vaqueria… avec un sac cependant beaucoup plus lourd que nous sur le dos, ce qui rend indéniablement le défi plus sportif. Pour notre part, nous n’avons aucun regret de l’avoir fait en groupe : des rencontres enrichissantes et une ambiance au top ont rendu ce trek inoubliable ! Gâtés de plus par la météo, Santa Cruz est sans doute notre meilleur souvenir de ce deuxième passage au Pérou 🙂

 

Plus de photos du trek de Santa Cruz, c’est par ici !

 

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Infos pratiques

Transport :

  • De Trujillo à Huaraz : trajet de nuit effectué avec un bus Linea VIP pour 50 PEN par personne. Le bus est parti à 22h, arrivé à Huaraz à 5h du matin. Bus très confortable, et bon service de la compagnie. Rejoindre le terminal de Linea depuis le centre de Trujillo est un peu compliqué, ce qui nécessite une courte course en taxi (7 PEN). Nota : nous n’avons pas trouvé d’agence Movil Tours, qui propose également le même trajet.
  • De Huaraz à Lima : encore un bus de nuit réservé avec Zbuss, départ à 22h45, arrivée à 5h30 du matin. Le prix est de 50 PEN par personne. De nombreuses compagnies offrent le même service, prix compris entre 45 PEN et 80 PEN. Les agences de réservations sont toutes situées à 2 ou 3 cuadras au nord de la Plaza de Armas de Huaraz.

Hébergement : Hostal Artesonraju, un peu excentré au sud-est de la ville, réservé via booking.com pour 39 PEN par nuit. Chambre double confortable avec salle de bains privée. Personnel sympathique et compétent, qui fait aussi agence de voyage : nous avons réservé notre excursion à Chavin et notre trek avec eux. Service de bagagerie gratuit et possibilité de se doucher au retour du trek pour 5 PEN par personne.

Trek de Santa Cruz :

  • Entrée du Parc Huascaran : coût de 65 PEN pour le ticket valable 21 jours. Un bon tip consiste à l’acheter lors de la visite de la première lagune en acclimatation (Laguna 69, Laguna Churup, etc.), plus avantageux que de payer l’autre option d’entrée à 10 PEN par jour.
  • Trek : organisé via notre hôtel Artesonraju, qui nous a ensuite regroupé avec d’autres touristes ayant réservé ailleurs. Coût de 321 PEN (100 USD) par personne tout compris pour les 4 jours, hormis l’entrée du parc. Certains membres du groupe avaient obtenu légèrement moins cher (environ 300 PEN) en passant par l’hôtel Andes Camp.

 

2 réflexions au sujet de « Trek de Santa Cruz – Une cordillère de cinéma ! »

  1. Coucou vous deux, après beaucoup de retard, on finit par jeter un coup d’oeil sur votre blog qui est bien sympa! C’est drôle, nous avons également fait ce trek avec Margarita, mais dans l’autre direction! Et pour le coup, c’est vrai qu’elle ne marchait pas beaucoup avec nous, mais au moins elle ne nous imposait pas de pauses à certains endroits ou de rythmes de marche qui ne nous correspondaient pas – du coup, nous on a plutôt apprécié 😉 dans tous les cas, un de nos treks « coups de Coeur » de notre voyage!!

    1. Hello à tous les 2 !
      Merci pour votre commentaire, on a aussi été jeter un coup d’œil (trop) rapide à votre blog, et on y a trouvé pas mal de similitudes avec le nôtre 🙂
      On « chambre » un peu Margarita car on a effectivement peu marché avec elle, mais à part une ou deux occasions, elle ne nous a pas non plus spécifiquement freinés dans notre rythme 😉 En tous cas, le Santa Cruz fut définitivement notre meilleur souvenir de ce passage dans le nord du Pérou et l’un de nos plus beaux treks tous voyages confondus !
      A bientôt
      D&J

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